ANALYSE: Le rôle du régime iranien dans les attaques terroristes en cours contre Israël

Quelques jours avant l'attaque, le guide suprême iranien a appelé à l'éradication du «régime sioniste» qu'il a qualifié de «cancer»

Par Naveen Athrappully
9 octobre 2023 16:14 Mis à jour: 9 octobre 2023 19:19

Le groupe terroriste islamique qui a mené l’attaque surprise contre Israël le week-end passé reçoit des fonds et des équipements de l’Iran – pays qui a versé des milliards de dollars au fil des ans à ses mandataires terroristes dans le but déclaré de supprimer l’État hébreu.

Le 7 octobre, une branche militaire du Hamas, soutenu par l’Iran, a lancé une attaque non provoquée contre Israël, en s’infiltrant dans ce pays. Les hommes armés se sont déchaînés pendant des heures, abattant des civils dans les villes, le long des autoroutes et lors d’une rave party organisée dans le désert près de Gaza. Selon les médias israéliens, plus de 800 personnes auraient été tuées, des milliers d’autres blessées et un nombre indéterminé de citoyens et de soldats enlevés.

Les Brigades Izzuddin Al-Qassam (IQB), qui ont mené l’attaque, ont glorifié l’Iran pour son soutien.

« Nous remercions la République islamique d’Iran qui nous a fourni des armes, de l’argent et d’autres équipements », a souligné le porte-parole de l’IQB dans un clip vidéo diffusé sur les médias sociaux. « Il nous a donné des missiles pour détruire les forteresses sionistes et nous a aidés avec des missiles antichars ! »

L’attaque du Hamas a eu lieu quelques jours seulement après que le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a appelé à la violence contre Israël.

« L’ayatollah Khomeini [prédécesseur de Khamenei] a un jour décrit le régime sioniste usurpateur comme un cancer », a-t-il déclaré dans un message publié le 3 octobre sur X (ex-Twitter). « Ce cancer sera définitivement éradiqué par les mains du peuple palestinien. »

Le 7 octobre, IQB a diffusé des vidéos montrant plusieurs de ses combattants opérant à l’intérieur d’Israël. Il s’agit du groupe du Hamas le plus important et le mieux équipé basé à Gaza, qui a participé à plusieurs guerres contre Israël.

Le Hamas est une organisation terroriste sunnite – l’un des principaux courants religieux de l’islam – qui a été fondée en 1988 en tant qu’émanation des Frères musulmans.

L’Iran utilise le Hamas, basé dans la bande de Gaza, pour lancer des attaques contre Israël. Avec l’aide de Téhéran, le Hamas a construit un long réseau de tunnels souterrains dans la région et sous la frontière entre Israël et Gaza pour mener des attaques, dissimuler des armes et garder des civils israéliens kidnappés.

Saleh al-Arouri, chef adjoint du bureau politique du Hamas, a affirmé dans une interview à la chaîne Al Jazeera que suffisamment de soldats israéliens avaient été capturés lors de l’attaque du 7 octobre pour obliger les autorités israéliennes à libérer tous les prisonniers palestiniens qu’elles détiennent.

« Nos détenus dans les prisons [israéliennes] sont sur le point d’être libérés », a-t-il annoncé. « Ce que nous avons entre les mains nous permettra de libérer tous nos prisonniers. Plus les combats se poursuivront, plus le nombre de prisonniers augmentera. »

Soutien de l’Iran au Hamas et au Hezbollah

Les dirigeants iraniens, qui sont extrêmement hostiles à Israël et ont juré à plusieurs reprises de rayer ce pays de la carte, ont organisé de nombreuses réunions au cours des derniers mois, appelant à une action renouvelée et unie contre Israël, constate le groupe de recherche à but non lucratif Fondation pour la défense des démocraties (FDD).

« Depuis 1992, le régime iranien a investi des milliards de dollars pour fournir de l’argent, des armes et de l’entraînement au Hamas, qui s’est ouvertement allié aux dirigeants iraniens. Les deux partagent non seulement une idéologie islamiste radicale, mais aussi la conviction qu’Israël doit être anéanti », a expliqué Hussain Abdul-Hussian, chercheur au FDD, dans un article publié le 7 octobre.

