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Paracétamol : un risque d’autisme post-natal ?

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Illustration par Epoch Times,

Photo: Shutterstock

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Durée de lecture: 10 Min.

Récemment, l’utilisation du Tylenol (médicament dont le principe actif est le paracétamol) pendant la grossesse a été associée à des risques d’autisme, mais un expert soulève une autre inquiétude.

William Parker, chercheur invité à l’université de Caroline du Nord, qui mène des recherches sur l’autisme depuis plus de dix ans, a déclaré à Epoch Times que si le paracétamol (ou acétaminophène) présente bien des risques pendant la grossesse, un grand nombre de données indiquent que le danger le plus important survient en post-natal.

Lorsqu’il s’agit d’évaluer le risque d’autisme lié au paracétamol, l’attention se concentre généralement sur son utilisation durant la grossesse. L’analyse scientifique citée lors de la conférence de presse a été menée par des chercheurs de Harvard, de l’Icahn School of Medicine du Mount Sinai et d’autres universités.

« Nous avons trouvé des preuves d’une association entre l’exposition au paracétamol pendant la grossesse et une incidence accrue de troubles du développement neurologique chez l’enfant. Cette association est la plus forte lorsque le paracétamol est pris pendant quatre semaines ou plus », a déclaré le Dr Andrea Baccarelli, doyen et professeur de santé environnementale à la Harvard T.H. Chan School of Public Health, dans un communiqué transmis à Epoch Times.

Les recherches incluent des études montrant que la présence de paracétamol dans les selles fœtales et le sang du cordon ombilical est corrélée à un diagnostic ultérieur de troubles du spectre autistique et de trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Brian Lee, professeur à l’université Drexel (USA), a expliqué à Epoch Times qu’il existe plusieurs études observationnelles montrant une association, tout en précisant qu’aucune ne prouve pour l’instant un lien de causalité. « Les meilleures données scientifiques disponibles à ce jour indiquent que l’usage du paracétamol pendant la grossesse ne cause pas l’autisme », a-t-il affirmé.

Le Dr Baccarelli a toutefois souligné l’existence de preuves biologiques qui appuient la possibilité d’un lien causal entre l’exposition prénatale et les troubles neurodéveloppementaux. Il a notamment cité des études animales montrant que l’exposition prénatale au paracétamol nuit au développement cérébral.

Par ailleurs, certaines données contredisant ce lien proviennent d’une étude scandinave publiée en 2024, qui n’a trouvé aucune corrélation entre l’utilisation de paracétamol et l’autisme. Mais cette étude a été critiquée par le Dr Baccarelli et ses collègues dans leur récente analyse, en raison d’ajustements statistiques qui pourraient masquer les véritables effets.

William Parker a ajouté que le paracétamol, chez un enfant en bonne santé, ne provoque peut-être pas l’autisme, mais que les enfants déjà fragilisés biologiquement sont plus susceptibles d’être affectés. De la même façon que certains fumeurs développent plus facilement un cancer en raison de facteurs génétiques et liés au mode de vie, William Parker estime que contrôler des variables comme l’état de santé maternel et la susceptibilité génétique du nourrisson pourrait occulter les effets réels du paracétamol.

Usage postnatal du paracétamol

William Parker, qui cumule plus d’une décennie d’expérience dans la recherche sur l’autisme, a confié à Epoch Times que ses travaux indiquent également un risque lié à l’usage du paracétamol durant et après la naissance.

Le paracétamol est en effet le seul médicament disponible pour soulager douleur et fièvre chez les bébés de moins de six mois.

Chez les nourrissons qui développent un autisme, William Parker explique que le paracétamol agit comme un déclencheur dans un contexte déjà marqué par de multiples vulnérabilités.

Pendant la grossesse, le paracétamol est métabolisé à la fois par le foie de la mère et celui du fœtus. Mais après la naissance, lorsque le métabolisme hépatique maternel ne joue plus son rôle, les bébés deviennent plus vulnérables, insiste William Parker.

Il cite une étude évoquée lors de la conférence de presse, montrant que des taux élevés de paracétamol dans le sang du cordon étaient associés à un risque d’autisme multiplié par 3,6 par rapport à des expositions plus faibles. La présence de ce médicament dans le sang du cordon indique une exposition directe du bébé, qui doit alors métaboliser la molécule sans le soutien de sa mère.

