INTERNATIONAL

Raqa : la bataille touche à sa fin

octobre 12, 2017 20:18, Last Updated: octobre 12, 2017 20:17
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Pieds nus, l’air hagard, ils sont des dizaines de Syriens, en majorité des femmes et des enfants, à avoir fui Raqa jeudi, échappant au groupe terroriste État islamique (EI) et aux frappes aériennes qui ont repris de plus belle contre les derniers réduits jihadistes.

C’est grâce à ces raids intensifs de la coalition internationale emmenée par Washington que les combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS) ont pu reconquérir la quasi-totalité de Raqa. Les derniers jihadistes sont retranchés dans le centre-ville, avec des milliers de civils pris au piège.

Jeudi matin, des dizaines de ces habitants ont franchi la ligne de front dans le quartier central d’Al-Badou.

Des femmes et des enfants, les pieds nus et couverts de poussière après avoir fui les violences, ont été transportés par les combattants des FDS vers la périphérie ouest de la ville, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Les hommes, de tous âges, la plupart blessés à la tête ou à la jambe, ont eux été emmenés vers un autre secteur pour être interrogés, les FDS craignant que des combattants de l’EI ne se mêlent à la foule de civils.

Après une accalmie relative, les frappes aériennes et les tirs d’artillerie ont repris de plus belle à Raqa, comme le décrivent les habitants interrogés par l’AFP.

« C’était calme pendant deux ou trois jours, et on ne pouvait plus penser qu’à sortir », commente Nisrine, la vingtaine.

« Quand les bombardements ont repris, c’était encore pire qu’avant », poursuit la jeune femme, le visage dissimulé par un voile noir montrant seulement des yeux marrons où se lit l’épuisement.

Avec son fils d’un an et sa voisine Aya, elle est restée coincée dans son appartement d’Al-Badou si longtemps qu’elle ne se souvient plus du nombre exact de jours.

Le Conseil civil de Raqa, une administration locale mise en place par les FDS, mène des « discussions » pour permettre aux civils pris au piège de quitter les secteurs tenus par l’EI.

La coalition emmenée par Washington a indiqué n’avoir mené aucun raid aérien lundi autour de Raqa, et seulement six mardi. Mercredi, en revanche, elle a rapporté 24 frappes.

« Les bombardements se sont interrompus, il devait y avoir une trêve (…), mais les tirs d’artillerie ont repris », affirme pour sa part Abdullah al-Ali, jeune habitant d’une vingtaine d’années, l’air hébété alors qu’il vient tout juste de fuir.

Le quartier d’Al-Badou avait été largement épargné par les bombardements, rappelle un vieil homme à la chevelure poivre et sel, un œil couvert par un pansement. « Mais la nuit dernière, on n’a pas du tout dormi à cause des raids et des tirs à l’artillerie. »

Jeudi, une journaliste de l’AFP a compté au moins cinq raids visant Raqa, envoyant dans le ciel des nuages de fumée près du stade de football, où sont retranchés des jihadistes.

Les combattants de l’EI occupent également un hôpital et les quartiers alentours.

Mais l’assaut final contre ces secteurs a été retardé en raison de l’afflux des civils, avance Rodja Felat, la commandante qui dirige l’offensive des FDS sur Raqa.

 « Ces derniers jours, nous avons libéré environ un millier de personnes, dont 250 aujourd’hui », confie-t-elle à l’AFP.

Toutefois, le lancement de la « dernière semaine » de combats devrait être annoncé dans les jours à venir, selon la responsable.

Alors que la bataille touche à sa fin, de plus en plus de jihadistes se rendent, assure Ali Sher, un commandant des Unités de protection du peuple kurde (YPG), principale composante des FDS.

« Ces trois derniers jours, au moins 15 combattants de l’EI se sont rendus avec leurs familles, soit 100 personnes au total », précise-t-il.

Selon la coalition, entre 300 et 400 jihadistes sont toujours à Raqa.

« On les somme au mégaphone de se rendre, alors les nombres augmentent. Certains sont originaires de Raqa, d’autres sont étrangers », ajoute le commandant.

Près de la mosquée de Hawi al-Hawa, dans la périphérie ouest de Raqa, des hommes attendent la fin des procédures de sécurité des FDS. Leurs proches sont déjà à l’intérieur.

Parmi les familles, Dounia Awwad, 50 ans, attend son époux.

« L’enfer. La peur. La faim », égrène-t-elle, quand on lui demande ce qu’elle a pu vivre en fuyant sa ville natale. « On est tous morts –ceux qui s’en sont sortis et ceux qui sont restés derrière. »

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