Ouverture d’un nouvel institut Confucius à Pau, cheval de Troie au service du régime chinois

Par Isabelle Meyer
18 novembre 2019 18:49 Mis à jour: 14 septembre 2021 12:00

Un nouvel institut Confucius vient d’ouvrir ses portes dans l’Hexagone, cette fois-ci à Pau, inauguré le 28 octobre dernier par le maire de la ville, François Bayrou, en présence de l’ambassadeur de Chine. Un 19e institut pour promouvoir la langue et la culture chinoise mais aussi pour assurer, dixit le secrétaire du département de la propagande du Parti communiste chinois, Li Changchun, « une part importante du dispositif de propagande de la Chine à l’étranger ». Autant dire qu’à l’occasion de l’inauguration de l’institut, les associations des droits de l’homme ont manifesté leur présence. Rencontre avec Brigitte Guiraud, présidente de l’association Initiative citoyenne.

Pourquoi manifestez-vous contre l’ouverture de cet institut Confucius ? quelle est votre mission ?

Depuis fin 2018, notre association Initiative citoyenne informe sur la nature cachée des instituts Confucius. Nous proposons aux personnes ciblées par ces instituts de visionner un film documentaire intitulé Au Nom de Confucius. Nous souhaitons dénoncer la stratégie de ces instituts.

En résumé, les instituts Confucius ne sont que des centres de propagande de la dictature chinoise permettant un pont vers des débouchés économiques. Les instituts Confucius sont financés par le gouvernement chinois. À ce jour, il en existe 525 dans le monde.

Vous estimez que les instituts Confucius sont un « cheval de Troie ». En avez-vous informé François Bayrou ?

François Bayrou a reçu de ma part un document très complet sur les intentions réelles des instituts Confucius. La source des informations a été puisée directement dans les directives données par le ministère de l’Éducation chinois, appliqués par le Hanban, responsable de la diffusion des enseignements à l’étranger.

Malgré cela, François Bayrou a nié, dans un article paru dans Les Échos, que les instituts Confucius soient un cheval de Troie. Il refuse d’y croire.

Pourtant, il existerait des cas avérés d’ingérence…? 

En effet. Nous venons d’apprendre qu’à Bruxelles, le directeur de l’institut Confucius a été privé de visa et est interdit de séjour pour huit ans dans tout l’espace Schengen. Il est accusé d’espionnage, d’avoir servi de recruteur pour les renseignements chinois et d’avoir engagé des informateurs dans les milieux d’affaires chinois en Belgique.

Plusieurs instituts Confucius ont fermé leurs portes en Europe, en Suède et aux Pays-Bas notamment.

En Angleterre, un rapport parlementaire, qui vient d’être rendu public, s’inquiète de l’ingérence de la Chine, citant « des preuves alarmantes » de l’étendue de l’influence chinoise sur les campus universitaires britanniques.

Le rapport mentionne aussi le cas de membres de l’institut Confucius qui, pendant une conférence, ont confisqué des documents mentionnant la république de Taïwan, car Pékin veut la considérer comme l’une de ses provinces. L’ambassade de Chine émet de fortes pressions pour dissuader les universités de faire des commentaires politiques sur la Chine et fait tout pour empêcher d’aborder les sujets qui fâchent tels que le Dalaï Lama, le massacre de Tiananmen en 1989, le Tibet, les Ouïghours ou encore la répression du mouvement bouddhiste Falun Gong.

En France, on dénombre maintenant 19 instituts. Pouvez-vous décrire la situation globale ?

En France, l’institut Confucius le plus important se trouve à Rouen : le NEOMA Confucius Institute for Business. Il sert de plateforme dédiée à l’optimisation des relations économiques entre la France et la Chine avec son orientation Business.

L’institut Confucius de Lyon, quant à lui, a fermé, également suite à un essai d’ingérence dans l’université : le directeur de l’institut, Florent Villard, a dénoncé le contrôle de la liberté d’expression au sein des instituts Confucius. Cela est chose acquise en Chine, mais certainement pas en France. Là encore, le Hanban a eu des exigences de censure dans les programmes d’études. Cela a été jugé inacceptable par les instances de l’université lyonnaise qui ont refusé. Le Hanban a aussitôt suspendu les financements et la liquidation judiciaire de l’institut Confucius Lyon a été prononcée en septembre 2013.

Voyez-vous, par l’implantation de ces instituts dans le monde entier, une volonté du régime de Pékin d’affirmer un « soft power » chinois, voire comme à Bruxelles, de mener des opérations d’espionnage scientifique et technologique ?

Oui, tout porte à le croire. Au moment même où l’institut de Pau s’ouvre, le groupe Safran, à Pau, groupe international de haute technologie, équipementier dans les domaines de l’aéronautique et de l’espace, a recruté un certain nombre d’ingénieurs d’origine chinoise. Par ailleurs, des industries agroalimentaires, toujours dans le Béarn, se sont mises aussi à importer des produits chinois – des volailles – et ont essayé de les répandre dans les conserveries régionales, alimentations, boucheries, etc. Beaucoup ont d’ailleurs refusé ces produits car leur qualité n’est absolument pas vérifiable, les critères sanitaires chinois et français ne sont certainement pas les mêmes…

Que cela se passe sans la complaisance des pouvoirs locaux me paraît difficile à croire ! En clair, l’infiltration chinoise, dans plusieurs domaines, notamment dans le secteur immobilier, est une réalité encore trop peu diffusée.

Les instituts Confucius servent au régime de Pékin de base de contacts dans les régions où ils s’implantent. En effet, nous avons eu des témoignages curieux sur la qualité de l’enseignement qui y est diffusé : dans l’ensemble, celui-ci est plutôt médiocre, un peu de calligraphie, d’enseignement du chinois assez superficiel : pourquoi le Parti communiste financerait-il à longueur d’année des programmes culturels aussi peu ambitieux ?

Le président de l’université de Pau, Mohamed Amara, a déclaré lors de l’inauguration de cet institut à Pau une formule qui m’a marquée car elle en dit long… « On n’est comestible que si l’on se laisse manger ».

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