Tom Stoppard, scénariste de « Brazil » et « Shakespeare in Love », s’éteint à 88 ans
Couronné pour le scénario de « Shakespeare in Love » et pour son unique film en tant que réalisateur, « Rosencrantz et Guildenstern sont morts », Lion d’or à Venise en 1990, Tom Stoppard, mort à l’âge de 88 ans, était l’un des plus fameux dramaturges britanniques.

LONDRES, ANGLETERRE – 7 avril 2017 : Le dramaturge et scénariste britannique d’origine tchèque Tom Stoppard assiste à un service commémoratif pour Lord Snowdon à l’abbaye de Westminster.
Photo: Justin Tallis - WPA Pool /Getty Images
Le chanteur des Rolling Stones, Mick Jagger, lui a rendu hommage sur les réseaux sociaux. « Tom Stoppard était mon dramaturge préféré », a-t-il publié sur X. « Il nous laisse un corpus majestueux d’œuvres intellectuelles et amusantes. Il me manquera toujours. »
Auteur de plus de trente pièces, sa dernière, « Leopoldstadt », qui retrace le parcours d’une famille juive aisée installée à Vienne, au destin bouleversé par le nazisme et la Shoah, avait remporté en 2023 quatre Tony Awards (récompenses du théâtre américain), dont celui de la meilleure pièce. Cette nouvelle consécration était aussi celle d’une de ses œuvres les plus personnelles, lui dont les quatre grands-parents ont été tués dans les camps nazis.
Il avait auparavant remporté quatre Tony Awards pour ses pièces « Rosencrantz et Guildenstern sont morts » (1968), « Travesties » (1976), « The Real Thing » (1984) et « The Coast of Utopia » (2007), ainsi qu’un Oscar du meilleur scénario pour « Shakespeare in Love » (1998). « Nous nous souviendrons de lui pour ses œuvres, leur éclat et leur humanité, ainsi que pour son esprit, son irrévérence, sa générosité d’âme et son amour profond de la langue anglaise », a déclaré samedi l’agence d’artistes United Agents, en annonçant son décès à son domicile dans le sud‑ouest de l’Angleterre.
Une figure majeure de la scène anglaise
Couronné meilleur dramaturge vivant lors des prestigieuses Evening Standard Theatre Awards en 2014, il était « très drôle aux dépens de personne », selon le réalisateur américain Mike Nichols, avec qui il avait collaboré à Broadway pour la pièce « The Real Thing ».
« Je veux prouver qu’on peut traiter de sujets sérieux en lançant une tarte à la crème sur scène pendant des heures », affirmait‑il. Ce pince‑sans‑rire au menton saillant et aux éternels cheveux en bataille abordait le totalitarisme ou la philosophie avec un humour rusé, dans un habile mélange de vaudeville et de répliques étincelantes.
Un destin marqué par l’exil et la Shoah
Né en Tchécoslovaquie en 1937 dans une famille juive contrainte à l’exil par l’avancée nazie, Tom Stoppard arrive en Angleterre à la fin de la guerre, après avoir vécu à Singapour et en Inde. Il quitte l’école à 17 ans et, après une brève carrière de journaliste à Bristol, se fait connaître dès 1967 grâce à « Rosencrantz et Guildenstern sont morts », pièce absurde mettant en scène deux personnages tirés d’Hamlet.
Un scénariste recherché par le cinéma
Il écrit également pour la radio, la télévision et le cinéma, signant notamment les scénarios de « Brazil » de Terry Gilliam en 1985, de « L’Empire du Soleil » de Steven Spielberg en 1987 et de « Anna Karénine » de Joe Wright en 2012. Il participe aussi à l’écriture des scénarios d’« Indiana Jones et la dernière croisade » et de « Star Wars, épisode 3 ».
Dans les années 1970, il prend la défense de dissidents de l’Union soviétique, un sujet qu’il aborde dans « Every Boy Deserves Favour » (1977). En 1990, il porte à l’écran sa pièce « Rosencrantz et Guildenstern sont morts », incarnée par Gary Oldman et Tim Roth, et remporte le Lion d’or à la Mostra de Venise.
Régulièrement objet de l’attention des tabloïds britanniques pour sa vie amoureuse trépidante, Tom Stoppard, père de quatre fils, avait épousé à 76 ans sa troisième épouse, l’héritière Sabrina Guinness.

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