Rester en vie durant la peste : histoire de Yu Gun prenant soin de son frère malade

Par Cindy Chan
23 mai 2020 14:57 Mis à jour: 23 mai 2020 14:57

Dans sa ville natale, en pleine épidémie mortelle, alors que les gens abandonnaient leurs maisons ravagées ou fuyaient désespérément la ville pour échapper à l’infection, Yu Gun fut le seul à ne pas suivre le mouvement. Au lieu de cela, il était déterminé à rester sur place pour prendre soin de son frère aîné atteint de la peste. Plusieurs mois se sont passés avant que l’épidémie ne commence à s’atténuer progressivement. Contre toute attente, non seulement Yu Gun a été épargné -restant sain et sauf- mais son frère s’est également rétabli miraculeusement.

Voilà l’une des nombreuses histoires de protection contre la maladie qui se sont déroulées tout au long de l’histoire chinoise. Ce sont des histoires intemporelles qui méritent d’être explorées.

Yu Gun était un jeune homme bien éduqué qui vivait dans la province du Henan en Chine centrale pendant l’épidémie dévastatrice de 275 à 280, il y a plus de 1700 ans. Non seulement il connaissait bien les Classiques chinois, mais il était également très apprécié de tous pour son bon caractère, en particulier sa piété envers ses parents et ses frères et sœurs.

Contrait par le devoir filial envers son frère aîné et en dépit de circonstances difficiles, la décision de Yu Gun de rester sur place était pour lui, claire.

La maladie est apparue soudainement dans la région du Henan durant le règne de l’empereur Wu de la dynastie Jin de l’Ouest. Elle s’est répandue dans la région et a dégénéré en épidémie, faisant de nombreuses victimes. Parmi elles, se trouvaient deux des frères aînés de Yu Gun. Son deuxième frère aîné était aussi infecté et dans un état critique.

Afin de sauver leurs autres enfants, les parents de Yu Gun ont fabriqué un cercueil pour leur fils malade et se sont préparés à emmener Yu Gun et ses jeunes frères en lieu sûr. Mais Yun Gun ne voulait pas partir, car son frère aîné n’aurait alors personne pour s’occuper de lui.

« Je n’ai pas peur de la maladie »

Lorsque son père et son frère aîné l’ont pressé de fuir avec la famille, Yu Gun a répondu : « Je n’ai pas peur de la maladie. » Il est resté sur place et a soigné son frère avec toute son attention. Il ne s’est pratiquement pas reposé, dormant peu pendant plusieurs nuits. Parfois il regardait le cercueil et versait des larmes silencieuses mais il n’a jamais vacillé dans sa décision de rester présent pour son frère.

Yu Gun a pris soin de son frère sans relâche pendant plus de 100 jours avant que l’épidémie ne diminue progressivement et que leur famille et les autres habitants de la ville puissent rentrer. De retour chez eux, ils ont été étonnés et soulagés de constater que Yu Gun et son frère étaient tous deux sains et saufs.

Les anciens de la ville ont déclaré : « Ce garçon est vraiment extraordinaire ! Il a été capable de remplir son devoir alors que d’autres n’ont pas pu s’en acquitter et faire ce que les autres n’ont pas pu faire. »

« En effet, ce n’est qu’après un temps glacial que l’on peut voir vraiment à quel point le pin et le cyprès résistent mieux au froid que les autres arbres. Et il semble que la peste ne puisse pas infecter une bonne personne », ont-ils ajouté.

L’image hivernale du pin et du cyprès faisait référence à ces deux conifères souvent associés à la culture traditionnelle chinoise pour transmettre l’idée que ce n’est qu’à travers une épreuve importante et forte que l’on peut voir le véritable caractère d’une personne.

Représentation de sentiers cachés menant à des pavillons à étages parmi les pins et les cyprès. « Jade Cave Fairyland » de Qiu Ying. Parchemin suspendu à l’encre et à la couleur sur soie, 66,5 pouces par 25,8 pouces. Le musée du Palais, Pékin. (Domaine public)

Une véritable protection contre la peste

Le récit de la vie de Yu Gun comprend une série d’histoires sur des personnages historiques intitulée : « Bibliographie de la piété filiale » contenue dans le « livre de Jin » un texte officiel couvrant l’histoire de la Dynastie Jin de 265 à 420. Le récit de Yu Gun comprend plusieurs autres histoires en hommage à sa piété filiale, sa gentillesse, son caractère honnête et son attention à la bienséance.

La piété filiale est sans doute la plus importante des différentes vertus morales essentielles dans la culture traditionnelle chinoise, comme le montre le dicton : « La piété filiale est la racine de toute bonté. »

Confucius accordait beaucoup d’importance aux relations familiales parce qu’une famille stable et harmonieuse est la pierre angulaire d’une société stable et harmonieuse. L’idéal confucéen d’un homme de vertu s’étend de la piété filiale envers les parents, au respect envers son frère aîné, à la loyauté envers son monarque et à la fidélité et la confiance entre amis masculins.

Selon la croyance chinoise traditionnelle, la dévotion filiale de Yu Gun pourrait bien avoir été la qualité essentielle qui l’a aidée à rester en bonne santé et en sécurité au milieu de la grave épidémie.

A plusieurs reprises, l’histoire témoigne sur ce thème, comme transmis dans deux passages représentatifs de « Songfeng Shuoyi », ou « Les maladies épidémiques selon Songfeng », un livre du célèbre docteur Liu Kui de la dynastie Qing, également appelé Songfeng.

« Le mal n’empiétera pas sur le bien, et la piété filiale peut dissuader le ciel. Telle est la véritable protection efficace contre la peste. » a écrit Songfeng.

« Celui qui remplit son obligation filiale envers ses aînés – c’est la raison pour laquelle le ciel protège une telle personne », a aussi noté Songfeng.

 

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