Sur l’île de Noirmoutier, les agriculteurs réutilisent les eaux usées, car «il n’y a pas de nappes phréatiques d’eau potable»

Par Emmanuelle Bourdy
28 janvier 2023 10:23 Mis à jour: 28 janvier 2023 10:23

Alors que l’élément eau se fait rare depuis l’épisode de sécheresse de 2022, le gouvernement planche pour trouver une meilleure gestion de celui-ci. La réutilisation des eaux usées après épuration pourrait être l’une des solutions pour irriguer les plantations. L’île de Noirmoutier, qui n’a pas de nappes phréatiques d’eau potable, utilise ce système depuis plusieurs décennies. Ce sont les agriculteurs eux-mêmes qui l’ont créé, en se connectant aux deux stations d’épuration de l’île.

L’eau potable est acheminée sur l’île de Noirmoutier par le biais de canalisations. Elle est donc un précieux liquide qu’il ne faut pas gaspiller. Pour permettre l’irrigation maraîchère dans les champs, les agriculteurs de l’île de Noirmoutier ont financé, dans les années 1980, 20 kilomètres de canalisations à partir de l’eau des lagunes de stockage. Un système vital pour les 22 familles de l’île qui cultivent cette petite pomme de terre précoce, dont la notoriété n’est plus à faire.

« Cette ressource en eau, pour un Noirmoutrin, […] c’est de l’or ! »

« Cette ressource en eau, pour un Noirmoutrin, dans son ADN, c’est quelque chose de très important, c’est de l’or ! » déclare à France info Fabien Gaborit, le président de la communauté de communes de l’île de Noirmoutier. Il poursuit : « On veut utiliser cette eau parce que le territoire n’en a jamais produit. Et donc on va essayer de l’optimiser pour avoir un modèle économique qui nous permette de développer le territoire et son agriculture par cette eau de réutilisation. » L’agriculture utilise 45% de cette eau usée traitée.

« L’eau nous coûte assez cher, sûrement plus cher que pour les agriculteurs qui ont des réserves personnelles dans leur exploitation », pointe Laurent Tessier, président de l’association d’irrigation et également agriculteur. Toutefois, il admet que ce système d’irrigation est « quand même moins cher » puisqu’il représente « 40% du prix de l’eau potable ».

« L’élément le plus compliqué à gérer, c’est la bactériologie »

Mais ce système n’est pas sans inconvénient, notamment au niveau des contrôles sanitaires. Des analyses doivent être réalisées « toutes les semaines en période d’irrigation sur, notamment, Escherichia coli et les matières en suspension », précise à nos confrères Cyril Groslier, technicien assainissement à la communauté de communes de l’île de Noirmoutier. Un arrêté préfectoral leur impose « un suivi régulier sur certains paramètres ». Dès lors qu’il y a un dépassement de seuils, l’irrigation doit être stoppée et les irrigants ainsi que le préfet doivent être alertés.

Ce système, qui ne s’est pas encore démocratisé en France, a fait ses preuves dans d’autres pays, notamment en Espagne et en Israël.

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