Rentrée politique : Emmanuel Macron planche-t-il sur un remaniement ministériel ?

Par Etienne Fauchaire
2 janvier 2024 19:42 Mis à jour: 15 avril 2024 12:53

Un remaniement est-il en préparation dans les coulisses de l’Élysée ? C’est la rumeur sur toutes les lèvres. Le Conseil des ministres de rentrée, durant lequel le gouvernement présente traditionnellement ses vœux pour la nouvelle année au président de la République, devait avoir lieu ce mercredi 3 janvier. Mais il a été annulé et reporté au 10 janvier. Motif : il serait plus logique que le Conseil des ministres inaugural de l’année 2024 se tienne à cette date, la rentrée étant la semaine prochaine. On met également en avant un conflit d’agenda : la Première ministre, qui était en déplacement en Guyane, n’était de retour à Paris que ce mardi.

Si Matignon assure de surcroit qu’il ne faut « surinterpréter » cette annulation, ces justifications ne convainquent pas et ne taisent pas toutes les spéculations autour de l’avenir du gouvernement d’Élisabeth Borne.

Cap vers les européennes

Il faut dire que l’exécutif traverse une crise sans précédent depuis l’adoption, dans la douleur, du projet de loi immigration à l’Assemblée nationale le mois dernier. Le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a démissionné, tandis que plusieurs autres, comme Clément Beaune (Transports), Roland Lescure (Industrie), Patrice Vergriete (Logement) ou Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur), avaient également menacé de rendre leur tablier. Sylvie Retailleau a même donné sa démission, qui lui a été refusée. Emmanuel Macron peut-il poursuivre avec des ministres qui désapprouvent cette loi emblématique de son quinquennat ?

Ce dilemme prend toute son importance à l’approche des élections européennes en juin prochain, car le Rassemblement national entend continuer à surfer sur la vague favorable qui le porte dans l’opinion et faire de cette élection une étape cruciale avant la présidentielle de 2027. Lors de ses vœux aux Français le 31 décembre 2023, le chef de l’État s’est, à nouveau, positionné en rempart face au parti à la flamme : il faudra choisir entre « continuer l’Europe ou la bloquer », a-t-il prévenu.

Par ailleurs, l’année 2024 sera aussi celle des Jeux Olympiques de Paris, des célébrations du 80e anniversaire du débarquement en Normandie, ou encore de la réouverture de Notre-Dame de Paris. De gros enjeux, qu’un remaniement d’ampleur pourrait bien préparer. Tout en aidant la difficile période des dix-huit derniers mois à se refermer : c’est l’avis de François Bayrou. Dans un entretien au Journal du Dimanche, le président du MoDem a estimé qu’« une nouvelle page s’ouvre » et qu’il faut donc « un élan nouveau, un renouvellement ».

« Il y aura un remaniement reste à savoir quand et qui ira à Matignon »

Au sein du camp présidentiel, où ces appels au « renouvellement » se multiplient, ils sont nombreux à soupçonner qu’avec ce report de date, Emmanuel Macron s’est donné du temps dans le but de recomposer une nouvelle équipe. « Il y aura un remaniement reste à savoir quand et qui ira à Matignon », souffle à Europe 1 un cadre de la majorité, qui considère l’actuel gouvernement à bout de souffle. Un proche de la Macronie tempère : « Emmanuel Macron est totalement imprévisible. Il est capable de renverser la table et de virer tout le monde mais il est aussi capable de continuer avec les mêmes », souligne-t-il.

Si remaniement ministériel il doit y avoir, de simples ajustements pourraient se révéler insuffisants pour réparer les fractures au sein du camp présidentiel. Après la séquence brûlante autour de la réforme des retraites, celui de juillet 2023 était passé presque inaperçu du fait de son manque d’ampleur. « On entre dans une sorte de zone grise », note donc un conseiller.

Quel est le sort qui attend Élisabeth Borne ? D’aucuns croient avoir décelé derrière l’hommage appuyé à la Première ministre un « au revoir » : « Tous ces mois passés ont donc été bien loin de l’impuissance qu’on nous prédisait. Et c’est heureux. Et je veux ici tout particulièrement en remercier la Première ministre et son gouvernement », a déclaré Emmanuel Macron. Pour un témoin interrogé par les Échos, ces mots « rappellent les remerciements adressés à Édouard Philippe après la crise du Covid ».

Qui pourrait prendre sa place ? Selon Ouest-France, Gérald Darmanin convoite le poste depuis des mois. Mais d’autres noms sont également soufflés : Bruno Le Maire (Économie) ; Christophe Béchu (Transition écologique) ; Sébastien Lecornu (Armées)… Les pistes Éric Dupond-Moretti et Gabriel Attal sont aussi évoquées.

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