Trouver dans le passé les racines de l’avenir

4 avril 2017 04:05 Mis à jour: 8 avril 2017 16:41

C’est bien connu, au cours du siècle dernier, les Canadiens-Français étaient nombreux à être agriculteurs. Chaque maisonnée avait son jardin et, même si les oranges n’étaient offertes qu’à Noël, même si l’hiver pouvait être long à ne manger que des légumes-racines, il y avait, en contrepartie, pour une même espèce bien plus de variétés. J’ai entendu un jour ma grand-mère dire qu’en son temps, les légumes étaient plus savoureux, qu’ils se conservaient plus longtemps. Une allégation que je n’ai pas pris le temps de corroborer avec la littérature scientifique, mais j’aurais tendance à croire que c’est vrai… En explorant le thème des semences artisanales, on apprend que notre biodiversité agricole se perd, que le phénomène est mondial. Or, des gens passionnés réussissent in extremis à sauver de l’extinction plusieurs variétés patrimoniales, à les conserver et les faire revivre.

Par ailleurs, ces variétés anciennes auraient une capacité unique à faire face à l’adversité – celle d’un climat changeant ou extrême, ou l’arrivée de nouveaux pathogènes. Se pourrait-il alors que ces semences ancestrales soient en fait de petits lingots d’or ?

En voie d’extinction

Le saviez-vous ? Au Canada, des 7098 variétés de pommes recensées entre 1804 et 1904, 86 % auraient disparu. Quant aux choux, aux pois, au maïs et aux tomates, la proportion de cultivars canadiens anciens éteints varie de 81 % à 95 % selon les espèces, relève l’organisme Semences du patrimoine, spécialisé dans la conservation et la mise en valeur des semences ancestrales. À l’échelle mondiale, c’est 75 % de la diversité des cultures qui aurait disparu au cours du XXe siècle, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Pollinisation libre c. hybrides

À travers le temps et leurs parcours migratoires, des plantes sauvages ont été domestiquées et façonnées par nos ancêtres ce qui a permis le développement d’innombrables cultivars adaptés à des conditions locales spécifiques et aux préférences culinaires de leurs propriétaires. « Les semences ancestrales sont des semences familiales qui répondent à une localité très précise et à un goût », explique la semencière artisanale de Terre Promise, Lyne Bellemare. Avec leurs parents sauvages, ces variétés cultivées seraient les plus riches dépositaires de la diversité génétique, selon la FAO.

Pour être fécondées, le pollen de ces variétés anciennes, ou cultivars à pollinisation libre, est transporté par le vent, les abeilles ou d’autres pollinisateurs indigènes. Ces semences peuvent être ressemées d’une année à l’autre et sont fidèles au plant mère.

Or, dès les années 1950, les cultivars à pollinisation libre ont graduellement été délaissés au profit de variétés dites « hybrides », c’est-à-dire d’un croisement entre deux lignées pures et exigeant le plus souvent le concours de l’homme. Ils ont l’avantage d’être « vigoureux » (phénomène hétérosis), mais leurs descendants seront éclectiques et instables, raison pour laquelle les agriculteurs rachètent le plus souvent des semences l’année suivante. Rapidement, le processus d’hybridation permet de développer les caractéristiques voulues chez une plante, par rapport à la pollinisation libre.

Pourquoi les avoir préférées ?

Les variétés hybrides ont été développées au cours de la Révolution verte et ont été sélectionnées pour leur compatibilité avec une agriculture de type industriel. Elles ont certainement des avantages : « Les hybrides que je cultive – parce que j’en cultive quelques uns – peuvent donner certaines performances intéressantes. […] C’est plus facile de planifier un calendrier de production avec les hybrides, il y a plus de précision sur le temps pour arriver à maturité », explique Yves Gagnon qui, de pair avec sa conjointe Diane Mackay, a mis sur pied l’une des premières semencières artisanales du Québec, Les Jardins du Grand-Portage. « Les hybrides sont plus stables et uniformes. Et de nos jours, c’est ce qu’on recherche en agriculture : il faut que ça rentre dans le tracteur, que ce soit prêt en même temps, que la tomate soit ronde et supporte bien le transport », poursuit Mme Bellemare. Elles sont donc commodes ces hybrides.

