Redéfinir la relation homme-femme, un vrai débat de fond

Par Rémi Bleibtreu
10 janvier 2018 17:38 Mis à jour: 1 avril 2021 19:06

Au-delà des clivages et des calembours, il reste un vrai débat de société. Tout le monde s’accorde pour dire que le viol est inadmissible, la plupart pour dire que les femmes ont les mêmes droits que les hommes. La débat pour certains est dans le dosage; à partir de quel moment le jeu de séduction devient du harcèlement. Si l’on parle de gentlemen, le débat n’a pas lieu.

Mais pour d’autres le problème est plus profond, il s’agit de la place de la femme, considérée trop souvent comme un « objet sexuel » et non comme un sujet, libre de s’habiller comme elle veut et de dire oui ou non à qui elle veut, à l’instar de l’homme.

La publicité et le cinéma ainsi que la littérature véhiculent cette image de la femme comme un objet désirable, et les petites filles jouent avec leur poupée Barbie en espérant qu’un prince charmant viendra.

Si l’on parle de brutes capables de violer, ou simplement d’humilier, il est certain que tout le monde, ainsi que les lois et toutes les instances sociales réprouvent et punissent.

« Mépris », voire « gifle » pour les victimes de violences sexuelles: les critiques ont continué de pleuvoir mercredi après la tribune d’une centaine de Françaises, dont l’actrice Catherine Deneuve, défendant la « liberté » des hommes « d’importuner ».

« Le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste », soutient dans la tribune publiée mardi dans le quotidien Le Monde un collectif d’écrivaines, comédiennes, chercheuses et journalistes.

Elles s’inquiètent en particulier du « puritanisme » et de l’avènement « d’un féminisme qui prend le visage d’une haine des hommes et de la sexualité », dans le sillage de la libération de la paroles de femmes agressées sexuellement après l’affaire Weinstein aux États-Unis.

C’est une « gifle à l’encontre de toutes les femmes qui dénoncent la prédation sexuelle », a réagi mercredi l’ancienne ministre du Droit des femmes Laurence Rossignol (socialiste).

« Cette tribune non seulement je ne l’aurais pas signée, mais si j’avais eu l’occasion d’en discuter avec une femme comme Catherine Deneuve (…) j’aurais essayé de lui expliquer que non seulement cette tribune est une gifle à l’encontre de toutes les femmes qui dénoncent la réalité de ce qu’est la prédation sexuelle, mais en plus elle ne rend pas service aux hommes », a-t-elle affirmé sur la radio France Inter.

Selon Laurence Rossignol, cette tribune, signée par « un regroupement d’antiféministes patentées qui pensent que la domination masculine n’existe pas, (…) défend en réalité un ordre classique, traditionnel dans la sexualité, qui est celle qui est fondée sur une représentation des sexualités masculine et féminine avec des rôles différenciés: l’homme est le conquérant, la femme est la proie ».

« Je ne crois pas que les femmes puissent accéder à l’égalité tant qu’elles sont vues comme des objets sexuels », a fait valoir Mme Rossignol.

Mardi soir, une contre-tribune, publiée par un groupe de féministes, dénonçait le « mépris » des défenseurs de la « liberté d’importuner ».

« Dès que l’égalité avance, même d’un demi-millimètre, de bonnes âmes nous alertent immédiatement sur le fait qu’on risquerait de tomber dans l’excès », affirment ces signataires d’un texte publié sur le site d’information continue francetvinfo.

« En France, chaque jour, des centaines de milliers de femmes sont victimes de harcèlement. Des dizaines de milliers d’agressions sexuelles. Et des centaines de viols », répliquent les féministes signataires.

Pour elles, les femmes qui ont signé la tribune du Monde « mélangent délibérément un rapport de séduction, basé sur le respect et le plaisir, avec une violence ».

Les auteures de la tribune « essayent de refermer la chape de plomb que nous avons commencé à soulever. Elles n’y arriveront pas », poursuivent les féministes.

« Dommage que notre grande Catherine Deneuve se joigne à ce texte consternant », a également tweeté l’ex-ministre Ségolène Royal, adressant ses « pensées aux victimes de violence sexuelle, écrasées par la peur d’en parler ».

Réagissant à un passage de la tribune, qui dénonce une « justice expéditive » sanctionnant des hommes « alors qu’ils n’ont eu pour seul tort que d’avoir touché un genou », la secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa a écrit dans un tweet: « Je n’ai pas connaissance d’un homme qui aurait été renvoyé pour avoir +touché le genou d’une femme+ par inadvertance en France comme décrit (dans la tribune, ndlr) mais s’il existe, qu’on me le présente…! »

(Captures d’écran Twitter)

R.B avec AFP

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