Les plus grands scientifiques des États‑Unis ont menti

Par Scott W. Atlas
21 avril 2022 19:13 Mis à jour: 21 avril 2022 22:01

Ce passage est tiré du livre à succès du Dr Scott W. Atlas, « A Plague Upon Our House » [Un fléau sur notre maison, ndt.], publié par Bombardier.

Le témoignage du directeur des CDC, Robert Redfield, devant le Congrès le 23 septembre 2020, a immédiatement retenu mon attention. J’ai regardé avec stupéfaction le Dr Redfield déclarer au Congrès que « plus de 90 % de la population » – plus de trois cents millions de personnes aux États‑Unis – pouvait encore contracter la maladie.

Cette déclaration reposait sur des données incomplètes et dépassées, ainsi que sur un manque flagrant de compréhension de la littérature médicale. Cela m’a semblé être une des proclamations les plus erronées et les plus alarmistes formulées par un responsable de la santé publique à ce jour. Environ deux cent mille Américains étaient déjà morts du Covid. La dernière chose dont le public avait besoin était qu’on exagère les risques futurs, qu’on fasse croire à certains que le nombre de morts pourrait encore être multiplié par dix.

Tout d’abord, les chiffres ne collaient pas. À ce moment‑là, les cas confirmés aux États‑Unis s’élevaient déjà à environ sept millions, et les CDC eux‑mêmes estimaient, de manière très prudente, que le nombre réel de personnes infectées était probablement dix fois plus important. En avril, Stanford réaliserait une étude de séropositivité à rebours montrant que les cas confirmés sous‑évaluaient le nombre total d’infections par un facteur d’environ quarante. Il n’était donc pas logique que seuls 9 %, soit 30 millions d’Américains, aient été infectés.

Deuxièmement, le calcul des 9 % était manifestement faux. Ce résultat provenait des tests sérologiques visant à détecter la présence des anticorps effectués par les États. Après avoir consulté le site des CDC personnellement, j’ai pu constater que ce chiffre était fondé sur des tests caducs dans bien des États.

Certains totaux d’anticorps avaient été établis plusieurs mois auparavant, avant que beaucoup de ces États aient connu un nombre important de cas. Ils sous‑estimaient donc largement le nombre de cas qui s’étaient déjà produits. Les données n’étaient tout simplement pas fiables, mais il fallait faire attention aux détails pour le remarquer.

Plus important encore, l’affirmation de base du Dr Redfield était fondamentalement erronée. La conclusion selon laquelle les tests d’anticorps sériques suffisaient à signaler ceux qui étaient protégés contre le Covid allait à l’encontre de toute une série de publications et de connaissances élémentaires en immunologie, notamment concernant les autres infections à coronavirus.

Tout le monde sait que les tests d’anticorps ne portent que sur une courte période dans le temps – ils sont temporaires – pourtant la protection immunitaire peut durer longtemps. D’après les études sur le SRAS‑2 et la plupart des autres virus, les taux d’anticorps évoluent sur plusieurs mois. Ils apparaissent généralement au cours des deux premières semaines, atteignent un pic au bout de quelques mois, puis diminuent sur une période de plusieurs mois.

La littérature sur le Covid avait déjà montré ces tendances. Un mois avant cette conférence de presse, une étude de Nature Reviews Immunology sur le Covid‑19 affirmait explicitement que « l’absence d’anticorps spécifiques dans le sérum ne signifie pas nécessairement une absence de mémoire immunitaire » et expliquait que « les cellules B et T à mémoire peuvent se conserver même si les niveaux d’anticorps sériques ne sont pas à des niveaux mesurables. »

Une étude japonaise le démontrerait de façon spectaculaire. Dans cette étude, les niveaux d’anticorps passeraient de 5,8 % à 46,8 % au cours de l’été. L’augmentation la plus spectaculaire se produirait à la fin du mois de juin et au début du mois de juillet, au moment même où le nombre de cas confirmés quotidiennement à Tokyo augmenterait, jusqu’à atteindre un pic le 4 août.

