Saint-Denis : des agents municipaux soupçonnés d’avoir aidé deux salafistes contre une association de défense de la laïcité

Par Paul Tourège
11 octobre 2019 17:45 Mis à jour: 11 octobre 2019 17:45

Scandalisé par « le comportement ambigu » des deux agents de la mairie, le président de l’Observatoire de la laïcité demande des comptes à la municipalité communiste.

Samedi dernier, l’Observatoire de la laïcité de Saint-Denis (OLSD), un collectif dont l’objectif consiste à « faire connaître les fondements de la laïcité » aux Dyonisiens et « à recenser tous les manquements constatés », participait à un forum des associations organisé à Saint-Denis.

Peu après l’événement, le collectif a fait état d’une « provocation salafiste » à l’encontre de ses membres présents pendant le forum.

« Une demi-heure avant la fin de l’événement, ils ont été les victimes d’une agression provoquée par deux personnes vêtues dans le mode salafiste : un homme portant un kamis blanc (chemise jusqu’aux chevilles) et une autre personne non identifiable, apparemment une femme, entièrement recouverte de la tête aux pieds d’un voile intégral noir lui cachant y compris les yeux », raconte le président de l’OLSD André Gomar dans un message publié sur la page Facebook de l’association.

« Surpris puis indigné par la présence d’une personne portant illégalement le voile intégral dans l’espace public », un des membres du collectif présent sur le stand décide alors de prendre un cliché des deux protagonistes.

« Cette simple action a déclenché une réaction violente du couple qui a exigé la destruction immédiate des images. Face à la résistance du militant ayant pris les photos, la personne voilée s’est introduite à l’intérieur du stand et lui a arraché le téléphone des mains, rapidement repris par un autre membre de l’OLSD. Après cette tentative de vol infructueuse, le couple a quitté les lieux », poursuit M. Gomar.

« Les véritables victimes ont été traitées comme des coupables »

L’histoire aurait pu s’arrêter là si le couple n’était pas réapparu quelques minutes plus tard en compagnie de deux agents municipaux pour exiger que le membre de l’association efface les photos qu’il avait prises.

« Un quart d’heure plus tard, le couple est revenu, escorté de deux policiers municipaux. Sans demander au préalable la version des faits aux militants de l’OLSD, les deux policiers ont accusé le militant qui a pris les photos d’avoir brutalisé le couple, puis ils l’ont sommé de détruire les clichés. Face au refus réitéré de détruire les images, les deux agents ont fait preuve d’un zèle qui dépasse l’entendement en menaçant ‘d’une plainte’ […] », explique le président de l’Observatoire de la laïcité.

« Avant de quitter les lieux, en compagnie des deux personnes salafistes, les deux policiers ont photographié le stand », ajoute-t-il.

Profondément choqué par l’incident dont il estime qu’il a été « marqué par une inversion des postures, les agresseurs se drapant dans un statut de victimes […] alors que les véritables victimes ont été traitées comme des coupables », André Gomar souhaite désormais « que la municipalité, responsable de la sécurisation des stands, enquête, apporte des réponses et sanctionne ».

« Dans le contexte actuel où des institutions sensibles de l’État sont infiltrées par l’islamisme (quatre policiers assassinés à la préfecture de police de Paris), l’OLSD s’interroge sur le comportement ambigu des deux policiers, contraire à leur double mission : protéger les citoyens et faire respecter la Loi », souligne le responsable associatif.

« On marche sur la tête »

Et M. Gomar de s’interroger : « La loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public entrée en vigueur en 2010 est-elle une loi qui s’applique aussi à Saint-Denis ? Si tel est le cas, pourquoi une personne en voile intégral circulait-elle librement dans l’espace public et comment se fait-il qu’elle participait à une activité organisée par la municipalité, dans un endroit sécurisé ? »

« On imagine facilement que la consigne est le laxisme sur le voile intégral, mais de là à soutenir les salafistes dans leurs opérations de menace sur des défenseurs de la laïcité, on marche sur la tête ! », a ajouté le président de l’OLSD dans les colonnes du Point.

« J’aimerais qu’on m’explique à quel titre des agents municipaux ont prêté concours à des gens en infraction ! Par ailleurs, nous avons tous été fouillés avant d’entrer sur le site, mais cette femme est rentrée sans problème. Alors qu’elle était en infraction manifeste avec la loi », poursuit André Gomar qui demande à être reçu par le maire communiste de Saint-Denis Laurent Russier.

« L’observatoire de la laïcité raconte n’importe quoi »

Si la municipalité dyonisienne devrait faire droit à la requête exprimée par le président de l’association, elle a livré sa version des faits ce jeudi, affirmant qu’aucun agent de la mairie n’avait pris parti contre les membres de l’Observatoire de la laïcité présents sur le stand du forum des associations.

« L’observatoire de la laïcité raconte n’importe quoi. Les membres de l’observatoire de la laïcité étaient ivres sur leur stand et ont insulté ce couple. Ce sont les gardes de l’espace public, qui sont des agents municipaux qui n’ont pas le pouvoir de police, qui sont intervenus et qui ont fait de la médiation en demandant d’arrêter de filmer. On n’est absolument pas sur une question de laïcité », assure Richard Perrin, responsable de la communication de la mairie de Saint-Denis.

Des explications qui n’ont manifestement pas convaincu Richard Malka, avocat de l’OLSD : « Ce sont des employés de la mairie, qui sont en uniforme… C’est quand même étrange de porter assistance à des gens qui sont en contravention flagrante avec le droit. »

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.