La sénatrice Esther Benbassa accusée de harcèlement par ses anciens collaborateurs

Par Léonard Plantain
11 juillet 2021 09:13 Mis à jour: 11 juillet 2021 09:13

Humiliations, menaces, harcèlements : 8 ex-collaborateurs et 6 anciens étudiants ont dénoncé les abus qu’Esther Benbassa leur a infligés lors de leur collaboration. En retour, dans un communiqué, la sénatrice EELV (Europe Ecologie-Les Verts) a fait savoir qu’elle se mettait en retrait.

Depuis ce jeudi 8 juillet, la sénatrice Esther Benbassa est dans la tourmente. En effet, l’élue d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), et directrice d’études à l’École pratique des hautes études (EPHE), est accusée d’harcèlement moral, d’humiliations et de menaces sur d’anciens collaborateurs. Et ce, avec des preuves à l’appui, comme l’a révélé Mediapart, qui a pu consulter des e-mails, messages et courriers de 8 anciens secrétaires et 6 de ses anciens étudiants.

D’après eux, Esther Benbassa « humiliait en permanence ses assistants ». Un véritable climat de « terreur » régnait au sein de son équipe. Ainsi, « la méthode Benbassa » serait faite « d’humiliations, de menaces et de harcèlement ». « Elle pouvait être adorable et subitement devenir exécrable et humiliante », a expliqué l’un d’eux. « Elle alterne les compliments et les cadeaux avec des humiliations et des menaces », a indiqué une ancienne salariée. « Ça a été très vite compliqué, je ressentais une angoisse permanente à l’idée d’aller au boulot et je craignais le moment où elle pouvait être détestable », a déclaré un autre.

Mais ce n’est pas tout, Esther Benbassa est également accusée de ne pas payer équitablement ses collaborateurs. Une ancienne assistante, qui a travaillé sous ses ordres en 2019, a partagé : « Cela lui arrivait de moins bien payer les femmes que les hommes à compétences égales. J’étais payée 200 euros de moins que mes collègues hommes ».

De plus, dans une autre plainte, une de ses salariées a déclaré avoir dû décaler à plusieurs reprises une opération chirurgicale d’importance, à la demande d’Esther Benbassa. Les faits remontent au 1er janvier 2020. La jeune femme, qui se fait appeler Dany par Mediapart, souffrait d’un pneumothorax et devait être rapidement opérée du poumon. Cependant, en période d’essai, et par peur que son contrat « ne soit pas renouvelé », Dany a repoussé son opération au 10 février. Problème, « la semaine suivante, alors qu’elle savait mon état fragile, Esther m’a demandé de l’accompagner à une manifestation tout un après-midi. On est ensuite allé dans un café et c’est là qu’elle m’a annoncé qu’elle ne souhaitait plus me garder dans son équipe ». Esther Benbassa lui a alors reproché sa « fragilité ». « Il était très clair que le fait que je doive me faire opérer lui posait problème et que cela n’arrangeait pas son calendrier parlementaire », a indiqué Dany.

De son côté, Esther Benbassa a nié le fait d’avoir voulu la licencier. Selon ses explications, elle aurait voulu « seulement décaler (l’opération) aux vacances de février ou de mars », a rapporté Valeurs Actuelles. Finalement, Dany a reporté son intervention au 11 mars. Mais deux jours avant son hospitalisation, la sénatrice EELV a recommencé à la menacer.

Selon Dany, Esther Benbassa a réclamé à ce que l’opération soit reportée en juillet à cause « des priorités au bureau ». Elle l’a même menacé de rompre sa période d’essai : « Vous savez, je peux encore aujourd’hui annuler votre contrat de CDI puisque c’est jusqu’à ce soir ». Le 23 avril, Dany a finalement accepté une rupture conventionnelle de son contrat : « Il était hors de question pour moi de retravailler pour elle », a-t-elle assuré.

À noter que selon Mediapart, qui a contacté certains étudiants d’Esther Benbassa, la direction de l’EPHE avait été alertée du comportement abusif de la sénatrice EELV. De même pour le Sénat, où « tout le monde savait » ce qu’elle infligeait à ses collaborateurs.

Par la suite, dans la soirée du jeudi 8 juillet, Esther Benbassa a publié un communiqué en réponse à Médiapart. Si elle regrette la lecture d’un article « exclusivement à charge », contestant en particulier les accusations sur les rendez-vous de santé d’un de ses assistantes, la sénatrice a tout de même avoué « avoir pu commettre des erreurs ».

Esther Benbassa a également affirmé ne pas vouloir « contester le ressenti » des personnes concernées, auprès desquelles elle s’excuse. Dans le même temps, le groupe EELV au Sénat a publié un communiqué sévère, dans lequel il pointe « l’extrême gravité des accusations portées, traduisant une grande souffrance au travail ». Apportant son soutien aux salariés, le groupe a déclaré qu’avec l’accord de la concernée, Esther Benbassa va être « mise en retrait » du groupe, « le temps d’étudier les suites à donner à ces accusations ». Une chose qui a été actée.

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