Deux ans après la mort de Nahel Merzouk, adolescent de 17 ans tué le 27 juin 2023 à Nanterre (Hauts-de-Seine) lors d’un refus d’obtempérer, un rassemblement s’est tenu ce vendredi 27 juin. Plusieurs dizaines de personnes, dont la mère du jeune homme, ont pris part à cet hommage, réclamant « justice » pour Nahel. Présent à la commémoration, le maire divers gauche de Nanterre, Raphaël Adam, a annoncé l’installation prochaine d’une plaque commémorative sur les lieux, une décision qui a suscité une vive polémique.
À l’occasion du deuxième anniversaire de la mort de Nahel Merzouk, le maire de Nanterre Raphaël Adam, a déclaré : « Une plaque et une justice pour Nahel, c’est ça qui nous attend. Merci à tous d’être là, d’être mobilisés, et on restera tous ensemble jusqu’à ce qu’on obtienne justice, voilà, merci à tous ! »
« Judicieux de s’abstenir de tout commentaire et qui plus est de prendre parti »
Cette annonce a aussitôt suscité la réaction du groupe municipal Nanterre Ensemble, qui a expliqué dans un communiqué combien cette décision était « inappropriée et choquante », y compris aux yeux de nombreux Nanterriennes et Nanterriens.
Le clientélisme a encore de beau jour devant lui.
Le maire de #Nanterre, #raphaeladam annonce qu’une plaque sera posée en mémoire de #Nahel
Il dit quoi le préfet ?
Un commentaire ? pic.twitter.com/wU3RAFdmOn— Fil Rouge France (@FilFrance) June 28, 2025
Reconnaissant que la mort de ce jeune de 17 ans est « une tragédie » qui ne peut être ignorée et oubliée, le communiqué a néanmoins rappelé que la justice « n’a pas fait la lumière sur ce qu’il s’est vraiment passé, ni même rendu son verdict, et qu’il semble judicieux de s’abstenir de tout commentaire et qui plus est de prendre parti ».
Le texte souligne également que les deux policiers étaient « depuis de longues minutes » à la poursuite de Nahel, « connu des services de police, qui roulait sans permis dans une voiture surpuissante, à une vitesse avoisinant parfois les 150 km/h, et qui a refusé d’obtempérer par deux fois avant d’être interpellé ».
« Pas de déclarations clivantes à l’emporte-pièce à des fins électorales »
Les signataires de ce communiqué – Christophe Ribault, président du groupe et conseiller municipal, ainsi que trois autres conseillères municipales de Nanterre – ont déclaré être surpris par la prise de position de l’édile, précisant avoir été interpellés par de nombreux habitants de la ville, également interloqués. Vouloir rendre un hommage officiel à une personne ayant enfreint la loi à de multiples reprises leur semble, « de la part du premier magistrat » de la commune, « particulièrement déplacé, et peut paraître surprenant à moins d’un an des prochaines élections municipales », écrivent-ils. « La justice doit pouvoir effectuer son travail sereinement sans aucune forme de pression extérieure », poursuit le communiqué.
Monsieur le maire, une plaque commémorative pour Nahel Merzouk ? C’est non.
Retrouvez ici le communiqué du groupe Nanterre Ensemble, expliquant pourquoi à nos yeux, comme aux yeux de nombreux Nanterriennes et Nanterriens, cette décision est inappropriée et choquante. ⤵️ pic.twitter.com/gGlsf7vqTj
— Thomas LORIN (@thomas_lorin_) June 30, 2025
Déclarant ne pas vouloir d’une ville qui « valorise les actes de délinquance », le communiqué publié ce 30 juin par Thomas Lorin, collaborateur Nanterre Ensemble au conseil municipal, conclut : « Nanterre a besoin de cohésion, de concorde et de sérénité. Pas de déclarations clivantes à l’emporte-pièce à des fins électorales. »
De nombreux internautes ont déclaré être « scandalisés » par la décision de l’élu et ont dénoncé son « clientélisme », l’un d’eux ayant même qualifié cet acte de « trahison de la République ». D’autres encore se sont demandés pourquoi des plaques n’étaient pas érigées pour les victimes d’actes barbares telles que Lola Daviet, jeune fille de 12 ans tuée à Paris en octobre 2022, ou encore Philippine, étudiante de 19 ans retrouvée morte dans le bois de Boulogne en septembre 2024. « Il faut foutre le bor**l pour être respecté et écouté ? » s’est interrogé un internaute.
« Une plaque commémorative pour Nahel est une totale inversion des valeurs. Cela me choque », déclare @AxelRonde porte-parole du syndicat CFTC-Police dans #Europe1SoirWE avec @PascaledeLaTour #Europe1 pic.twitter.com/JOZEQsCdi1
— Europe 1 (@Europe1) June 28, 2025
Une « totale inversion des valeurs »
Ce 28 juin, le porte-parole du syndicat CFTC-Police Axel Ronde s’est dit choqué au micro d’Europe 1, dénonçant une « totale inversion des valeurs ». Il estime que cette proposition « fait fi de la présomption d’innocence » de Florian M., le policier ayant tiré sur Nahel qui sera jugé pour meurtre aux assises, comme l’ont annoncé le 3 juin dernier le procureur et le président du tribunal de Nanterre. « On n’attend même pas le résultat, finalement, du procès », s’est-il agacé. Et d’ajouter : « On condamne et on crucifie déjà mon collègue alors que finalement la justice n’est pas encore passée. » Parlant du jeune Nahel, il a asséné : « On dirait que c’était un martyr, mais il faut remettre les choses à leur place ! »
Judith Waintraub s’oppose à une plaque en hommage à Nahel : «C’est criminel de glorifier ce jeune homme» pic.twitter.com/NjTiBlhHdS
— CNEWS (@CNEWS) June 27, 2025
Sur le plateau de CNews, la journaliste Judith Waintraub s’est quant à elle demandée quel message le maire de Nanterre voulait faire passer à la jeunesse. « Qu’est-ce qui fait que ça mérite une plaque à son nom ? […] Est-ce un exemple à conseiller aux jeunes ? », s’est-elle interrogée, lançant : « Est-ce qu’on veut d’autres victimes qui se disent : ‘On va faire comme notre héros Nahel’ ? C’est presque criminel de glorifier ce jeune homme ! »
Le décès de Nahel avait provoqué plusieurs nuits d’émeutes à travers la France, marquées par des violences dirigées contre les forces de l’ordre, des incendies de bâtiments publics et des destructions matérielles évaluées à plusieurs millions d’euros.
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