Là où il y a avantage, il y a inconvénient

Or, que ce soit parce qu’ils ont été sélectionnés pour leur haut rendement ou parce qu’ils sont exposés à plus d’engrais, il semblerait que les cultivars modernes qui poussent plus vite et qui sont plus gros n’acquièrent pas nécessairement des nutriments à un taux aussi rapide que leur croissance, selon le Dr Donald R. Davis, dans son article intitulé Trade-Offs in Agriculture and Nutrition. Ce dernier a étudié la composition nutritionnelle de fruits et de légumes de 43 jardins aux États-Unis, de 1950 à 1999. Il aurait observé que, pour 13 nutriments étudiés, 6 ont vu leur concentration médiane diminuer : protéines (-6 %), phosphore (-9 %), fer (-15 %), calcium (-16 %), vitamine C (-20 %), riboflavine (-38 %). Les plantes feraient des compromis ; par exemple, entre le nombre de leurs graines et leur grosseur ou entre le taux de croissance et la résistance aux maladies.

Pour une agriculture écologique et de proximité

Du côté des semenciers artisanaux, d’autres critères sont importants : « Mes critères sont d’abord la saveur, l’adaptation à la culture biologique et la rusticité, c’est-à-dire l’adaptation aux conditions froides parce que je travaille en zone 4 », note M. Gagnon. « J’aime les variétés qui produisent, mais qui résistent aussi et dont la production va s’échelonner sur une longue période », relate Mme Bellemare.

« Ce n’est pas du tout la même approche. La raison pour laquelle on ne retrouve pas la tomate Savignac [variété ancienne] dans les épiceries, c’est parce qu’elle n’a pas une si bonne conservation. Elle est plus sensible aux difformités, au craquement. C’est ce qui va faire en sorte que c’est un cultivar très bien adapté aux circuits courts, pas à des circuits conventionnels de mise en marché », explique M. Gagnon.

La même semence pour tout le monde

Aujourd’hui, trois compagnies semencières détiennent plus de la moitié du marché mondial des semences conventionnelles, selon USC Canada. Or, « Une grande compagnie semencière ne produira pas 20 000 variétés de concombres pour répondre à chaque localité spécifique, elle en produira 500 pour la planète entière », note Mme Bellemare.

Elles sont donc des « règles générales » et non des « cas particuliers ». « Je prends toujours l’exemple du vélo Bixi. À Montréal, le Bixi est bon pour la moyenne des gens, mais ce n’est pas idéal pour faire le Tour de France ou, même, monter la côte sur la rue Sherbrooke [rires] ! Quand il y a de petites excentricités qui ne répondent pas à la norme, c’est fichu. Pour les semences, c’est le même principe. Ce sera la même semence pour les villes de Québec et Vancouver, pourtant les conditions de culture seront très différentes », illustre Mme Bellemare.

La capacité d’adaptation

Et alors, les cultivars à pollinisation libre sauront-ils mieux répondre aux « petites – et moins petites – excentricités » du climat induites par le changement climatique ? « C’est une des forces des cultivars anciens, de la génétique patrimoniale : leur capacité d’adaptation qui s’est développée au fil des siècles. Je suis convaincu que cette capacité d’adaptation est beaucoup plus présente dans les cultivars patrimoniaux que dans les hybrides modernes », défend M. Gagnon.

« Il y a des études qui montrent qu’assurément, les variétés à pollinisation ouverte ont une plus grande capacité d’évolution parce qu’elles ont moins d’uniformité génétique. Quand l’environnement change, la population de la variété change aussi, elle a le potentiel génétique de changer », explique Mme Helen Jensen, doctorante de l’Université McGill où elle a étudié l’évolution et la génétique des variétés d’orge traditionnelles au Maroc et coordonnatrice pour le Québec de l’Initiative de la famille Bauta sur la sécurité des semences.

Cultiver la biodiversité

Si auparavant l’agriculteur était au centre de tout le cycle de culture, de la plantation à la récolte des semences, aujourd’hui l’utilisation de semences hybrides interrompt ce cycle. Quant aux cultivars à pollinisation libre, des banques de semences ont été créées pour les conserver mais « la biodiversité cultivée n’est plus dans les champs des paysans, elle est gelée, elle n’est plus en évolution, elle n’est plus en train de s’adapter », déplore la Dre Goldringer, chercheure à l’Institut national de la recherche agronomique en France, dans sa présentation Sélection participative de la biodiversité cultivée. Pour cette dernière, la prédominance de quelques variétés de cultivars, leur homogénéité génétique et les pratiques agricoles qui leur sont associées sont des facteurs qui les rendent vulnérables.