« Les événements qui se déroulent dans le sud d’Israël sont la conséquence du fait que le régime iranien fournit depuis longtemps des armes et des fonds aux groupes terroristes palestiniens opérant dans la bande de Gaza », a indiqué Joe Truzman, analyste de recherche au FDD. « L’Iran a également soutenu des organisations terroristes dans d’autres régions, notamment au Liban, en Cisjordanie, en Syrie, en Irak et au Yémen. »

Après l’attaque du Hamas contre Israël, le Hezbollah, le groupe militant soutenu par l’Iran au Liban, a pris pour cible des positions militaires israéliennes dans la zone contestée à la frontière. Il a déclaré que cette action avait été entreprise « en solidarité » avec le peuple palestinien. Les Forces de défense israéliennes ont riposté par une frappe de drone sur une position du Hezbollah.

Le Hezbollah est une organisation militante chiite – un autre des principaux courants religieux de l’islam. Il a été créé par les gardiens de la révolution iraniens en 1982, au cours de la guerre civile libanaise, dans le but d’étendre l’idéologie islamiste de l’Iran et de combattre les forces israéliennes qui ont occupé pendant 4 mois le sud du Liban en alliance avec les milices libanaises majoritairement chrétiennes.

Le 7 octobre dernier, le Hezbollah a annoncé être en « contact direct » avec les dirigeants des groupes de « résistance » en Palestine, qualifiant l’attaque du Hamas en Israël de « réponse décisive à la poursuite de l’occupation israélienne et de message à ceux qui cherchent à normaliser des relations avec Israël », selon Reuters.

« L’Iran a mis en place un réseau d’au moins 19 groupes armés aux frontières d’Israël, notamment à Gaza, en Cisjordanie, au Liban et en Syrie », constate le FDD sur la base de son tracker.

Les plus importantes de ces organisations sont le Hamas et le Hezbollah. FDD affirme que l’Iran envoie chaque année environ 100 millions de dollars au Hamas et 700 millions de dollars au Hezbollah.

Le rôle de l’administration Biden

L’attaque du Hamas contre Israël a été condamnée par le président américain Joe Biden.

« Les États-Unis condamnent sans équivoque cette attaque effroyable contre Israël menée par les terroristes du Hamas depuis Gaza », a-t-il déclaré dans un communiqué. »Israël a le droit de se défendre et de défendre son peuple. Les États-Unis mettent en garde contre toute autre partie hostile à Israël qui chercherait à tirer profit de cette situation. Le soutien de mon administration à la sécurité d’Israël est très solide et inébranlable. »

Des gens observent les dégâts dans une rue de Tel Aviv après qu’elle a été touchée par un missile tiré par des militants palestiniens depuis la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (Jack Guez/AFP via Getty Images)

Dans le même temps, l’ancien président Donald Trump a accusé la politique de Joe Biden d’avoir provoqué cette attaque.

« Joe Biden a trahi Israël », a-t-il lancé devant une foule de ses partisans le 7 octobre à Cedar Rapids, dans l’Iowa. « J’ai prédit la guerre en Israël immédiatement après l’annonce que Joe Biden avait donné 6 milliards de dollars à l’Iran. »

Donald Trump a insisté sur le fait que les États-Unis et Israël avaient besoin d’un « partenariat très fort ».

Les 6 milliards de dollars auxquels il a fait référence sont des fonds iraniens qui étaient bloqués en Corée du Sud. Ces fonds y ont été détenus depuis 2019, après que les États-Unis ont imposé des sanctions à Téhéran. En août, l’administration Biden a conclu un accord avec l’Iran pour permettre à Téhéran d’accéder à ces 6 milliards de dollars en échange de la libération de cinq otages américains. Dans le cadre du même accord, cinq ressortissants iraniens, poursuivis ou condamnés aux États-Unis, ont également été libérés.

