Organisation des Nations désunies

5 octobre 2015 19:04 Mis à jour: 25 octobre 2015 22:28

Édito – C’est le début d’une vieillesse pour l’Organisation des Nations Unies, accouchée dans les ruines de la Seconde Guerre mondiale, née « des cendres et des décombres de la Seconde Guerre mondiale » pour porter la paix et les valeurs de l’universalisme. A-t-elle atteint un âge de barbe blanche et de sagesse ou une vieillesse dégradée à vue basse et marche lente ? Les visions s’affrontent en cette année 2015 qui marque, sur les cendres et les décombres de la Syrie, de l’Ukraine et d’autres nations, le 70e anniversaire de l’organisation et sa 70e session tenue à New York fin septembre.

« L’Organisation des Nations Unies est la demeure de l’humanité, pour laquelle elle est synonyme d’espoir. Son action est guidée par la Charte », rappelle son Secrétaire général Ban Ki-Moon. Une charte comme un horizon jamais atteint, toujours violée à un endroit ou à un autre. « Nous les peuples », commençait le texte de cette charte signée le 26 juin 1945, comme pour distinguer les hommes des états qui les avaient menés à la guerre. Lors de sa constitution, l’ONU voulait pouvoir empêcher les guerres en offrant aux nations une plateforme de dialogue et en se dotant d’une force d’intervention militaire, les Casques Bleus. Elle devait, en évitant l’excès de consensus, ne pas être immobile comme l’était sa prédécesseure la Société des Nations Unies, dissoute pour n’avoir rien pu faire contre la Seconde Guerre mondiale.

D’où son Conseil de Sécurité aux pouvoirs renforcés, mais avec un droit de veto des cinq membres permanents, qui a permis à la Russie et à la Chine de systématiquement bloquer les résolutions contre la course nucléaire de l’Iran ou contre les crimes du régime syrien, aux états-Unis d’empêcher les condamnations de l’expansionnisme israélien, et à la Russie et à la Chine de prévenir leur propre condamnation lors des répressions diverses qu’elle mènent. Ce 70e anniversaire est l’occasion pour des dizaines d’Etats membres de réclamer un avancement concret des discussions amorcées pour limiter le droit de veto et élargir la représentation au Conseil de Sécurité, avec l’espoir d’arriver à un accord pour le 80e anniversaire peut-être.

L’ONU ne sait, en 2015, pas faire beaucoup plus que la Société des Nations en 1935. Les barbaries communistes en Corée du Nord et en Chine, le génocide rwandais, les guerres au Kosovo, au Soudan, en Tchétchénie, en Irak, en Afghanistan, l’invasion de la Géorgie, la guerre en Ukraine, le conflit israélo-palestinien, la guerre civile en Syrie sont autant d’exemples dans lesquels l’ONU n’a pu être qu’une tribune pour les déclarations sans réussir à changer le cours des choses. Notablement insuffisante, elle ne saurait probablement pas mieux que la Société des Nations empêcher un conflit mondial ; mais elle reste infiniment utile dans ce long chemin imparfait pour tendre au « meilleur des mondes possible » : sa tribune fait entendre toutes les voix, force au dialogue en offrant un terrain de neutralité, offre un amortisseur aux divisions des nations. Peu audible sur les questions de sécurité, sa voix porte par contre pour lutter contre le réchauffement climatique ; elle structure l’aide aux réfugiés, promeut l’éducation pour tous, déploie des moyens pour la santé des populations fragiles et leur accès à l’eau. Dans un monde de nations désunies, si elle n’est pas devenue la force imaginée en 1945 pour empêcher les conflits, elle rassemble dans ses actions le meilleur des nations, cette toute petite partie d’elles qui les met au service de l’humanité. à soixante-dix ans, elle a donc à la fois la sagesse de l’âge… et sa faiblesse.

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