Les Sri lankais protestent contre la concession par leur gouvernement d’un important port à la Chine

12 septembre 2018 19:22 Mis à jour: 12 septembre 2018 19:22

Au Sri Lanka, des dizaines de milliers de manifestants, dirigés par l’ancien président Mahinda Rajapaksa, sont récemment sortis dans les rues pour protester contre la décision de leur gouvernement à remettre à la Chine le contrôle d’un important port pour rembourser ses énormes dettes.

Le 6 septembre, Voice of America (VOA) a rapporté que de nombreuses manifestations anti-gouvernementales à grande échelle avaient eu lieu dans les rues de Colombo, la capitale du Sri Lanka. Les Sri lankais protestaient contre la corruption du gouvernement et sa décision de céder le port de Hambantota à la Chine, demandant que le gouvernement démissionne.

Le 5 septembre, les manifestants ont bloqué plusieurs routes principales de la capitale, provoquant la fermeture des écoles et des commerces situés à proximité.

Le port en eau profonde de Hambantota, dans le sud du Sri Lanka, a été financé et construit par la Chine et a commencé ses opérations en juin 2012. La Chine a également créé une zone économique de 15 000 acres autour du port. Ces projets ont été effectués dans le cadre de l’initiative gigantesque chinoise de projets d’infrastructure « One Belt, One Road – OBOR » (une ceinture, une route), qualifiée de « nouvelles routes de la soie », qui vise à accroître l’influence géopolitique chinoise en Asie, en Europe, en Afrique et dans certaines régions d’Amérique latine.

En décembre 2017, le gouvernement sri lankais a accepté de céder l’intégralité du port de Hambantota au régime communiste chinois pour un bail de 99 ans, visant à convertir en fonds propres ses dettes de 1,4 milliard de dollars. L’acquisition par Pékin de la propriété de ce port permet au régime chinois de s’imposer dans la région de l’océan Indien.

Vue générale du chantier du projet de récupération de 1,4 milliard de dollars financé par la Chine à Colombo, le 21 juin 2018. (ISHARA S. KODIKARA/AFP/Getty Images)

Depuis que le régime chinois a initié l’OBOR en 2013, près de 70 pays ont accepté de participer dans les projets de Pékin.

Toutefois, les projets d’OBOR évoquent de plus en plus de doutes et de préoccupations au sein de la communauté internationale ainsi qu’une forte résistance de la part des citoyens des pays participants.

Le journal allemand Handelsblatt a rapporté que 27 des 28 ambassadeurs de l’Union européenne en Chine ont publié conjointement, en avril, un rapport condamnant les projets d’OBOR du Parti communiste chinois (PCC) comme un obstacle au libre-échange destiné à « diviser l’Europe ». Seul l’ambassadeur hongrois n’a pas signé ce rapport.

Un article publié en juillet dans le Financial Times citait les résultats de recherches du cabinet de conseil RWR Advisory Group, qui avait révélé que sur 1 674 projets d’infrastructure annoncés par le régime chinois dans 66 pays participant à l’OBOR, environ 14 % ou 234 projets avaient rencontré des problèmes d’administration – tels que l’opposition publique aux projets, les objections concernant les politiques de travail, les retards et les préoccupations concernant la sécurité nationale.

Récemment, des organisations internationales telles que le Fonds monétaire international et certains gouvernements ont également averti que l’OBOR pourrait entraîner un lourd endettement pour plusieurs pays.

Un rapport publié en mai 2018 par Harvard Kennedy School a critiqué le PCC pour avoir accordé, par le biais d’OBOR, des prêts stratégiques aux pays pauvres et avoir propagé la « diplomatie de la dette » dans 16 pays, dont le Sri Lanka. Selon ce rapport, les projets sont souvent au service des intentions de Pékin d’obtenir des ressources stratégiques et d’étendre son influence politique dans la région Asie-Pacifique.

Sunny Chao

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