Perspectives sur la pandémie : pourquoi l’Équateur est confronté à une grave épidémie

Par Tian Yun
20 avril 2020 16:24 Mis à jour: 20 avril 2020 16:24

« Guayaquil est en ce moment un grand nuage gris », a déclaré María Leonor Inca, une journaliste indigène basée en Équateur, sur Twitter le 2 avril.

Guayaquil, la plus grande ville et le principal port équatorien, a été durement touchée par le virus du PCC* (Parti communiste chinois), communément appelé le nouveau coronavirus. Son maire a également été récemment testé positif au virus du PCC.

Chaque jour, jusqu’à 150 cadavres, tous morts à cause du virus du PCC, sont ramassés, a déclaré au journal El Universo Jorge Wated, chef d’un groupe de travail de la municipalité. La morgue municipale étant pleine, un plus grand nombre de cadavres pourraient attendre sur les trottoirs et à l’intérieur des maisons, a-t-il ajouté.

Bien que le pays soit géographiquement éloigné de l’épicentre de la Chine, pourquoi l’Équateur est-il durement touché par le virus ?

L’article éditorial du journal Epoch Times « L’épidémie de coronavirus met en évidence les liens étroits entre la Chine communiste et les pays les plus impactés » suggère que « les régions les plus touchées en dehors de la Chine partagent toutes un fil conducteur : leurs relations étroites ou lucratives avec le régime communiste de Pékin ».

En fait, la politique équatorienne comporte des composantes favorables au régime chinois.

CORONAVIRUS : CE QUE VOUS DEVEZ SAVOIR

Coopération stratégique entre l’Équateur et le PCC

En janvier 1980, le PCC a établi des relations diplomatiques avec l’Équateur. En 1997, la Chine et l’Équateur ont mis en place un système de « consultation politique », qui se tient tous les deux ans.

Le 8 novembre 2007, la province équatorienne d’El Oro et la province chinoise du Hubei ont officiellement établi des relations entre provinces sœurs.

En décembre 2010, l’Institut Confucius de l’Université San Francisco de Quito, financé par la Chine, a été créé conjointement avec l’université chinoise du pétrole de Pékin.

En janvier 2015, le président équatorien de l’époque, Rafael Vicente Correa Delgado, s’est rendu en Chine, la Chine et l’Équateur ont établi un partenariat stratégique. En novembre 2016, l’Équateur et la Chine ont élevé leur relation au rang de « partenariat stratégique global ».

En août 2016, l’Équateur et la Chine ont levé l’obligation de visa pour leurs citoyens afin d’accroître le tourisme dans les deux sens. L’Équateur a été le premier pays d’Amérique latine à le faire.

Le 12 décembre 2018, le président équatorien Lenin Moreno Garces s’est rendu en Chine. Selon les médias d’État chinois, « les deux dirigeants ont assisté à la signature de plusieurs documents de coopération, dont un protocole d’accord sur la promotion conjointe de [la nouvelle route de la soie], initiative de Pékin visant à construire des projets d’infrastructure en Amérique latine, en Afrique et en Asie centrale et du Sud. »

La Chine a accueilli l’Équateur pour promouvoir la coopération entre les deux pays dans les domaines des infrastructures, de l’agriculture, des technologies de l’information et des nouvelles énergies.

Actuellement, la Chine est également le troisième partenaire commercial de l’Équateur.

Entreprises chinoises en Équateur

Selon les médias chinois, plus de 90 entreprises chinoises opèrent actuellement en Équateur, avec des projets couvrant la protection de l’eau, l’hydroélectricité, les routes et les ponts, les mines de cuivre, la sécurité publique et d’autres domaines.

A 120 kilomètres au nord de la capitale de Quito se trouve Yachay. Le 25 novembre 2015, la compagnie chinoise du groupe Gezhouba (CGGC) a signé un contrat de phase I pour la construction d’une Silicon Valley à Yachay, en Équateur. Le projet comprend la planification et la conception d’un certain nombre de centres de recherche technologique, de laboratoires et d’universités, qui seraient intégrés à des parcs industriels et des zones de développement touristique. L’ensemble du projet devrait se poursuivre jusqu’en 2049.

Le 16 août 2016, le vice-président équatorien de l’époque, Jorge Glas, a inauguré le premier câble à fibre optique d’Équateur, construit avec l’aide de la Chine, dans la province méridionale de Guayas. Wang Yulin, l’ambassadeur de Chine en Équateur, a également assisté à la cérémonie d’ouverture.

L’usine de fibre optique est le résultat d’une co-entreprise entre la société équatorienne Holding Telconet et la société chinoise Fiberhome Technologies.

Il s’agit de la plus grande usine chinoise de câbles à fibres optiques d’Amérique latine. L’investissement total a été estimé entre 14 et 18 millions d’euros. Le Fiberhome Technology Group représente 51 % des actions, tandis que Telconet en possède 49 %, selon le ministère chinois du Commerce.

Le 18 juillet 2019, le président équatorien Lenín Moreno a assisté au premier test de la technologie 5G, ou cinquième génération, à Quito, présenté par le géant chinois des télécommunications Huawei et la Corporation nationale des télécommunications équatorienne. M. Moreno a fait l’éloge des avancées technologiques de la Chine lors de la cérémonie.