Sur les 350 personnes qui effectueraient les deux tests proposés, 21,4 % de ceux qui étaient négatifs en termes d’anticorps deviendraient positifs, et 12,2 % des participants initialement positifs deviendraient négatifs. Un pourcentage étonnant de 81,1 % de cas positifs aux anticorps IgM lors du premier test deviendraient négatif au bout d’un mois seulement. Ainsi, l’étude serait forcée de conclure : « [Les tests d’anticorps] peuvent vraiment sous‑estimer des infections au Covid‑19 ayant eu lieu antérieurement. » Il était également largement rapporté dans plusieurs grandes revues scientifiques que les réponses en anticorps n’étaient pas nécessairement détectables chez tous les patients atteints de Covid, notamment chez ceux dont la forme était moins grave.

Mais les failles dans l’estimation du Dr Redfield allaient beaucoup plus loin. Même ceux qui n’ont qu’une connaissance élémentaire de la biologie, un niveau de première année à l’université, savent que d’autres composants du système immunitaire, les cellules B et T à mémoire, assurent la protection contre les infections virales. Certaines cellules T tuent le virus, et elles aident également à la formation d’anticorps. Les cellules T se développent et assurent une protection qui dure bien plus longtemps, même après la disparition des anticorps – parfois pendant des années pour d’autres virus du SRAS.

Les cellules T pour ce virus avaient déjà été identifiées, même chez des personnes non exposées au SRAS‑2, ce qui signifiait que la protection croisée était présente chez ces personnes grâce aux cellules T issues de la réponse à d’autres coronavirus. Des cellules T avaient également été trouvées chez des personnes présentant une infection par le SRAS‑2 totalement asymptomatique.

Le directeur des NIH, Francis Collins, avait souligné ces mêmes données dans son blog quelques semaines plus tôt, écrivant : « En réalité, les cellules immunitaires connues sous le nom de cellules T à mémoire jouent également un rôle important dans la capacité de notre système immunitaire à nous protéger contre de nombreuses infections virales, y compris – semble‑t‑il maintenant – le Covid‑19. »

Des scientifiques de quelques‑unes des meilleures institutions de recherche au monde, comme l’Institut Karolinska de Suède, l’Institut La Jolla de San Diego, l’Université Duke de Berlin, et d’autres, publiaient ce type de résultats. Karolinska montrait comment fonctionnait l’immunité des cellules T dans les cas asymptomatiques et légers de Covid – quand bien même ils étaient négatifs aux anticorps.

Des chercheurs de Singapour signalaient de fortes réponses des cellules T à ce virus, le SRAS‑2, à partir d’échantillons de personnes âgées de dix‑sept ans atteintes du SRAS‑1. Comme les cellules T ne peuvent évidemment pas être détectées par les tests sérologiques, ces personnes ne seraient pas incluses dans le décompte du Dr Redfield. Ainsi, il ne tenait apparemment pas compte de ce point essentiel, voire fondamental, alors qu’il témoignait devant le Congrès et faisait la une des journaux.

Après avoir regardé cette débâcle à la télévision, je savais très bien ce qui allait se passer plus tard dans la journée. Les médias allaient s’emparer de l’affaire et semer encore plus de panique au sein de la population. Je savais aussi que la responsabilité de clarifier cette déclaration grossièrement erronée me reviendrait. Il ne faisait aucun doute qu’elle serait évoquée lors de la conférence de presse du président, et même si elle ne l’était pas, il fallait quand même l’expliquer.

Je me suis précipité dans le bureau de Derek Lyons pour le mettre au courant et m’assurer que nous alerterions le président au préalable. D’autres personnes de l’aile ouest étaient présentes, alors je leur ai résumé ce qui avait été dit au Congrès.

L’ambiance allait de l’étonnement à l’abattement en passant par la frustration. Un conseiller du président pour les questions juridiques m’a prévenu, le sourire aux lèvres : « Scott, ne dis pas crûment : ‘Redfield a tort !’ Dis quelque chose de plus léger, comme : ‘Il a mal formulé certains éléments.’ »

J’ai hoché la tête, sachant que je devais contrôler mes paroles, bien que cet homme précisément avait essayé de me détruire à travers la presse nationale quelques jours auparavant. Ce n’était pas du tout personnel. Clarifier les faits concernant la pandémie et contrer le barrage incessant de désinformation et de pseudo‑science à son sujet, provenant en l’occurrence de l’administration elle‑même, est un des rôles les plus importants que j’ai dû assumer lors de cette crise nationale.