« Cette décision sera extrêmement meurtrière. Biden donne 6 milliards de dollars au principal État soutenant le terrorisme dans le monde. (…) La rançon versée par Biden sera immédiatement utilisée pour attiser la violence, l’effusion de sang et le chaos au Moyen-Orient et dans le monde entier, ce qui coûtera d’innombrables vies innocentes », a mis en garde Trump en août.

À la suite de l’attaque meurtrière contre Israël, la décision de Biden de débloquer les 6 milliards de dollars d’actifs iraniens est sévèrement critiquée.

« Il y a un mois, Trump avait prédit que les 6 milliards de dollars que Biden a donnés à l’Iran seraient utilisés pour des attaques terroristes au Moyen-Orient et en particulier pour des enlèvements », a commenté l’animateur de télévision Jack Posobiec dans un message publié sur X le 7 octobre. « C’est exactement ce que nous voyons en Israël ce matin. »

« Israël est aujourd’hui attaqué par les terroristes du Hamas soutenus par l’Iran », a constaté le même jour Ron DeSantis, gouverneur de Floride et candidat à l’élection présidentielle américaine de 2024. « L’Iran a aidé à financer cette guerre contre Israël, et les politiques de Joe Biden, qui sont devenues bien conciliantes, a contribué à remplir ses coffres. »

Selon le FDD, la politique de l’administration Biden a « renforcé et enhardi » le régime iranien. Alors que les responsables de cette administration affirment que les 6 milliards de dollars ne peuvent être utilisés qu’à des fins humanitaires, le président iranien Ebrahim Raïsi a déjà annoncé que le pays dépenserait son argent comme il le trouve approprié.

« Quoi qu’il en soit, l’argent est fongible, et l’argent reçu par l’Iran libère d’autres ressources budgétaires pour parrainer le terrorisme », a souligné le FDD.

La question de l’Arabie saoudite et de la Chine

L’attaque du Hamas, qui a conduit Israël à se déclarer en état de guerre, complique les efforts visant à parvenir à un accord entre l’Arabie saoudite et Israël.

Les corps des civils tués lors de l’attaque du Hamas dans la ville de Sdérot, dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. (Baz Ratner/AFP via Getty Images)

Dans un communiqué publié à la suite de l’attaque, l’Arabie saoudite a adopté une approche pro-palestinienne, déclarant que la situation dans la région pourrait s’aggraver « en raison de la poursuite de l’occupation, de la privation du peuple palestinien de ses droits légitimes et de la répétition de provocations systématiques contre ses valeurs sacrées », selon le Times of Israel.

Joost Hiltermann, directeur pour le Moyen-Orient de l’International Crisis Group, a estimé dans une interview à l’hebdomadaire Barron’s que l’attaque du Hamas pourrait avoir été en partie lancée par peur de la possible « marginalisation de la cause palestinienne aux yeux des Palestiniens » en cas de normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et Israël.

Après la réponse musclée d’Israël, les États arabes pourraient se sentir obligés d’adopter une position plus dure à l’égard d’Israël afin de se conformer à l’opinion publique dans leurs pays, a-t-il ajouté.

« Si tout cela se produit, je prévois un scénario dans lequel, tout comme dans le cas de la paix froide existant entre Israël et la Jordanie ou entre Israël et l’Égypte, nous verrons un refroidissement des relations entre Israël et les Émirats et probablement un retard, au moins, de toute sorte d’accord entre Israël et l’Arabie saoudite. »

Entre-temps, une déclaration du régime chinois sur l’attaque a irrité les responsables israéliens.

Le 7 octobre, le ministère chinois des Affaires étrangères a demandé aux deux parties de rester calmes, insistant sur le fait que la résolution du conflit pourrait avoir besoin « de la mise en œuvre de la solution à deux États et de l’établissement d’un État palestinien indépendant », selon Reuters.

En réponse, Yuval Waks, haut fonctionnaire à l’ambassade d’Israël à Pékin, a déclaré qu’il s’attendait à une « condamnation plus ferme » du Hamas de la part de la Chine.

« Lorsque des gens sont assassinés, massacrés dans les rues, ce n’est pas le moment d’appeler à une solution à deux États », a-t-il martelé.

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