OPINIONS

Est-ce que toute résistance serait futile ?

En mémoire des manifestants et du massacre de la place Tiananmen
mai 11, 2022 18:41, Last Updated: mai 11, 2022 18:41
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La plupart des gens se souviennent de la célèbre phrase « toute résistance serait futile » provenant de divers films de science-fiction, dont Star Trek : premier contact. Mais est-ce que vraiment toute résistance est futile ?

Le Parti communiste chinois (PCC) est en train de vendre deux mantras : au peuple chinois, que toute résistance au PCC serait futile et, au monde entier, que le système du PCC est la meilleure forme de gouvernance – et ce, en affirmant que le développement économique et la stabilité politique peuvent coexister sans système démocratique. Décortiquons ces arguments.

Le cas du Covid à Shanghai

En 2022, une nouvelle vague de Covid-19 a commencé à se répandre en Chine avant les Jeux olympiques tenus en février à Pékin. En janvier, Hong Kong, Xi’an et Pékin ont commencé à signaler ses cas, accompagnés de confinement massif. Finalement, le Covid s’est répandu à Shanghai, et des images des terreurs du contrôle de la population qui ont échappé aux censeurs de Pékin ont commencé à apparaître dans les médias sociaux. Aujourd’hui, le Covid se répand dans de nombreuses autres villes chinoises, y compris à Pékin.

Selon le Financial Times, aujourd’hui, le régime chinois impose un confinement total ou partiel dans au moins 46 villes du pays et touche jusqu’à 345 millions de personnes. C’est plus que l’ensemble de la population américaine – 330 millions d’habitants ! Shanghai était la ville portuaire économique la plus importante de Chine, et maintenant elle est complètement dévastée. Voilà pour la stabilité économique.

À la suite de la politique « zéro Covid » du dirigeant chinois Xi Jinping, plus de Chinois meurent de faim, se suicident et sont battus qu’il y aurait de Chinois qui seraient morts de la souche actuelle Omicron du Covid-19, relativement moins mortelle.

Ironiquement, la souche Omicron aurait dû être appelée Xi, selon la dénomination par les lettres grecques que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a adoptée pour les souches de Covid-19. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec l’alphabet grec, voici ses 16 premières lettres sur 24 : alpha, bêta, gamma, delta, epsilon, zêta, êta, thêta, iota, kappa, lambda, mu, nu, xi, omicron et pi.

Selon l’OMS, la dénomination Xi n’a pas été retenue, car elle était proche du nom de nombreuses personnes : l’OMS ne voulait offenser personne. La variante Omicron qui aurait dû être appelée Xi pourrait provoquer la chute du chef du PCC en raison de sa politique de tolérance zéro.

Toutefois, les informations sur le chaos extrême qui règne en Chine sont supprimées d’Internet par les censeurs de l’État-parti. Si vous cherchez des sujets interdits comme les 2000 mots-clés et plus liés au Covid, vous serez arrêté. La vérité et la stabilité politique figurent donc parmi de nombreuses victimes du régime communiste.

Manifestations et massacre de la place Tiananmen (15 avril – 4 juin 1989)

La vérité sur le massacre de la place Tiananmen, au cours duquel des milliers de personnes ont été tuées en 1989, est effacée de la mémoire des médias contrôlés par le PCC. En Chine, les gens se font arrêter s’ils écrivent à ce sujet ou s’ils affichent sur leurs comptes des médias sociaux des images telles que celles de l’Homme de Tiananmen qui bloquait toute une colonne de chars ou d’une simple bougie autour du 4 juin, la date du massacre.

Ainsi, une autre victime du communisme est la liberté d’expression, de réunion et même de pensée. La liste des sujets interdits s’allonge chaque année. Il faut espérer qu’elle deviendra si longue que le Parti implosera en essayant de censurer trop de pensées interdites.

Le mémorial des victimes du communisme à Washington. Il représente une réplique de la statue de la déesse de la démocratie érigée lors des manifestations de la place Tiananmen à Pékin, en 1989. (Samira Bouaou/Epoch Times)

En lien avec la censure de Tiananmen, le PCC ne peut supporter aucune critique, notamment de la part de la presse. Selon le rapport 2021 de Reporters sans frontières (RSF), sur les 478 journalistes et professionnels des médias emprisonnés dans le monde, la Chine en compte « plus de 115 actuellement détenus, souvent dans des conditions qui mettent leur vie en danger ». En date du 27 avril 2022, ce nombre était passé à 124 journalistes.

