À l’occasion de la Conférence européenne des rabbins qui se tenait jeudi soir dans la salle des fêtes de l’Élysée, le chef de l’État recevait un prix saluant sa lutte et ses engagements contre l’antisémitisme. Mais des images filmées montrant le grand rabbin de France allumer une bougie pour célébrer la fête juive d’Hanouka en présence du président de la République ont suscité l’indignation de toute la classe politique et des communautés religieuses y compris des personnes de confessions juives. Epoch Times les a contactés.
Le chef de l’État célèbre Hanouka à l’Élysée
Ce jeudi 7 décembre, Emmanuel Macron recevait le prix Lord Jakobovits. Un prix créé en 1992 en hommage à un ancien grand rabbin de Grande-Bretagne Lord Immanuel Jakobovits et visant à récompenser l’action des dirigeants européens contre l’antisémitisme. Toutefois, l’événement a pris une tournure polémique. Dans une vidéo publiée le même soir sur les réseaux sociaux par une personne présente à la cérémonie, on peut apercevoir le chef de l’État participer à la célébration de la fête juive des Lumières Hanouka au côté du grand rabbin de France, Haïm Korsia, allumant une première bougie. La classe politique, des leaders religieux et beaucoup de personnes issues de la communauté juive de France ont dénoncé à l’unanimité une entorse à la laïcité. Dans une tribune publiée le 8 décembre dans le média Tribune juive, le producteur de cinéma et de télévision Georges Benayoun a même parlé de « faute politique incandescente ».
« J’ai trouvé ça vraiment déplacé. L’Élysée est en quelque sorte le lieu de la laïcité. Le président de la République aurait dû se rendre dans une synagogue. Nos responsables politiques ont un devoir de neutralité », estime de son côté Randy Yaloz, avocat franco-américain de confession juive que nous avons contacté.
La responsabilité d’Emmanuel Macron est d’autant mise en cause qu’après avoir allumé la bougie, Haïm Korsia a demandé au chef de l’État si lui et les invités pouvaient entonner un chant et le président a répondu positivement. « Il s’agit de Maoz Tsour. C’est un chant traditionnel et religieux propre à Hanouka. L’Élysée n’est vraiment pas le lieu approprié pour ce genre de chants », poursuit Randy Yaloz.
« Le président a eu tort sur toute la ligne »
Si la cérémonie a été largement critiquée pour son caractère anti-laïque, certains comme Jennyfer et Jacques, que nous avons contactés, dénoncent également l’hypocrisie du président. « Les juifs se sentent abandonnés depuis deux mois et faire cela à l’Élysée, c’est hypocrite et ce n’est pas du tout ce qu’on attendait de lui », nous confie la jeune femme.
« Il s’agit d’un pur coup de com’ pour faire oublier sa non-participation à la marche contre l’antisémitisme du 12 novembre », déclare quant à lui Jacques.
Dans cette histoire, l’actuel locataire de l’Élysée ne semble pas avoir marqué beaucoup de points. Pour Jennyfer, Emmanuel Macron a « eu tort sur toute la ligne » et s’est mis tout le monde à dos. « Les catholiques ne comprennent pas pourquoi les crèches de Noël sont interdites, les musulmans vont aussi dénoncer un deux poids deux mesures, les laïcs et les athées sont énervés et les antisémites se voient être confortés dans leur discours visant à dire que « les juifs disposent d’un passe-droit religieux », nous dit-elle, excédée. Même constat pour l’avocat franco-américain. « L’événement n’apporte rien à la communauté juive. Il nous fait même du tort en faisant croire que nous sommes proches du pouvoir », regrette-t-il.
« Si Emmanuel Macron souhaite réellement protéger les juifs de France, il devrait davantage participer à des manifestations comme celles dénonçant les atrocités du Hamas sur les femmes », ajoute l’avocat.
« Il a ouvert une véritable boîte de Pandore »
Le lendemain de la polémique, le chef de l’État a dit ne pas regretter « du tout » ce qui s’était passé. « Je crois que là-dessus, il faut savoir raison garder », a-t-il déclaré, ajoutant que « tout ça a été fait en présence de tous les autres cultes qui étaient invités, dans un esprit qui est celui de la République et de la concorde ».
« Je regrette que le président de la République n’ait que faire de la polémique qu’il a lui-même créée », nous dit Randy Yaloz. « Il a ouvert une véritable boîte de Pandore. Cela donne à un argument à ses successeurs qui voudront organiser une cérémonie religieuse au sein de l’Élysée », poursuit-il.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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