Certaines preuves en faveur d’un lien postnatal proviennent des travaux du Dr Stephen Schultz, le premier à avoir étudié cette corrélation en s’intéressant aux vaccinations et au paracétamol, après que son propre fils a régressé et développé un autisme à la suite du vaccin ROR et de la prise de paracétamol.

Son étude, basée sur une enquête parentale, a montré une association entre autisme et prise de paracétamol après vaccination, mais aucune corrélation lorsque le paracétamol n’était pas administré.

La circoncision, souvent pratiquée après la naissance, a également été associée à l’autisme. Les chercheurs de cette étude ont noté que l’acétaminophène — un autre nom du paracétamol — est fréquemment administré aux nourrissons pour soulager la douleur. Le taux d’autisme a commencé à grimper dans les années 1980, en parallèle avec l’augmentation des prescriptions de paracétamol. À l’époque, des recherches avaient montré que l’aspirine donnée aux enfants contre la fièvre et la douleur pouvait entraîner un syndrome de Reye, poussant les autorités de santé publique à recommander plutôt le paracétamol.

Cependant, William Parker souligne que l’ampleur réelle des effets du paracétamol chez les bébés et les enfants n’a jamais été pleinement évaluée.

On a longtemps supposé que les bébés et les enfants métabolisaient les médicaments de la même façon que les adultes. Or, la toxicité du paracétamol chez ces derniers se traduit par des lésions hépatiques, et les chercheurs ne vérifiaient donc que la fonction hépatique chez les nourrissons. Mais le métabolisme hépatique du bébé reste immature jusqu’à l’âge de trois ans.

Chez l’adulte, le paracétamol est métabolisé dans le foie par trois voies : la glucuronidation, la sulfatation et l’oxydation. Cette dernière peut produire des métabolites toxiques comme le NAPQI, responsables de dommages au foie et au système nerveux en cas de surdosage.

Chez le nourrisson, la voie de glucuronidation est très faible et ne devient pleinement active qu’au cours de l’enfance, laissant la sulfatation comme voie principale et sûre de métabolisation. Or, de nombreux enfants plus tard diagnostiqués autistes présentent eux aussi une faiblesse de la voie de sulfatation. Cela force une dépendance accrue à la voie oxydative, augmentant le risque d’accumulation toxique.

« Nous n’en donnons pas aux chats, car ils n’ont pas cette voie [la glucuronidation]. Alors pourquoi en donner aux bébés ? », a déclaré William Parker, rappelant que le paracétamol est considéré comme toxique pour les chats en raison de leurs limitations métaboliques similaires.

Normalement, l’organisme utilise le glutathion pour éliminer ces métabolites toxiques. Mais des recherches suggèrent que les enfants qui développent un autisme présentent souvent de faibles réserves de glutathion — possiblement en raison de maladies préexistantes ou d’une mauvaise santé maternelle —, ce qui empêche une bonne élimination des toxines.

Et maintenant ?

Même si le paracétamol entraîne des risques pour la santé et surcharge le système de stress oxydatif de l’organisme, il existe un antidote.

La N-acétylcystéine, ou NAC, est un antioxydant utilisé pour traiter les surdoses de paracétamol et prévenir les lésions hépatiques. Elle favorise la production de glutathion, indispensable pour éliminer les métabolites toxiques. Toutefois, son efficacité à prévenir les dommages liés au paracétamol chez l’enfant n’a pas été testée, et elle reste donc un antidote théorique.

Pour les femmes enceintes, le paracétamol est le seul antidouleur et antipyrétique disponible, même s’il n’est pas pleinement recommandé. Une forte fièvre représente aussi un risque pour la santé de la mère et du fœtus, pouvant entraîner des anomalies du tube neural ou des naissances prématurées.

Le Dr Baccarelli a précisé que lui et ses collègues prônent une approche équilibrée, guidée par le principe de précaution.

« Les patientes qui ont besoin de réduire leur fièvre ou leurs douleurs pendant la grossesse devraient prendre la dose la plus faible efficace de paracétamol pour la durée la plus courte possible, et uniquement après avoir consulté leur médecin afin d’évaluer le rapport bénéfices-risques propre à leur situation. »

 
Marina Zhang est rédactrice spécialisée dans la santé pour Epoch Times, basé à New York. Elle couvre principalement des articles sur le COVID-19 et le système de santé. Elle est titulaire d'une licence en biomédecine de l'université de Melbourne. Contactez-la à l'adresse marina.zhang@epochtimes.com.

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