Pékin met sur liste noire les entreprises de défense et les chercheurs en cybersécurité qui dénoncent les puces Huawei

Des personnes visitent un magasin Huawei à Shanghai le 20 mai 2025.
Photo: HECTOR RETAMAL/AFP via Getty Images
Le 9 octobre, le Parti communiste chinois a placé sur liste noire près d’une douzaine d’entreprises de défense opérant aux États-Unis, aux côtés de groupes de cybersécurité ayant exposé des cyberactivités malveillantes appuyées par l’État chinois, incluant l’espionnage, les violations des droits humains et le contournement des sanctions.
La liste inclut plusieurs entreprises spécialisées dans l’aérospatiale, telles qu’Alliant Techsystems et Dzyne Technologies, ainsi que certaines sociétés ayant été rachetées ou fusionnées avec d’autres acteurs de la défense. On y retrouve aussi des sociétés de technologies anti-drones, parmi lesquelles Dedrone (filiale d’Axon) et Epirus, ainsi que des entreprises collaborant avec Taïwan, à l’image d’AeroVironment.
Un porte-parole d’AeroVironment a déclaré que la décision de Pékin ne remettrait en rien en cause le partenariat de la société avec l’Institut national de science et de technologie Chung-Shan de Taïwan.
« AV s’engage à soutenir les intérêts de sécurité nationale de notre pays et de nos partenaires mondiaux », indique-t-il dans un communiqué transmis à Epoch Times, ajoutant que la société maintient son récent protocole d’accord. Ce porte-parole précise par ailleurs qu’AeroVironment ne détient aucune activité en Chine susceptible d’être affectée par cette inscription sur liste noire.
La Chine a également inscrit sur liste noire TechInsights et plusieurs de ses filiales.
Ce groupe d’analyse venait tout juste de confirmer que les puces IA de Huawei contiennent encore des composants issus d’entreprises étrangères telles que TSMC, Samsung et SK Hynix. TechInsights demeure une référence en matière d’analyse de semi-conducteurs, réputée pour ses opérations de rétro-ingénierie et d’analyse détaillée des puces de pointe. Cette mesure est intervenue alors que Huawei projette d’augmenter sa production pour rivaliser directement avec le concepteur de puces IA leader du secteur, Nvidia.
Les autorités chinoises ont également ajouté le Halifax International Security Forum à leur liste noire, un sommet annuel qui a condamné l’oppression du peuple chinois et des opposants au régime.
La liste comprend également la société de cybersécurité Recorded Future, l’une des nombreuses entreprises à avoir publié des rapports détaillés sur les cybermenaces persistantes avancées soutenues par le PCC. Elle se distingue des autres entreprises dans ce domaine en publiant également des rapports montrant comment le régime utilise le cyberespace dans ses efforts mondiaux pour cibler les minorités ethniques et religieuses.
L’évocation des violations des droits humains commises par le PCC reste l’une des lignes rouges du régime, qui a fréquemment exercé des pressions sur les gouvernements étrangers pour qu’ils n’abordent pas ce sujet. Par le passé, le régime a d’ailleurs interrompu des discussions, mis fin à des coopérations bilatérales, voire rompu des accords avec les États-Unis, à la suite de prises de position sur Taïwan, le mouvement démocratique de Hong Kong ou la persécution exercée sur les musulmans ouïghours, les pratiquants du Falun Gong, les bouddhistes tibétains ou encore les militants pro-démocratie.
Les puces Huawei
Huawei fait l’objet de restrictions croissantes de la part des autorités américaines depuis qu’il a été désigné comme une menace pour la sécurité nationale en 2018. Ren Zhengfei, fondateur de Huawei, soutient publiquement le PCC et assiste régulièrement aux rassemblements technologiques stratégiques, affirmant l’appui du groupe aux objectifs du parti.
La chaîne d’approvisionnement des semi-conducteurs est mondialisée : aucun pays n’est à ce jour totalement autonome. Huawei a conçu des puces IA avancées, mais s’appuie sur le taïwanais TSMC pour leur fabrication, ce qu’interdisent les sanctions américaines.
En mai, le département américain du Commerce a averti que les puces IA Ascend de Huawei ont probablement été développées à l’aide de technologies américaines, en violation des règles de contrôle à l’exportation. L’utilisation de ces puces n’importe où dans le monde pourrait ainsi entraîner des amendes.
Les États-Unis ont renforcé ces dernières années les restrictions imposées à la Chine pour l’accès aux technologies de pointe des semi-conducteurs — qu’il s’agisse des puces elles-mêmes ou des équipements spécialisés nécessaires à leur fabrication — sous deux administrations successives.
Parallèlement, les autorités chinoises ont appelé l’industrie nationale à atteindre, d’ici 2030, l’objectif de pleine autonomie technologique.
Le placement de TechInsights sur cette liste noire intervient peu après une nouvelle vague d’actualisations réglementaires américaines destinées à compliquer l’accès des entreprises chinoises à la technologie des puces.

Catherine Yang est journaliste pour Epoch Times, à New York.
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