C’est une situation à laquelle Lyne Bellemare souhaite remédier en offrant des formations sur la reproduction de semences à pollinisation libre : « Ça fait partie de ma mission. Je dois non seulement rendre les semences disponibles, mais aussi montrer aux gens comment les reproduire […] Les banques de semences c’est un back-up. Les semences sont vivantes et, même congelées, elles ont une durée de vie », explique Mme Bellemare.

Et ne négligeons pas l’impact des petites surfaces ! « Les champs de maïs et de soya transgéniques de la vallée du Saint-Laurent n’ont aucune diversité génétique, ils n’ont pas de capacité d’adaptation à grand-chose si on les compare à la diversité génétique de mon petit jardin d’un hectare ! », s’exclame M. Gagnon.

Le vent dans les voiles

Par ailleurs, l’intérêt pour les semences du terroir croît : « Je pense qu’il y aura de plus en plus de productions de cultivars à pollinisation libre parce qu’il y a une demande pour des aliments plus goûteux et les gens sont fascinés par la diversité des formes, des couleurs, etc. On est maintenant une quinzaine de semencières artisanales au Québec et la diversité de l’offre est assez surprenante. Depuis 10 ans, il y a sans aucun doute quelque chose d’intéressant en train de se passer », conclut M. Gagnon.

Les coups de cœur des semenciers [et leur histoire]


1) Double coup de cœur pour Lyne et Yves : la tomate Savignac [texte d’Yves Gagnon]

D’un rouge tirant sur le rose, la tomate Savignac a le goût de la tomate d’autrefois. Elle est résistante et assez productive. (Katya Konioukhova)
« Le frère Armand Savignac était un clerc de Saint-Viateur résidant au Centre de réflexion chrétienne de Joliette. Condamné à l’âge de 42 ans par la médecine conventionnelle à cause de problèmes de digestion chronique, il a quitté l’enseignement pour se consacrer à temps plein au jardinage.

Suite aux conseils de naturopathes, il a suivi un régime principalement frugivore ce qui lui a permis de vivre jusqu’à l’âge de 95 ans. Alors qu’en 1948, il s’initie à la méthode de compostage « Indore » avec Alphonse Dufresne de Saint-Félix-de-Valois, il rencontre Raymond, le frère d’Alphonse, qui lui remet des semences d’une tomate rose que le frère Armand sèmera l’année suivante. Il est tellement impressionné par la vigueur des plants produits ainsi que par la succulence des fruits récoltés qu’il abandonne tous les cultivars qu’il avait expérimentés jusque-là pour se consacrer exclusivement à la culture de cette tomate qu’il baptisa la Dufresne en l’honneur de celui qui lui avait offert les semences.

» Lorsque j’ai rencontré le frère Savignac dans son jardin en 1985 alors qu’il comptait presque 90 années, je fus sidéré par la qualité de ses 200 plants de tomates qui atteignaient 3 mètres, tout comme la qualité des nombreux fruits qu’ils portaient. J’ai rapporté des semences chez moi et cultive cette tomate depuis ce temps. Je l’ai baptisée « Savignac » en l’honneur du frère Armand qui l’a sauvée de l’extinction tout en l’améliorant par une sélection patiente et méticuleuse. »

 


2) Coup de cœur d’Yves : le melon Oka [adaptation d’un écrit d’Yves Gagnon]

Issu du croisement entre le melon de Montréal et le melon Banana, le melon Oka a la chair orange et est très parfumé. (Yves Gagnon)

L’aventure débute avec le mythique melon de Montréal. Déjà, en 1684, on sait qu’à Québec, les Jésuites produisaient un gros melon au goût de muscade qui en était sans doute l’ancêtre. Dans les années 1800, les familles Décarie et Groman cultivaient cette souche sur le flanc sud du Mont-Royal. Protubérant, à chaire verte et musquée, on rapporte que vers 1905, ses fruits pouvaient atteindre 12 kg et se détaillaient 15 $ la douzaine sur le marché américain – une petite fortune à l’époque ! Or, en 1920, la famille Décarie dut vendre sa ferme pour que l’autoroute soit construite et la culture du melon mythique fut abandonnée. Ce n’est qu’en 1996, qu’un journaliste du journal The Gazette retraça les graines dans une banque de semences de l’Iowa aux États-Unis et Ken Taylor, propriétaire d’une ferme à Notre-Dame-de-l’Île-Perrot, reçut le mandat de les semer. Une seule graine sur les 200 récupérées germa, mais le melon fut sauvé de l’extinction.