La Chine est en bas de la liste du classement mondial de la liberté de la presse de RSF, à la 177e place sur 180 pays et, pour la cinquième année consécutive, la Chine incarcère le plus grand nombre de journalistes au monde.

Dans une étude consacrée à la Chine en décembre 2021, intitulée Le grand bond en arrière du journalisme en Chine, RSF décrit comment Pékin a déclaré la guerre au journalisme, la perte des libertés de la presse à Hong Kong et comment l’accès à l’information est un crime en Chine.

En 2021, la Birmanie (Myanmar) était le deuxième pire pays pour l’emprisonnement des journalistes. Alors, quel est le lien avec le PCC ? En 2020, la Birmanie n’avait emprisonné que deux journalistes. Mais, après le coup d’État de février 2021, 53 journalistes ont été emprisonnés avec les conseils et l’aide du régime chinois. La presse libre est également une victime de l’État-parti.

Le culte de la personnalité

Les chefs du PCC sont devenus si obsédés par toute critique et les gens sont emprisonnés pour tout ce qui est considéré une offense au « grand leader ». Comme tous les chefs du Parti, Xi Jinping ne supporte pas qu’on l’offense. Les références ou les images de Winnie l’ourson sont interdites en Chine, car elles pourraient être utilisées pour ridiculiser Xi en raison de leur soi-disant ressemblance physique.

Lorsque les manifestants pro-démocratie de Hong Kong sont descendus dans la rue, beaucoup portaient des masques de Winnie l’ourson ou des masques qui combinaient les images de Winnie avec celles de Xi. Dans un État autoritaire, non seulement il est interdit de manifester contre le gouvernement, mais se moquer du dirigeant est considéré comme un double crime. La liberté d’exposer et la liberté de demander le remplacement des dirigeants sont également des victimes du PCC.

Des manifestants portant les masques de Winnie l’ourson et de Xi Jinping participent à un rassemblement de masse dans le quartier de Cheung Sha Wan à Hong Kong, le 29 novembre 2019. (Philip Fong/AFP via Getty Images)

Le Parti communiste a également proscrit la religion et la spiritualité, les considérant comme une pensée déviée. Cependant, il veut que les Chinois « croient » dans le socialisme et dans le communisme « aux caractéristiques chinoises ».

L’État-parti considère la spiritualité et la religion comme une menace pour son pouvoir et mène des persécutions contre les croyants, qui constituent plus de 30 % de la population : environ 18 % sont bouddhistes (y compris les bouddhistes tibétains), 5,5 % sont des pratiquants de Falun Gong (soit 70 millions, selon les estimations officielles avant le début de la persécution en 1999), 5 % sont chrétiens, 2 % sont musulmans, taoïstes et autres. Sous le régime communiste chinois, la liberté de croyance est convertie en asservissement mental.

Le PCC veut que les gens croient qu’il est infaillible et que son chef est Dieu incarné, en s’assurant que tout le monde en Chine puisse réciter des absurdités lapidaires telles que le Petit Livre rouge de Mao Zedong ou l’application remplie de citations de Xi Jinping. Tous les membres du PCC (plus de 95 millions), tous les employés du gouvernement, les enseignants, les employés des entreprises publiques et autres doivent télécharger cette application. On ne sait pas quel logiciel de surveillance autoritaire y est intégré. Xi veut tellement être comme Mao (ou meilleur que lui) que le Parti prend aujourd’hui toutes les décisions gouvernementales en fonction de ses dires.

Est-ce que toute résistance serait futile ? Tant que toutes les personnes soumises au communisme ne sont pas libres, la résistance vaut la peine. Je salue tous les Chinois qui résistent au communisme, qu’ils soient en Chine ou en dehors du pays.

« Je préfère mourir debout que vivre à genoux. » Emiliano Zapata Salazar

Guermantes Lailari se spécialise dans les problèmes du Moyen-Orient et de l’Europe, ainsi que dans le contre-terrorisme, la guerre non traditionnelle et la défense antimissile. Il a étudié, travaillé et servi au Moyen-Orient et en Afrique du Nord pendant plus de quatorze ans ainsi qu’en Europe pendant six ans. Il a été attaché de l’armée de l’air américaine au Moyen-Orient et est titulaire de diplômes d’études supérieures en relations internationales et en intelligence stratégique.

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