Pourquoi un proche atteint de démence est-il parfois présent et parfois absent ?

Par Yen Ying Lim
2 septembre 2023 11:14 Mis à jour: 2 septembre 2023 11:14

La démence est un terme générique désignant une affection neurologique progressive qui affecte les capacités cognitives, telles que la mémoire, le langage et le raisonnement.

La maladie d’Alzheimer est la forme la plus courante, mais il en existe d’autres, comme la démence vasculaire, la maladie à corps de Lewy et la démence frontotemporale.

Il n’est pas rare que les personnes atteintes de démence connaissent des fluctuations de leurs capacités cognitives et de leur niveau de conscience.

Les personnes atteintes de démence peuvent parfois être pleinement « présentes », sachant qui les entoure, où elles se trouvent et ce qui se passe. À d’autres moments, elles sont confuses, désorientées, inconscientes de leur environnement et ne reconnaissent pas leurs proches.

Ces fluctuations peuvent être pénibles pour les aidants, qui ne savent jamais à quoi s’attendre d’un jour à l’autre.

Quelles sont les causes de ces fluctuations de la conscience ?

Plusieurs facteurs peuvent contribuer aux fluctuations cognitives des personnes atteintes de démence. Les facteurs environnementaux, tels que les changements d’habitudes ou un nouvel environnement, peuvent être à l’origine de confusion et de désorientation.

La fatigue peut également jouer un rôle important. La fatigue, même chez les jeunes adultes, a des effets négatifs connus sur l’attention et la capacité d’apprentissage d’une personne. Ces effets peuvent être beaucoup plus prononcés chez les personnes âgées et les personnes atteintes de démence.

Certains médicaments utilisés pour traiter la démence et d’autres affections connexes peuvent également avoir un impact sur les fonctions cognitives d’une personne.

Par exemple, certains médicaments utilisés pour traiter la dépression ou l’anxiété peuvent entraîner une confusion ou une désorientation, en particulier chez les personnes âgées.

Enfin, le moment de la journée peut jouer un rôle important dans les fluctuations cognitives.

Les personnes atteintes de démence sont souvent victimes du syndrome du  » coucher de soleil« , c’est-à-dire qu’elles deviennent plus agitées ou confuses en fin d’après-midi ou le soir. Le crépuscule peut également entraîner de l’agitation ou des déambulations chez les personnes atteintes de démence.

Certains scientifiques pensent que cela pourrait être dû à des changements dans la zone du cerveau qui contrôle l' »horloge interne « , qui indique quand nous sommes éveillés ou endormis. Cette défaillance peut entraîner une confusion.

Les patients atteints de démence connaissent souvent une période de lucidité dans la semaine qui précède leur mort. La science ne sait pas encore exactement pourquoi cela se produit, et des études sont en cours.

Savons-nous ce qui se passe dans le cerveau ?

La neurobiologie qui sous-tend ces fluctuations cognitives n’est pas encore claire. Cependant, la démence est causée par la détérioration des cellules cérébrales et des connexions entre elles.

Dans la maladie d’Alzheimer, cette détérioration progressive des cellules cérébrales commence d’abord dans les zones du cerveau spécialisées dans la mémoire et s’étend progressivement aux régions qui régissent l’attention et la conscience.

Des changements dans le « réseau en mode par défaut » du cerveau peuvent également être à l’origine de ces fluctuations. Le réseau du mode par défaut est un réseau de régions cérébrales qui reste actif lorsqu’une personne n’est pas engagée ou concentrée sur une tâche. On pense qu’il contribue à la mémorisation, au développement du concept de soi et à la réflexion sur l’avenir.

Ce réseau est actif pendant notre « état de repos ». Chez les personnes atteintes de démence, le réseau du mode par défaut est perturbé, ce qui peut entraîner des changements dans la cognition et la conscience de soi .

Y a-t-il quelque chose qui puisse aider ?

Malgré les difficultés associées aux fluctuations cognitives chez les personnes atteintes de démence, les scientifiques ont constaté que les interventions comportementales pouvaient apporter un certain soulagement.

Par exemple, un examen des études sur la musicothérapie a montré que la musique peut améliorer l’humeur et la mémoire des personnes atteintes de démence.

L’écoute d’une musique familière peut également contribuer à maintenir le sentiment d’identité et à stimuler les souvenirs autobiographiques chez les personnes atteintes de démence.

Certains scientifiques pensent que cela est dû au fait que la musique peut aider à réguler le réseau du mode par défaut, qui est crucial pour le traitement des informations sur nous-mêmes.

Il a été démontré que la musique améliore l’humeur et la mémoire des patients atteints de démence. (Eduardo Romero/Pexels)

Que faire si votre proche n’est pas  » là  » ?

Lorsque vous rendez visite à votre proche atteint de démence, il est important d’utiliser des phrases courtes, de le regarder dans les yeux, de minimiser les distractions (comme la télévision ou la radio en arrière-plan) et de ne pas l’interrompre.

Si votre proche atteint de démence est agité, il est important d’écouter calmement ses préoccupations et ses frustrations. Le fait de le mettre au défi peut souvent l’amener à s’agiter davantage.

Les changements de comportement ou d’état émotionnel d’une personne atteinte de démence peuvent être très stressants pour la personne, ses proches et les soignants. Ces changements de comportements peuvent résulter de modifications cérébrales. Mais souvent, ils peuvent aussi être le résultat d’une frustration liée à la diminution de la capacité de la personne à communiquer aussi efficacement qu’auparavant.

Il existe une série de conseils pour réduire les fluctuations cognitives chez les personnes atteintes de démence. Il s’agit notamment de limiter la consommation de caféine, de les exposer à la lumière naturelle pendant la journée et à un éclairage plus chaud le soir, et de pratiquer une activité physique suffisante.

Cependant, les fluctuations cognitives chez les personnes atteintes de démence constituent un aspect complexe et difficile de la maladie. Et si certaines interventions comportementales, comme la musicothérapie, peuvent améliorer temporairement l’humeur et la mémoire, La démence au stade sévère est une maladie terminale à l’instar du cancer terminal, et les soins appropriés à cette phase du syndrome démentiel correspondent bien aux définitions des soins palliatifs.

Il existe aujourd’hui plusieurs médicaments prometteurs pour ralentir le déclin de la mémoire chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Toutefois, les effets sont limités et il faudra encore beaucoup de recherches pour mieux comprendre et traiter cette maladie dévastatrice.

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