Trois entreprises familiales de maçonnerie accusées de blanchiment, fraude fiscale et travail dissimulé

Par Léonard Plantain
18 juillet 2020 19:23 Mis à jour: 18 juillet 2020 19:23

Plus d’un million d’euros de chiffre d’affaires sans rien déclarer, des maçons payés jusqu’à 5 000 € par mois au noir tout en percevant le RSA : mercredi 15 juillet, un clan familial de maçons a été épinglé par la justice pour blanchiment d’argent, fraude fiscale et travail dissimulé.

C’est une histoire qui commence par un banal contrôle routier en 2013. À bord de la voiture, trois hommes, tous de la même famille et tous maçons, mais l’un d’eux, étant en situation irrégulière, a eu l’obligation de regagner sa Roumanie natale. En 2014, cette fois à la suite d’un contrôle sur un chantier, des policiers mettent en évidence du travail dissimulé concernant 12 salariés d’une même entreprise de maçons, liée à l’un des 3 individus précédents.

Puis en 2015, un ami de cette famille, alors emprisonné, demande un aménagement de peine au motif d’avoir décroché un emploi au sein d’une société de maçonnerie. Mais après vérification, il s’est avéré que le contrat était fictif. La société concernée étant encore une fois liée à l’un des 3 hommes.

Face à cette famille de maçons de plus en plus suspecte vivant dans la Vienne, des investigations (écoutes téléphoniques, réquisitions bancaires, etc.) ont pu être menées sur commission rogatoire pour blanchiment d’argent, fraude fiscale et travail dissimulé, le tout en bande organisée. Une enquête qui a permis de réunir l’ensemble des éléments autour d’un seul homme, visiblement aux commandes de cette entreprise frauduleuse, relate Le Dauphiné.

En premier lieu, les enquêteurs ont découvert que l’homme en question a offert une maison au Portugal à une jeune fille de sa famille et que 58 000 € ont été déposés sur un compte, également au Portugal, au nom de l’un de ses jeunes frères.

L’homme a également acheté un terrain en Roumanie, tandis que sa maison actuelle dans la Vienne était remplie de vêtements de marque. Un train de vie plutôt extravagant et luxueux pour une famille vivant seulement du RSA, du moins officiellement. En poursuivant leur enquête, les policiers découvrent qu’entre 2013 et 2015, l’homme a monté successivement trois entreprises de maçonnerie. Cependant, seule la première est déclarée à son nom. Les deux autres sont au nom des deux autres hommes de sa famille.

Au tribunal, l’homme, qui est père de quatre enfants, a déclaré tout en se défendant d’être le cerveau : « Je trouvais les chantiers et je gérais les équipes. Mais tout l’argent retiré en liquide était distribué aux ouvriers. » Ce à quoi la présidente du tribunal, Mme Dejean, a simplement répondu : « Le fait de prendre toutes les décisions, pour les autres sociétés, fait de vous le gérant de fait. »

L’homme a alors rétorqué : « Ce n’était pas moi le patron, et eux étaient au courant des risques ! Il n’y a rien d’organisé dans tout cela », dit-il en parlant des deux autres hommes. Ce à quoi l’un d’eux, qui doit désormais rembourser 160 000 € au fisc, a répondu : « Moi, non, je n’ai jamais été le gérant ! C’est ma famille qui me l’a demandé alors je l’ai fait ! Mais l’argent n’était pas à moi. On allait à la banque tous les samedis pour le lui remettre. » Cet argent était distribué, selon les dires du gérant, aux ouvriers, payés jusqu’à 5 000 euros par mois, mais qui n’étaient cependant pas déclarés, relate Le Dauphiné.

C’est ainsi que pendant environ 3 ans, ces 3 sociétés, gérées officiellement par ces 3 hommes mais dirigées par un seul, ont embauché successivement les mêmes ouvriers et ont généré plus d’un million d’euros de chiffre d’affaires. Le tout sans qu’un seul ouvrier n’ait été déclaré au fisc et sans qu’aucun bilan annuel n’ait été dressé. Ils avaient également engagé un comptable à la retraite, apparemment « assez large d’esprit », qui avait pour mission d’établir les fiches de paie. Ajouté à cela, l’homme et sa femme ne déclaraient que 4 à 5 000 € de revenus par an, afin de percevoir les aides sociales françaises sans être inquiétés.

« Pour résumer, vous avez profité de tout ce qui existe dans la société. Vous scolarisez vos enfants, vous allez chez le médecin, vous empruntez les routes, et vous allez même jusqu’à toucher le RSA alors que tout cela est financé par les cotisations sociales, les impôts, tout ce que vous n’avez justement jamais payé malgré 70 000 euros de revenus annuels », a déclaré la présidente Dejean, qui a ensuite soulevé un autre point : un aller-retour dans la journée au Portugal effectuée par l’épouse de ce chef d’entreprise, le lendemain de son interpellation.

« Je suis allée voir sa sœur, qui n’allait pas bien », a finalement déclaré la prévenue, qui avait précédemment nié à plusieurs reprises ce voyage express. Cependant, les écoutes effectuées par les enquêteurs suggéraient plutôt des retraits d’argent, une grosse somme qui aurait aussitôt été enterrée quelque part au Portugal.

Au final, ce sont cinq personnes qui ont été condamnées dans cette affaire. Bien que le motif de bande organisée ait été écarté par le tribunal pour l’ensemble des prévenus. Ainsi : le chef d’entreprise, Christophe Lourenco, a écopé de 2 ans de prison dont 14 mois assortis du sursis. Son épouse a écopé de 10 mois de prison avec sursis. Le couple ayant également interdiction de gérer une société pour les 10 années à venir, en plus de 15 000 € d’amendes et des confiscations à hauteur de 153 000 €.

Quant aux deux autres gérants complices, Frédéric Lourenco et Stevens Da Cunha, ils ont écopé de 12 mois de prison dont 6 mois de sursis. Et pour le cinquième prévenu, le comptable, il a été condamné à 10 mois de prison avec sursis. Tous les trois ont également une interdiction de gérer une entreprise pour les 10 années à venir.

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