Galeries Lafayette
Pour le DG des Galeries Lafayette, Shein est « en totale contradiction avec nos valeurs »
Arthur Lemoine ne mâche pas ses mots. Le directeur général des Galeries Lafayette a vertement critiqué jeudi l'installation du géant chinois Shein dans les magasins qui portaient jusqu'alors le nom prestigieux de son enseigne. Sur les ondes de BFM Business, le dirigeant a dénoncé une "totale contradiction" entre la marque de fast-fashion asiatique et l'ADN centenaire des Galeries Lafayette.

Le sapin de Noël 2025 des Galeries Lafayette, le 12 novembre 2025.
Photo: STEPHANE DE SAKUTIN/AFP via Getty Images
« Nous accueillons depuis plus de 130 ans des produits qui respectent scrupuleusement la réglementation européenne et française. Notre promesse repose sur la qualité, la créativité et une gamme allant de l’accessible au luxe », a martelé Arthur Lemoine, traçant une ligne rouge infranchissable face aux pratiques commerciales de Shein.
Le divorce consommé : sept magasins provinciaux changent d’enseigne
La rupture entre les Galeries Lafayette et la Société des grands magasins (SGM) s’est officialisée début novembre. Sept établissements de province, jusqu’alors exploités par la SGM sous la bannière Galeries Lafayette, vont adopter l’enseigne BHV. Cette transformation majeure s’inscrit dans une stratégie de différenciation claire, la SGM ayant choisi d’accueillir Shein dans ses espaces commerciaux.
Le BHV Marais parisien, également géré par la SGM depuis 2023, a inauguré début novembre le tout premier magasin physique permanent de Shein au monde. Une décision qui a provoqué un séisme dans le secteur du commerce de détail français.
Les ouvertures régionales dans le flou : un calendrier suspendu
Initialement, cinq autres espaces Shein devaient voir le jour dans les BHV de Dijon, Reims, Grenoble, Angers et Limoges entre novembre et début décembre. Mais ces ouvertures ont été reportées sine die, sans nouvelle date annoncée. Ce gel des inaugurations intervient dans un contexte de fortes tensions autour de l’implantation de la marque controversée, régulièrement pointée du doigt pour ses pratiques environnementales et sociales.
Cette pause stratégique pourrait refléter les réticences de certaines parties prenantes face à l’arrivée de Shein dans le paysage commercial français traditionnel.
La Banque des territoires claque la porte
L’affaire a également fait des dégâts collatéraux. Début octobre, la Banque des territoires a brutalement interrompu les négociations pour l’acquisition des murs du BHV Marais. Motif invoqué : « une rupture de confiance » directement liée à l’annonce de l’implantation de Shein. Un désaveu cinglant pour la SGM et un signal fort sur la dimension politique de ce dossier.
Une promesse qui engage jusqu’à la fin de l’année
Malgré les tensions, Arthur Lemoine affirme que son groupe « respectera ses engagements » vis-à-vis de la SGM, la promesse de vente courant « jusqu’à la fin de l’année ». Toutefois, le dirigeant a laissé planer le doute sur l’après : « Si la SGM devait ne pas être au rendez-vous, nous étudierons les différentes options qui s’offriraient à nous. »
De son côté, la SGM a maintenu le silence jeudi, refusant de commenter tant les déclarations d’Arthur Lemoine que la question du rachat des murs. Toutefois, selon des sources proches du dossier, la société défendrait sa liberté entrepreneuriale et sa volonté d’adapter son offre commerciale aux nouvelles attentes d’une clientèle plus jeune et connectée, tout en assurant respecter l’ensemble des normes en vigueur.
Avec AFP

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