Annulation des représentations de Shen Yun

En 2015, le Shen Yun Performing Arts, basé à New York, devait présenter une production du drame de danse « Le Roi des singes » dans la capitale de l’Équateur. Cependant, moins d’une semaine avant la représentation, la Maison équatorienne de la culture a suspendu ses activités au Théâtre national, ce qui a eu un impact sur les représentations de Shen Yun prévues pour les 23 et 24 mai 2015.

Alejandro Nadal, porte-parole de Shen Yun en Équateur, a affirmé au groupe de défense de la presse locale Fundamedios.org que la suspension des activités était illégale, car ils avaient tous les permis nécessaires. Il a ajouté qu’il pensait que l’incident relevait de l’objectif explicite poursuivi par l’ambassade de Chine en Équateur : annuler les représentations.

L’ambassade aurait cherché des moyens de faire annuler l’événement pendant un mois. « Nous avons essayé de leur expliquer par tous les moyens possibles qu’ils violaient la liberté d’expression du peuple équatorien, qu’ils censuraient la culture dans un pays démocratique et qu’ils le faisaient par l’intermédiaire d’un pays étranger », a déclaré M. Nadal.

Selon Shen Yun Performing Arts, les salles de théâtre où la compagnie se produit ont souvent subi des pressions de la part des autorités chinoises locales pour annuler les représentations de Shen Yun. C’est la première fois que Shen Yun a été annulé en Amérique latine.

Le PCC a étendu sa censure à l’étranger, et le gouvernement équatorien a succombé à ses exigences.

Les fonctionnaires équatoriens ont plutôt assisté à des spectacles organisés par l’ambassade de Chine, tels qu’une présentation du Nouvel An lunaire en février 2016 avec un groupe artistique de la province chinoise du Henan, et un gala en janvier 2020 à l’ambassade de Chine pour commémorer les 40 ans de relations diplomatiques entre les deux pays. De nombreux hauts fonctionnaires équatoriens étaient présents, notamment les ministres de la Culture, de la Défense nationale et de l’Éducation.

Barrage et centrale hydroélectrique

Le barrage Coca Codo Sinclair est un projet hydroélectrique qui s’inscrit dans le cadre de l’initiative de la nouvelle route de la soie du PCC en Équateur. Le barrage a été construit à quelque 75 kilomètres à l’est de la capitale Quito, sur le fleuve Coca. Il s’agit du plus grand projet énergétique équatorien.

Le barrage a été construit par la société publique Sinohydro Corporation pour 2 milliards d’euros. Les Chinois accorderont à l’Équateur un prêt de 1,5 milliard d’euros pour couvrir 85 % du prix d’environ 1,8 milliards d’euros, avec un taux d’intérêt de 6,9 %.

Le projet a été critiqué en raison de dépassements de coûts, de défauts techniques et de corruption. L’Équateur est également confronté à un énorme déficit budgétaire en raison des prêts qu’il a reçus de la Chine. Les intérêts seuls exigeraient que l’Équateur envoie un chèque annuel de 115 millions d’euros à la Chine pendant 15 ans.

Un essai à pleine puissance a échoué lors de l’ouverture du barrage en 2016.

Le New York Times a fait état des nombreux problèmes posés par le barrage dans un rapport de décembre 2018. « Ce gigantesque barrage dans la jungle, financé et construit par la Chine, était censé concrétiser les vastes ambitions de l’Équateur, résoudre ses besoins énergétiques et aider le petit pays d’Amérique du Sud à sortir de la pauvreté […] Au lieu de cela, ce projet est devenu une pièce maîtresse du scandale national qui plonge le pays dans la corruption, avec des dettes périlleuses – et un avenir lié à la Chine. »

Le rapport dit aussi : « Presque tous les hauts fonctionnaires équatoriens impliqués dans la construction du barrage sont soit emprisonnés, soit condamnés pour corruption. Cela inclut un ancien vice-président, un ancien ministre de l’Électricité et même l’ancien responsable de la lutte contre la corruption qui surveillait le projet, qui a été filmé en train de parler de pots-de-vin versés par des Chinois. »

Dans un article du LA Times, le journal a obtenu un rapport de 2018 publié par le bureau de contrôle du gouvernement équatorien, qui affirme que l’entrepreneur chinois du projet a ignoré une clause du contrat, à savoir que le barrage soit construit selon des normes strictes établies par la Société américaine des ingénieurs mécaniques.

Le rapport du gouvernement a également révélé des pratiques louches de la part de Sinohydro Corp. selon le LA Times, notamment l’utilisation « irresponsable et incompréhensible » par le projet de matériaux et de méthodes de construction non conformes, y compris des soudures inadéquates. « Les Chinois ont utilisé de l’acier de mauvaise qualité et ont renvoyé les inspecteurs qui leur ont demandé de le changer », a déclaré l’ancien ministre de l’Énergie Fernando Santos au LA Times.

Cependant, le PCC a évité de parler des défauts du projet et de la corruption derrière le barrage. Il a salué le « succès » du projet, le qualifiant de projet phare pour les entreprises chinoises.

* Epoch Times qualifie le nouveau coronavirus, à l’origine de la maladie covid-19, de « virus du PCC » parce que la dissimulation et la gestion déplorable du Parti communiste chinois ont permis au virus de se propager dans toute la Chine avant d’être transmis dans le monde entier.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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