Pakistan: 18 ONG internationales, expulsées, doivent fermer leurs portes

30 novembre 2018 16:13 Mis à jour: 30 novembre 2018 16:27

Dix-huit ONG internationales devaient fermer leurs portes vendredi au Pakistan, expulsées par le gouvernement, malgré des besoins humanitaires immenses dans le pays. Toutes ont reçu en octobre une requête des autorités qui leur intimait de « liquider (leurs) opérations dans les soixante jours », un délai s’achevant vendredi, a-t-on appris de sources concordantes.

« Nous avons vendu tout ce que nous pouvions, notamment les ordinateurs. Nous avons payé nos équipes et nos fournisseurs. Notre compte en banque a été fermé aujourd’hui. C’était notre dernier jour » au Pakistan, a déclaré à l’AFP le directeur régional de World vision, Beng Yeoh. « C’est un jour très triste pour notre équipe », composée de 31 salariés pakistanais, désormais au chômage, explique-t-il. « Ils ont dû dire au revoir à leurs collègues ainsi qu’aux enfants qu’ils aidaient. »

Présente au Pakistan depuis 2013, World vision, l’une des plus importantes ONG au monde, évalue le nombre de ses bénéficiaires à 800.000 personnes depuis 2015 dans le pays. Action Aid « ferme aujourd’hui en réponse à un ordre du gouvernement », après avoir soutenu 1,4 million d’individus depuis 2007, a regretté son secrétaire général Adriano Campolina dans une réaction écrite envoyée à l’AFP.

La fin des activités pakistanaises est « un problème inquiétant pour la société civile dans un pays où un cinquième de la population vit encore dans la pauvreté », a-t-il ajouté. Plusieurs autres des ONG concernées, contactées par l’AFP, ont refusé tout commentaire.  Ces expulsions sont l’aboutissement d’un processus démarré en 2015. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Chaudhry Nisar, avait demandé à toutes les structures étrangères de s’enregistrer à nouveau pour « assurer la transparence de (leur) système de comptabilité » et clarifier « dans quels buts l’argent est donné ».

« La décision de fermer 18 organismes de bienfaisance de manière aussi peu transparente est scandaleuse », a réagi un diplomate étranger basé à Islamabad. « Le Pakistan a placé sa paranoïa avant le bien-être de son peuple et sa réputation internationale. » Pour des acteurs interrogés par l’AFP, ce n’est pourtant pas le gouvernement du Premier ministre Imran Khan qui fait obstacle aux ONG, mais la puissante armée pakistanaise, qui voit en elles des relais des agences d’espionnage occidentales.

Dans un récent communiqué, le ministère des Affaires étrangères pakistanais a rejeté les accusations de « manque de transparence » et de « réduction de l’espace » laissé aux humanitaires. Soixante-quatorze des 141 ONG internationales ayant cherché à se réenregistrer dans le pays depuis 2015 ont vu leurs dossiers « validés », a-t-il insisté. D’après une estimation du Forum humanitaire pakistanais, les 18 organisations visées soutenaient 11 millions de démunis. Plusieurs sources humanitaires ont fait état à l’AFP d’une vingtaine d’autres ONG étrangères également menacées d’expulsion.

D.C avec AFP

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