Reconnaissance des agressions sexuelles dans l’Église : « Toute reconnaissance publique est bonne, mais pas suffisante »

Jean-Marc Sauve, président de la commission et auteur du rapport éponyme sur les abus sexuels dans l'église catholique, et Patrick Goujon, père jésuite victime d'abus sexuels et auteur du livre "Prière de ne pas abuser", participent à une table ronde lors de la Corref, à Lourdes, le 17 novembre 2021.
Photo: : VALENTINE CHAPUIS/AFP via Getty Images
Le théologien jésuite et victime d’agressions sexuelles Patrick Goujon et le président de la commission ayant révélé l’ampleur de la pédocriminalité dans l’Église, Jean-Marc Sauvé, ont encouragé les responsables catholiques à aller plus loin dans la reconnaissance de ces crimes.
« Toute reconnaissance publique est bonne, mais pas suffisante. Il faut aussi une reconnaissance individuelle » de ce qu’ont vécu les victimes, a déclaré Patrick Goujon le 17 novembre devant des religieuses et des religieux des congrégations et instituts réunis de mardi à vendredi à Lourdes.
M. Goujon a regretté que des membres du clergé, individuellement, aient encore tendance à « minimiser » la violence des faits ou le nombre de victimes.
Pour sa part, Jean-Marc Sauvé a souligné la nécessité d’une « démarche de reconnaissance personnelle ». Tout en estimant que l’Église devait « se dessaisir de ses biens » pour indemniser les victimes, il a insisté sur d’autres formes de réparation dont « une parole de vérité ».
« La parole de vérité doit consister à dire : ‘nous reconnaissons que nous avons mal agi, que nous avons merdé’. La question de l’argent n’est pas obligatoire mais on ne peut pas s’y dérober », a précisé M. Sauvé.
« Un viol, c’est un viol »
Patrick Goujon, auteur du livre « Prière de ne pas abuser », a également insisté sur la nécessité d’utiliser un langage plus clair pour parler de la pédocriminalité. « Un viol, c’est un viol. On ne sait pas nommer les choses », a-t-il dit en regrettant l’utilisation d’euphémismes comme « gestes déplacés ».
Les deux hommes ont également critiqué la « sacralisation » de la figure du prêtre qui en fait une sorte de « Dieu vivant », ouvrant la voie à des abus, y compris sexuels.
Accueillis avec une « joie grave » par Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), ils ont été applaudis à plusieurs reprises par leurs auditeurs qu’ils ont même fait rire à plusieurs reprises.
Violences sexuelles sur 330.000 personnes depuis 1950
Cette rencontre à Lourdes a lieu après les révélations choc de la commission Sauvé qui a estimé, dans son rapport publié en octobre, à 330.000 le nombre de personnes de plus de 18 ans ayant fait l’objet de violences sexuelles depuis 1950, quand elles étaient mineures, de la part de clercs, religieux ou personnes en lien avec l’Église.
Début novembre, les évêques catholiques ont reconnu la « responsabilité institutionnelle » de l’Église dans les actes pédocriminels et leur « dimension systémique ».
En avril, les congrégations religieuses de la Corref avaient déjà reconnu leur « responsabilité collégiale » dans les violences sexuelles. Ces deux institutions se sont engagées à des mesures de réparation individuelle en plusieurs étapes, dont une indemnisation financière si la victime le demande.
La Corref doit adopter des mesures concrètes d’ici vendredi, dont la création d’une instance dédiée à la médiation entre victimes et instituts.
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