La prospérité du Mile End relève de sa mixité : entrevue avec Richard Ryan

20 septembre 2016 20:20 Mis à jour: 4 octobre 2016 04:15

Engagé et humain, connu pour être proche des citoyens, Richard Ryan est conseiller du district du Mile End. Il a été élu en 2009 et en est à son deuxième mandat. Ardent défenseur de l’environnement, il apprécie les artistes qu’il essaie de garder dans le quartier. Il habite dans le Mile End depuis plus de 25 ans.

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Epoch Times (E.T.) : Parlez-nous du développement économique du quartier.

Richard Ryan (R.R.) : À la fin des années 1980, avec l’ouverture des marchés, l’industrie du textile qui était dominante a commencé son déclin. Au sud de la voie ferrée, dans le secteur qu’on appelle «Saint-Viateur Est», des grands bâtiments qui avaient jusqu’à 12 étages et 3 millions de pi2 sont devenus des espaces industriels vacants et ont été occupés à la fin des années 1990 par des artistes et des petites entreprises qui y trouvaient leur compte. Au cours de ces décennies, beaucoup d’artistes sont venus d’ailleurs.

Aussi, l’entreprise Ubisoft s’est développée au coin du boulevard Saint-Laurent et de la rue Saint-Viateur. En parallèle, une panoplie de petits ateliers, petites shops, artisans sont venus occuper ces locaux industriels de grande fenestration qui étaient très peu chers et adaptés à leurs besoins de création. À partir des années 2000, le Mile End commençait à être reconnu en ce qui concerne cette créativité. Cependant, l’attractivité du territoire a fait en sorte que ça a fait monter les valeurs foncières et que les artistes furent les premiers à être chassés, n’ayant pas les moyens de se payer les locaux qu’ils occupaient jusqu’alors. C’est là le grand danger du grand potentiel économique du Mile End.

On voudrait protéger le parc locatif et empêcher les hausses abusives.

– Richard Ryan, conseiller municipal du Mile End

E.T. : Cette attractivité du quartier pose-t-elle des défis pour se loger ?

R.R. : Je pense que c’est correct de reprendre un logement quand il y a des cas bien précis : famille, agrandissement, etc. Toutefois, en ce moment, il y a beaucoup de reprises abusives dans le but de mettre dehors des locataires qui ne paient pas assez cher [leur loyer] et c’est là que ça crée tout le problème. On voudrait protéger le parc locatif et empêcher les hausses abusives, et la Régie du logement est là pour protéger ces locataires. Cependant, dans les faits, très peu de gens vont aller jusqu’à la Régie. Ils vont se faire donner un chèque de 1000 $, 2000 $, 3000 $ et vont quitter ou ils vont se faire tellement embêter qu’ils vont quitter d’eux-mêmes.

[Du côté des propriétaires] pour l’accès à la propriété, il faut en avoir les moyens… Le problème auquel font face ceux qui sont déjà propriétaires c’est l’augmentation des taxes municipales attribuable à la grande hausse de la valeur foncière. Pour un petit propriétaire, s’il veut rester dans le coin, mais que ses revenus n’augmentent pas et que son compte de taxes, ses taxes scolaires, etc. augmentent plus que le coût de la vie, c’est un peu catastrophique. Il se dit, la seule façon de m’en sortir c’est de vendre et d’aller ailleurs. Ça fait évoluer le tissu social du quartier.

Pour ce qui est des commerces, la situation du bail est catastrophique actuellement. À cause de la hausse des loyers, plusieurs commerces ferment parce qu’ils sont achetés par un seul propriétaire. Il y a toujours eu une évolution dans le commerce – des commerces qui ouvrent et qui ferment mais là, en l’espace de très peu de temps, il y a une transformation commerciale dans le but de répondre au besoin spéculatif de certains joueurs, c’est malsain pour une vision à long terme.

E.T. : Quels sont les principaux avantages des saillies de trottoir, une mesure d’apaisement de la circulation qui est de plus en plus commune dans le Mile End ?

R.R. : La saillie de trottoir a trois grands objectifs. On va marquer le coin de rue et, en voyant ce réaménagement urbain, les autos vont ralentir. Donc, le premier objectif est la sécurisation de l’intersection. Le piéton a moins de temps de traverse sur la rue, puisque le trottoir est allongé, et il y a une augmentation de la visibilité. C’est super important que les piétons et les automobilistes puissent se voir mutuellement.

Deuxième objectif, on vient de se donner des nouveaux espaces de plantation dans un des quartiers les plus densément construits au Canada. Des carrés où on peut planter des plantes, arbres, etc. Déminéraliser et verdir, c’est important pour gérer la catastrophe des changements climatiques.

Puis, le troisième objectif, la création d’un milieu de vie, animation, etc., avec des saillies en premier lieu près des CPE, des parcs, des écoles. C’était une révolution à Montréal. Certains l’ont nommée «la révolution du coin de rue» parce qu’on créait un petit milieu de vie au coin de la rue.

Le Champ des possibles

Le Champ des possibles est un espace vert de 1,4 hectare, près de la voie ferrée à l’angle de la rue Henri-Julien et Maguire, qui appartenait au Canadian Pacific et qui fut racheté par la Ville de Montréal en 2006. À la suite de la volonté des citoyens d’en préserver le caractère sauvage, le plan d’urbanisme de la Ville de Montréal fut modifié de manière à en changer le zonage et à en assurer la protection à perpétuité. En 2013, une entente de cogestion fut conclue entre la Ville de Montréal et l’organisme Les Amis du Champ des possibles, ce dernier s’engageant à y réaliser des activités d’éducation, d’animation et de conservation.

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