Rentrer chez les parents, seule issue pour nombre de jeunes Américains

Par Epoch Times avec AFP
2 avril 2020 12:15 Mis à jour: 2 avril 2020 16:12

Ils sont jeunes pour la plupart, souvent étudiants, qui se voyaient voler de leurs propres ailes avant que le coronavirus ne les prive de petits boulots, fasse fermer leurs universités et les contraigne à retourner chez leurs parents.

« J’ai l’impression d’être retombée en adolescence », résume Joselynn Guzman, 21 ans, qui s’est installée, il y a quelques jours, chez ses parents, à Riverside (Californie). « Mais je crois que c’est un peu ce que tout le monde ressent aux Etats-Unis en ce moment. »

Selon le cabinet de conseil Entangled Solutions, près de 15 millions d’étudiants aux Etats-Unis ont été affectés par les mesures de prévention contre le coronavirus, qui se sont le plus souvent traduites par la fermeture des locaux et le passage aux cours en ligne.

 

-Un étudiant se tient debout avec ses affaires tout en quittant son dortoir à l’Université d’État de San Diego à San Diego, en Californie, le 18 mars 2020. L’Université a annulé le reste du semestre et a demandé aux étudiants de déménager dans les 48 heures. Photo de SANDY HUFFAKER / AFP via Getty Images.

Plus jeune des deux filles d’un couple d’immigrés mexicains, Joselynn avait pris sa liberté en intégrant l’université de Chico State, en Californie, à huit heures de route du domicile familial, et trouvé un petit emploi de caissière, qu’elle vient de perdre.

« Étrangement » dépendante

Aujourd’hui, elle suit en ligne les cours de son dernier semestre de sociologie avant le diplôme et se sent « étrangement » dépendante. « Vivre chez mes parents a réveillé l’enfant en moi. »

En première année d’école d’infirmière à l’université de Kent State (Ohio), Lauren Dalton vit aussi mal ce retour forcé, loin de sa chambre sur le campus, où elle était totalement libre de ses allées et venues.

« Quand je prends mes clefs pour sortir, c’est l’inquisition », dit la jeune femme, contactée via Twitter. « Où je vais, pour quoi faire, et à quelle heure je vais rentrer. »

Plus qu’une parenthèse un peu étrange, c’est, pour beaucoup, un retour en arrière qui bouscule leurs premiers pas dans la vie adulte.

-Des étudiants d’université à travers l’Amérique sont invités à quitter le campus et à poursuivre leurs cours en ligne après que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré une pandémie. Photo de Gregory Shamus / Getty Images.

Co-locataire en contact avec des malades du coronavirus

Etudiante à l’université d’Oklahoma State, Kellie Lail, 22 ans, avait déjà quitté ses parents depuis cinq ans.

En dernière année de premier cycle (équivalent du master) en biologie et chimie, elle avait deux petits boulots: l’un au club de gym de la fac, disparu avec la fermeture des locaux, et l’autre, à l’hôpital pour enfants, suspendu car considéré non essentiel.

Kellie entendait rester sur place malgré tout, jusqu’à ce que son co-locataire, phlébologue hospitalier, commence à être en contact avec des malades du coronavirus.

Inquiets, de la propagation de la pandémie en général mais surtout parce que leur fille présente un déficit immunitaire, les parents de la jeune femme lui ont demandé de rentrer à Lawton (Oklahoma), sa ville d’origine.

Kellie se voyait prendre une année sabbatique avant de commencer médecine, et voyager, avec un premier arrêt prévu au festival de Cannes. Tout est désormais en suspens.

Illustration- Le co-locataire de Kellie, phlébologue hospitalier, commence à être en contact avec des malades du coronavirus, elle quitte son appartement. Photo de John Moore / Getty Images.

« Rentrer à la maison et de suivre des règles »

« Je prévois de partir (du domicile parental) dès que les choses se calmeront », dit-elle.

« J’aurais voulu ne jamais revenir », lance Wynter March, étudiante en deuxième année de technologies de l’information à l’université du Missouri et désormais chez ses parents, à Saint-Louis.

« Quand vous vous êtes tellement habituée à vivre seule », dit-elle, « c’est bizarre de rentrer à la maison et de suivre des règles. »

« Ce que vit une personne à l’adolescence et l’entrée dans l’âge adulte tend à structurer sa vision du monde pour le reste de sa vie », selon Corey Seemiller, professeure à l’université de Wright State et spécialiste de la « Génération Z ».

Cette génération, dont les membres les plus âgés entrent maintenant dans la vie active, « était déjà très préoccupée par les questions d’argent et plutôt réticente au risque », dit-elle. « La pandémie et sa gestion vont encore renforcer ces peurs. »

Retrouvé un père violent

« J’avais un plan! J’avais un boulot qui m’attendait après le diplôme! », se lamente aussi Sage, qui a dû quitter le campus de Portland State (Oregon) pour retourner chez ses parents, à Ashland, et se dit incapable de suivre les cours à distance.

« Le problème pour les étudiants qui vivaient sur le campus », dit-elle, « c’est qu’on leur a laissé très peu de temps pour trouver un autre endroit pour vivre de façon indépendante. »

Souffrant de troubles psychiatriques, Sage avait trouvé un équilibre à l’université, entre son thérapeute, ses promenades, ses heures de bénévolat dans un refuge pour animaux et son emploi de bibliothécaire.

De retour chez ses parents, elle dit avoir retrouvé un père violent, dans un contexte de tension exacerbée par le confinement, qui la pousse à taire son nom de famille.

« Est-ce que je serai suffisamment stable mentalement pour retourner à l’université? », s’interroge-t-elle. « Est-ce que je pourrai trouver un boulot? Un appartement? Je n’ai aucune idée de ce à quoi ressemblera le monde quand tout ça sera fini. »

 

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