Au risque de sa vie, un homme retourne au Soudan du Sud pour sauver d’autres personnes

"Les travailleurs humanitaires continuent d'être pris pour cible par les groupes armés, mais l'empathie pour aider ceux qui en ont besoin nous motive à surmonter les difficultés et à sauver des vies."

22 août 2018 02:35 Mis à jour: 6 septembre 2019 02:27

Malish John Peter était pleinement conscient des problèmes de sécurité et de la situation de crise dans son pays natal, le Soudan du Sud, lorsqu’il s’est consacré à soulager les souffrances là-bas par le biais du service humanitaire.

Sa décision quotidienne de fournir de l’aide malgré l’intensification des conflits n’a cependant rien à voir avec la reconnaissance publique, mais a tout à voir avec la propagation de l’espoir et la restauration de la dignité humaine.

« Offrir une aide humanitaire au Soudan du Sud est une question de sauver des vies », a-t-il dit à Humanity. Pour lui, il n’y a pas de cause plus valable à laquelle consacrer sa vie.

Le Rapport sur la sécurité des travailleurs humanitaires 2018, publié le 13 août par Humanitarian Outcomes, une firme de consultants qui fournit des recherches et des conseils stratégiques aux organismes d’aide humanitaire, a classé le Soudan du Sud comme l’endroit le plus dangereux pour les travailleurs humanitaires, et ce pour la troisième année consécutive.

Environ un tiers des 158 incidents de violence majeure – contre 313 travailleurs humanitaires dans 22 pays l’année dernière – se sont produits au Soudan du Sud, le pays le plus jeune du monde, selon le rapport.

« Oui, il n’est pas facile d’être un travailleur humanitaire dans ce pays », a dit Malish.

La Journée mondiale de l’aide humanitaire, instituée par les Nations Unies, est célébrée chaque année le 19 août pour honorer les travailleurs humanitaires qui viennent en aide aux personnes touchées par des crises dans le monde entier et à celles qui ont perdu la vie ou qui ont été blessées pendant leur service.

Trouver un refuge et rentrer chez soi

Malish, lui-même, est né à Kupera, un petit bourg situé juste au sud-ouest du Soudan du Sud, à la frontière de l’Ouganda.

Il a grandi en tant que réfugié en Ouganda, là où ses parents se sont échappés pendant la deuxième guerre civile entre le Sud et le Nord du Soudan, de 1983 à 2005. Malish a dit que la guerre, à l’époque, était menée entre le gouvernement du Soudan et l’Armée, le Mouvement de libération du peuple soudanais.

Malish John Peter est un travailleur humanitaire au Soudan du Sud. (Avec l’aimable autorisation de Malish John Peter)

« J’ai perdu mon père en 1990, quand j’avais 7 ans, et j’ai été élevé par ma mère », dit-il.

« En tant que jeune homme, aujourd’hui, j’attribue les réalisations de ma vie au généreux soutien d’organisations caritatives mondiales. Mon éducation secondaire a été parrainée par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés pendant mon séjour en Ouganda. »

« Plus tard, j’ai payé pour obtenir mon premier diplôme en Ouganda. En 2016-2017, j’ai étudié ma maîtrise en politique publique à l’Université de Nottingham au Royaume-Uni grâce à la bourse de l’Open Society Foundations. »

Aujourd’hui, Malish est marié et père de deux filles jumelles de 3 ans. Il réside à Juba, la capitale du Soudan du Sud, tandis que le reste de sa famille réside à Arua, en Ouganda.

« Cela est principalement dû au manque de sécurité actuel dans le pays, où il est dangereux de vivre avec toute la famille. De même, le manque de services de base, tels qu’une éducation et des soins de santé de qualité, m’a incité, ainsi que de nombreux autres jeunes du Soudan du Sud, à installer ma famille à l’extérieur du pays. »

Bien qu’il soit séparé de sa famille, Malish a déclaré qu’il est fier de représenter CARE, dans le cadre de la mission continue d’offrir des interventions vitales, y compris la nourriture, la sécurité et les services de santé.

Conflit au Soudan du Sud

Les défis au Soudan du Sud sont nombreux.

« Par exemple, les routes sont trop mauvaises pendant la saison des pluies, alors que nous passons des nuits sur la route. Cela expose notre personnel à des risques de sécurité encore plus considérables », a dit Malish. « Les travailleurs humanitaires continuent d’être pris pour cible par les groupes armés, mais l’empathie pour aider ceux qui en ont besoin nous motive à surmonter les difficultés et à sauver des vies. »

Le personnel de CARE, coincé au milieu d’une route boueuse. (Avec l’aimable autorisation de CARE)

La guerre civile au Soudan du Sud se poursuit dans le pays depuis 2013, entre les forces du gouvernement et les forces de l’opposition, rendant les efforts d’aide difficiles en raison de la violence persistante, ont déclaré des responsables de CARE, une organisation humanitaire mondiale fournissant des secours en cas de catastrophe dans les régions en crise et des solutions à long terme à la pauvreté dans le monde entier.

Les statistiques concernant les personnes dans le besoin et les personnes déplacées au Soudan du Sud sont parmi les pires au monde, a ajouté Malish.

