« Retourner à l’école, ça m’a donné de la force » : elle apprend à lire et écrire à 50 ans et raconte son histoire dans un livre

Par Emmanuelle Bourdy
13 mai 2022 17:04 Mis à jour: 13 mai 2022 17:04

Dans un livre intitulé J’ai appris à lire à 50 ans (éditions Prisma), Aline Le Guluche raconte son histoire et comment elle est arrivée à vaincre l’illettrisme il y a dix ans. Afin de ne plus faire de ce sujet un tabou, elle est régulièrement invitée à parler de son parcours lors de conférences.

Aline Le Guluche, aujourd’hui âgée de 60 ans, a appris à lire et à écrire à 50 ans en retournant sur les bancs de l’école. Dans un livre qu’elle a écrit seule, elle raconte les écueils par lesquels elle est passée pour en arriver là. Invitée en tant qu’ambassadrice de la lutte contre l’illettrisme, elle doit se rendre à Léchiagat (Finistère) ce vendredi 13 mai, dans le cadre d’une conférence organisée par le collectif des amicales laïques du Pays bigouden.

Humiliée et maltraitée par son instituteur, elle a « bloqué » son apprentissage

Si l’illettrisme touche 2,5 millions Français, dont 4 000 en Bretagne, Aline Le Guluche a fait partie de cette catégorie dix ans plus tôt. « Je n’étais pas analphabète car je connaissais mon alphabet. J’étais illettrée », explique à France 3 Bretagne celle qui était la petite dernière d’une fratrie de huit enfants.

Aline Le Guluche est pourtant allée à l’école dès ses 6 ans, mais cet épisode scolaire a été et reste encore très douloureux pour elle. Entre les brimades de ses camarades, ainsi que les humiliations et la maltraitance de son instituteur, Aline souffrait de dyslexie, un sujet qui n’était pas vraiment abordé à cette époque. En raison de tous ces facteurs, elle va donc « bloquer » sur l’apprentissage de l’écriture et de la lecture. « Même encore maintenant, si quelqu’un est derrière moi quand j’écris, je tremble, je panique », lâche cette femme, issue d’une famille d’agriculteurs.

« Recopier, je savais faire car je ne suis pas arriérée mentalement »

Aline Le Guluche explique comment elle a réussi à masquer son illettrisme aux autres, jusqu’à ses 50 ans. Elle indique que lorsqu’elle a eu 16 ans, elle est partie travailler dans une usine où la secrétaire du patron « s’occupait de tous les papiers ».

À 30 ans, elle s’est fait embaucher dans un hôpital parisien dans lequel elle était chargée de s’occuper « des entrées et des listings pour les menus des patients ». Une tâche fastidieuse pour celle qui pensait être affectée à la plonge et au ménage. Mais elle s’en sort malgré tout, essayant de déchiffrer les mots, travaillant « en douce » chez elle le soir, à l’abri même du regard de ses enfants. « Recopier, je savais faire car je ne suis pas arriérée mentalement. Mais ça s’arrêtait là », stipule-t-elle.

« Ça suffit, je suis fatiguée, je veux évoluer et retourner à l’école »

Mais à force de devoir toujours trouver des excuses pour que personne ne s’aperçoive de son illettrisme, elle en a eu assez et a demandé à son employeur des cours de remise à niveau, après lui avoir annoncé son handicap. Elle lui a dit : « Ça suffit, je suis fatiguée, je veux évoluer et retourner à l’école. » Et c’est ainsi qu’à 50 ans, elle a « commencé à apprendre le sens des phrases, la syntaxe, les mots », poursuit-elle. « Retourner à l’école, ça m’a donné de la force. Il y a une autre Aline désormais qui s’est dépassée. Je me sens transformée », confie-t-elle à France 3.

C’est en 2016 qu’elle a écrit son livre, seule. L’ouvrage a été publié quatre ans plus tard, en 2020. « L’avoir entre les mains, je n’en revenais pas. Surtout que j’ai triché en l’écrivant sur mon ordinateur », plaisante-t-elle, cachant son émotion.

Depuis, l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme lui a proposé de témoigner lors de conférences publiques. Elle a également été contactée par Lancôme, qui a fait d’elle la porte-parole de son programme de lutte contre l’illettrisme des femmes en France, Écrire son futur. Celle qui aurait préféré rester « en retrait » se retrouve désormais sous les projecteurs, mais un seul but l’anime : témoigner, en parler. « J’y vais pour la cause, et pour la cause, j’arrive à dépasser mon stress », conclut-elle auprès de France 3.

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