Seine-et-Marne : détournement d’1,2 million d’euros d’allocations pour demandeurs d’asile, deux filières d’immigration clandestine démantelées

Par Emmanuelle Bourdy
8 mai 2021 05:33 Mis à jour: 10 mai 2021 06:39

Deux filières d’immigration clandestine ont été démantelées en avril dernier en Seine-et-Marne. L’une d’elles était ukrainienne, et l’autre moldave. Cela a conduit les enquêteurs de l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi des étrangers sans titre (Ocriest) à arrêter neuf personnes.

Ce mardi 13 avril 2021, six Ukrainiens et trois Moldaves ont été interpellés à Émerainville, après avoir détourné plus d’un million d’euros d’allocations pour demandeurs d’asile, rapporte Le Parisien. Une quarantaine de policiers de l’Ocriest, accompagnés de collègues, entre autres des CRS et des gendarmes. Ces arrestations ont permis de démanteler deux filières d’immigration clandestine.

Des équipes de l’Ocriest étaient sur l’affaire depuis fin juin 2020. La préfecture de Seine-et-Marne avait alors jugé anormale l’augmentation importante des demandes d’asile de la part d’Ukrainiens et de Moldaves. L’Ocriest avait ensuite ouvert une enquête, identifiant les deux filières.

Bien huilé, le mode opératoire consistait à faire venir des demandeurs d’asile d’Ukraine et de Moldavie sur le sol français. Les candidats à l’immigration étaient au préalable recrutés dans leur pays d’origine. Une fois arrivés en France, ces immigrés étaient hébergés dans d’anciens entrepôts d’usines désaffectées et réaménagés. Une aide et des conseils dans leurs démarches administratives leur était apportée. Ils pouvaient alors déposer une demande d’asile en préfecture. Par la suite, ils recevaient une carte de paiement créditée du montant de l’allocation pour demandeurs d’asile (ADA), à savoir environ 440 € par mois et par adulte, ce qui lui permettait à la base de pouvoir subvenir à ses besoins, dans l’attente de la réponse de la Préfecture, qui pouvait durer de six à huit mois.

De leur côté, les organisateurs récupéraient ces cartes de crédit, dépensaient une partie de cet argent en France. Une autre partie était transférée par virement sur leurs comptes ou ceux de leurs proches en Ukraine ou en Moldavie. Ensuite, ils réexpédiaient les demandeurs d’asile dans leur pays d’origine, parfois en utilisant la force. Les escrocs profitaient ainsi d’une faille dans le système de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), la présence physique sur le territoire français des demandeurs d’asile n’étant pas demandée par cet organisme chaque mois, précisent nos confrères, qui ont tenté de joindre l’OFII sans y parvenir.

C’est ainsi que depuis deux ans, ces organisateurs peu scrupuleux ont réussi à récupérer environ 500 cartes de crédit, représentant un montant détourné de 1,2 million d’euros. Les enquêteurs ont réussi à mettre la main sur un certain nombre de cartes.

Les 9 hommes arrêtés le 13 avril ont été placés en détention provisoire. Ils sont poursuivis pour aide à l’entrée et au séjour irrégulier sur le territoire français, et également pour recel en bande organisée et escroquerie en bande organisée. Ils encourent une peine de prison de dix ans. Le parquet de Melun a déclaré qu’une information judiciaire avait été ouverte. « L’affaire est à l’instruction, car il y a encore de nombreuses investigations à mener pour en savoir plus sur l’organisation de la fraude et des filières d’écoulement », a-t-il précisé au Parisien.

De plus, dix autres personnes ont pu être arrêtées sur le sol ukrainien, grâce à la collaboration des autorités des deux pays.

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