Quelques heures plus tard, juste avant le point presse dans le Bureau ovale, j’ai exposé le problème au président. Il a été décidé, comme prévu, que je répondrais à la question lorsqu’elle se présenterait. Et c’est ce qui s’est passé.

Un journaliste d’ABC News m’a demandé sans détours si l’affirmation du Dr Redfield selon laquelle plus de 90 % des Américains étaient susceptibles d’attraper la maladie était vraie. J’ai suivi le conseil amical que j’avais reçu plus tôt dans la journée.

« Je pense que le Dr Redfield a fait une erreur », ai‑je dit, puis j’ai fait de mon mieux pour expliquer calmement les problèmes liés aux informations dépassées, la contribution de la réaction croisée des cellules T, la protection des cellules T qui n’auraient pas été incluses dans ses données. J’ai formulé correctement ce qui était largement connu et reposait sur les faits : la protection contre le virus n’était « pas uniquement déterminée par le pourcentage de personnes qui ont des anticorps ». Lors de ma réponse, tout en évitant soigneusement d’être interrompu, j’ai essayé de donner des explications compréhensibles du mieux que je pouvais.

Je me suis également efforcé de faire preuve d’une certaine délicatesse, car je me sentais extrêmement mal à l’aise à l’idée de devoir corriger le directeur des CDC devant toute la nation.

Malheureusement, mon dégoût pour le climat de confrontation qui régnait dans cette salle de presse m’a empêché d’être plus diplomate lorsque ce journaliste a demandé : « Qui devons‑nous croire ? » J’ai répondu par réflexe : « Vous devez avoir confiance en la science, et je vous parle de science. » Puis je lui ai indiqué le nom de plusieurs spécialistes scientifiques. Cependant, je sentais bien qu’il n’était pas du tout intéressé par les faits. Il s’agissait davantage d’une nouvelle tentative destinée à amplifier la discorde.

Après avoir quitté la salle de presse, je marchais aux côtés du président. Il s’est brièvement arrêté devant les écrans de télévision à l’extérieur de la salle de presse pour vérifier comment les médias couvraient l’événement, comme il le faisait habituellement. Après quelques échanges entre le président et le personnel présent autour de nous, nous avons commencé à nous diriger vers le bureau ovale.

Le président Donald Trump s’est tourné vers moi en souriant ironiquement, mais avec un visage vraiment perplexe. « Le Dr Redfield fait‑il de la politique ou est‑il simplement stupide ? » a‑t‑il demandé, en secouant subtilement la tête. J’ai regardé le président et j’ai hésité. La réponse était évidente pour nous deux.

Il va sans dire que les médias ont immédiatement mis en avant le désaccord entre moi et le Dr Redfield. Cette situation a alimenté le narratif du conflit qui m’opposait aux autres médecins du groupe de travail, conflit que le Dr Redfield avait personnellement provoqué en déclarant, de manière offensante et injustifiée, que tout ce que je disais était « faux ».

Plus tard, le Dr Fauci est apparu à la télévision et a critiqué le franc‑parler dont j’avais usé pour clarifier ces informations importantes, qualifiant mon langage d’« extraordinairement inapproprié ». Je me suis alors demandé : était‑il plus soucieux de protéger la réputation de son collègue bureaucrate et de saper la mienne ou de s’assurer de l’exactitude des informations communiquées au public américain ?

Martin Kulldorff, épidémiologiste de Harvard de renommée mondiale, a publié sa réaction sur Twitter : « Scott Atlas a rappelé que l’immunité est plus élevée chez les personnes qui ont des anticorps. Le Dr Fauci l’a critiqué sans contredire ce qui a été dit. Énoncer un simple fait scientifique n’est pas ‘extraordinairement inapproprié’. Quel est le problème ? »

De l’Institut Brownstone

Scott W. Atlas, M.D., chercheur principal du groupe Robert Wesson sur la politique des soins de santé au sein du think tank Hoover Institution de l’université de Stanford et membre de la Hillsdale College’s Academy for Science and Freedom.

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