« Aujourd’hui, 7 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, soit plus de la moitié de la population du pays. Plus de 5,3 millions de personnes, soit environ 43 % de la population, sont en situation d’insécurité alimentaire. On s’attend à ce que ce nombre passe à près de 7 millions », a déclaré Malish à Humanity.

La plupart des familles du Soudan du Sud n’ont pas de nourriture et survivent grâce à des plantes sauvages. Environ 7 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire cette année. (Avec l’aimable autorisation de CARE)

Après avoir rencontré le travail de CARE, Malish s’est officiellement joint aux efforts de l’organisation au Soudan du Sud en tant que conseiller en partenariat en juillet 2018. CARE travaille actuellement dans 94 pays et est présent au Sud Soudan depuis 1993.

Le travail de Malish ici consiste à amener les personnes touchées par les crises à s’impliquer dans le travail humanitaire et les secours d’urgence fournis par CARE.

« Un Soudanais du Sud sur quatre a été contraint de fuir son foyer en raison du conflit, 1,9 million de personnes ont été déplacées et 2,5 millions ont fui vers les pays voisins en tant que réfugiés. Environ 85 % de ces personnes déplacées sont des femmes et des enfants », a expliqué Malish. « CARE continuera à travailler au Soudan du Sud pour aider à reconstruire les moyens de subsistance disputés par le conflit en cours, offrir un soutien médical essentiel aux nombreux enfants souffrant de malnutrition et protéger les droits des femmes et des filles contre la violence sexiste. »

Malgré la signature d’un nouvel accord de paix début août, la paix est toujours absente au Soudan du Sud. Les femmes et les enfants sont les plus touchés. Jusqu’à présent, environ 4 millions de personnes ont été déplacées en raison du conflit en cours. Les femmes et les enfants représentent 85 % des personnes déplacées par la guerre. (Avec l’aimable autorisation de CARE)

S’engager dans une mission

« Je me sens spécial de faire partie de cette équipe qui a sauvé des vies qui auraient été perdues sans nos efforts dans les régions les plus reculées. Depuis les crises de 2013 au Soudan du Sud, CARE a touché plus de 900 000 personnes dans des zones difficilement accessibles à l’aide humanitaire », a-t-il dit.

Les personnes âgées et vulnérables ont été les plus touchées par la guerre en cours. Les niveaux extrêmes d’insécurité alimentaire ont forcé beaucoup de gens à survivre avec des plantes sauvages. (Avec l’aimable autorisation de CARE)

Malish admet que certains jours peuvent être très difficiles en tant que travailleur humanitaire au Soudan du Sud.

« Il n’est pas facile de trouver un équilibre entre les exigences professionnelles, la famille et le fait de penser à l’avenir de ce pays en tant que Sud-Soudanais, mais ce qui me fait avancer, c’est l’espoir et la foi que le Soudan du Sud se relèvera malgré l’épineux chemin de la reconstruction », a-t-il dit. « Chaque fois que je conduis en ville et que je suis témoin de l’augmentation du nombre d’enfants dans la rue et de ce qu’endurent des femmes et les jeunes pour survivre, je m’engage plus que jamais à servir ceux qui sont dans le besoin. »

CARE soutient des groupes de femmes pour former des banques villageoises. Au Soudan du Sud, il est difficile pour les femmes d’avoir accès à de petits prêts. Les banques villageoises leur ont permis d’épargner et d’obtenir des prêts pour démarrer de petites entreprises afin d’aider leur famille.

Sur la photo, Rebecca de Torit est maintenant en train de fabriquer des perles et a réussi à envoyer ses enfants à l’école grâce aux profits qu’elle a réalisés après avoir vendu ses produits. (Avec l’aimable autorisation de CARE)

Malish a dit que CARE se concentre spécifiquement sur l’autonomisation des femmes et des filles au Soudan du Sud, en les aidant financièrement à démarrer leur propre entreprise et en leur fournissant un soutien psychosocial pour survivre à la violence physique et sexuelle.

L’entreprise d’Adau Asok Khor est en plein essor, grâce au soutien et aux conseils de CARE sur la façon de gérer une petite entreprise : « J’ai des normes élevées que je maintiens toujours », dit-elle. « Elles sont aussi observées par mes employés. » (Des femmes épargnent pour la paix au Soudan du Sud)

N’importe quel individu dans le monde pourrait se joindre à Malish et CARE pour servir le Soudan du Sud en devenant un travailleur humanitaire ou par des contributions financières, a-t-il dit.

« Chaque 28 € donné à CARE permet à une femme d’assister à 4 visites prénatales et de s’assurer qu’elle donne naissance à un bébé en bonne santé. Chaque tranche de 48 € fournit un bon d’alimentation pour une famille pendant un mois et chaque tranche de 130 € peut fournir un soutien nutritionnel complet à un enfant souffrant de malnutrition », a dit Malish.

Si cet article vous a inspiré, n’hésitez pas à le partager !

Version originale

VIDÉO RECOMMANDÉE :

Pourquoi le 20e siècle a-t-il été le siècle le plus meurtrier de notre humanité ?

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.