Pays-Bas: le Premier ministre perd sa majorité au sénat, les populistes 2e

21 mars 2019 10:42 Mis à jour: 21 mars 2019 10:44

La coalition gouvernementale du Premier ministre néerlandais Mark Rutte a perdu mercredi sa majorité à la chambre haute du parlement à l’issue d’élections provinciales qui ont vu une forte poussée des populistes euro-sceptiques, deux jours après une attaque potentiellement « terroriste » à Utrecht.

La coalition de M. Rutte devra désormais s’appuyer sur d’autres partis pour faire passer ses lois, tandis que le Forum voor Democratie (FvD), la formation de droite du populiste Thierry Baudet, a fait une entrée fracassante au sénat en devenant le deuxième parti, selon les sondages à la sortie des urnes.

Le VVD, formation de centre-droit de M. Rutte, et les trois autres partis de la coalition n’ont plus que 31 sièges – contre 38 avant les élections  sur les 75 que compte le sénat. Les résultats de ce scrutin étaient suivis avec attention au delà des frontières à l’approche des élections européennes de mai, qui pourraient également voir une forte poussée des partis populistes.

« L’arrogance et la stupidité » des partis aux pouvoirs « ont été punies », a déclaré un Thierry Baudet lyrique devant une foule scandant son prénom. Le jeune politicien télégénique de 36 ans est connu pour ses propos controversés, notamment sur l’immigration, l’égalité entre hommes et femmes ou encore sur la transition écologique qui, selon lui, « n’aide en rien la planète et coûte énormément d’argent ».

« Les gouvernements successifs de Rutte ont laissé les frontières grandes ouvertes et battu toujours plus de records d’immigration, laissant entrer des centaines de milliers de personnes de cultures totalement différentes de la nôtre », a-t-il lancé. « Nous l’avons vu lundi à Utrecht, des violeurs et des voleurs sont en liberté. C’est une honte », a-t-il ajouté, en référence aux démêlés judiciaires d’un suspect né en Turquie arrêté après la fusillade mortelle à Utrecht lundi.

Par ailleurs, M. Baudet, intellectuel autoproclamé, a par le passé défendu un « Nexit », une sortie des Pays-Bas de l’Union européenne, avant de passer le mot sous silence au vu du chaos actuel autour du Brexit. Mark Rutte est au pouvoir depuis huit ans. Un avenir lui est prédit à Bruxelles, après avoir joué un rôle-clé dans les négociations sur le Brexit entre l’Union européenne et Londres. Mais ce revers le rend vulnérable dans son propre pays, l’obligeant à obtenir le soutien de partis extérieurs à la coalition.

« Nous allons devoir nous mettre au travail », a-t-il déclaré à ses sympathisants à l’issue du scrutin. « Nous allons devoir discuter avec d’autres partis ces prochains temps pour faire en sorte de continuer à bien diriger ce pays », a ajouté le Premier ministre, décontracté et souriant. Présent dans la chambre basse mais parti de zéro au sénat, le FvD est sorti grand vainqueur des élections en remportant 10 sièges dans la chambre haute. Le jeune parti arrive juste derrière le VVD de M. Rutte (12), qui perd un siège, selon les premières estimations.

Le FvD a notamment grappillé des voix qui semblaient promises au Parti pour la liberté (PVV) anti-islam dirigé par le député d’extrême droite Geert Wilders, qui essuie un revers en passant de 9 à 6 sièges. GroenLinks, parti écologiste de gauche, a fait de bonnes affaires en passant de 4 à 8 sièges. Les membres du sénat seront officiellement nommés en mai par les 570 représentants élus lors de l’élection de mercredi dans les 12 provinces du royaume. Les élections provinciales ont pris des allures de référendum sur la politique de Mark Rutte, dont la fin de la campagne électorale a été marquée par une fusillade sanglante à Utrecht (centre).

Possible attaque terroriste, la fusillade dans un tramway d’Utrecht, qui a fait trois morts, a encouragé des partis de droite à propulser le sujet de l’immigration au premier plan des derniers débats. Un suspect né en Turquie a été arrêté et la piste terroriste est étudiée « sérieusement ». Après la fusillade d’Utrecht, tous les partis politiques avaient interrompu leur campagne lundi, à l’exception du FvD de Thierry Baudet, suscitant de vives critiques de la part des autres formations.

D.C avec AFP

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