Imposant, résistant mal au transport, de culture complexe, friand de chaleur et long à mûrir, la culture du melon de Montréal pouvait difficilement être réussie ailleurs que sur l’île de Montréal. C’est ainsi que vers 1910, le père trappiste Athanase, des Cisterciens d’Oka et directeur de l’Institut agricole d’Oka, le croisa avec le melon américain Banana. Il en résulta un melon brodé à chair orange très parfumée, mais moins corpulent que le melon de Montréal et, surtout, moins capricieux.

Par une sélection laborieuse des descendants de cet hybride, on réussit à en stabiliser la génétique et en faire un cultivar à pollinisation libre. Ainsi naquit le melon Oka. Toutefois, à la fermeture de l’Institut en 1962, le cultivar fut presque perdu. Heureusement, on en retrouva des semences chez un jardinier de ce qui permit de le sauver in extremis. On le cultive maintenant dans plusieurs régions du Québec.

 

 

3) Coup de cœur d’Yves : le concombre Tante Alice [adaptation d’un écrit d’Yves Gagnon]

Peu amer, très digeste, résistant et rustique, le concombre Tante Alice est un incontournable des jardins du Québec. (Yves Gagnon)

Mme Marie-Alice Laflamme, née Gosselin en février 1910 à Saint-Lazarre de Bellechasse, est dixième d’une famille de onze. Toute jeune, elle se passionne pour le jardinage et récoltera des semences de nombreux légumes, notamment celles d’un concombre peu amer, très digeste, d’une vitalité surprenante, résistant et adapté au climat septentrional. En 1995, son neveu, Marcel Gosselin, offrit les semences de sa tante à Antoine D’Avignon, membre fondateur et représentant du Québec à l’organisme Semences du patrimoine, qui produisit des semences à son tour et les ajouta au catalogue de l’organisme. Le cultivar de concombre Tante Alice est maintenant largement disponible. Marie-Alice Laflamme est décédée en 2005, et Antoine d’Avignon est décédé prématurément en 2003.

 

 

4) Coup de cœur de Lyne : le haricot Thibodeau [Texte de Lyne Bellemare]

Le haricot Thibodeau est une variété familiale de la Beauce. À essayer en fèves au lard. (Katya Konioukhova)

« Ancien cultivar nain provenant de la Beauce au Québec, ce haricot se mange frais ou sec. Ses cosses vertes sont striées de violet. Selon plusieurs, il fait les meilleures fèves au lard, mais les partisans du haricot Famille Boucher ne sont pas d’accord. La solution ? Mélangez les deux.

» La Beauce était un territoire autrefois occupé par la nation iroquoise du Saint-Laurent. Il serait donc possible que ce soit un descendant des haricots que ce peuple cultivait. Lors de l’arrivée des premiers colons, beaucoup d’échanges se firent entre les deux populations, et les haricots se transmirent ainsi aux nouveaux arrivants. Ceux-ci, par contre, en sélectionnèrent par la suite plusieurs variétés sur de longues années, ce qui favorisa l’apparition de nouvelles lignées dans les variétés. »

 


5) Coup de cœur
de Lyne : le maïs canadien blanc [texte de Lyne Bellemare]

Le maïs canadien blanc est un maïs à farine idéal pour les crêpes du samedi! (Lyne Bellemare)

« Antoine D’Avignon était un passionné des légumes anciens. Précurseur au Québec dans la sauvegarde des semences du patrimoine, il a récolté, cultivé et partagé plusieurs variétés qui, sans lui, auraient aujourd’hui été oubliées. Par exemple, la pomme de terre Crotte d’ours de Louis-Marie, la tomate Ice Grow (de Suzanne Bourgeois), le blé Huron, et… ce maïs.

» Lors d’une entrevue médiatisée à la fin des années 1990, il lance un appel à tous : le maïs québécois que nos grand-mères cultivaient n’existe plus. Personne ne fait plus pousser du maïs à farine. Après l’entrevue, une dame, téléphone à la station de radio pour dire qu’elle avait en sa possession des semences de maïs à farine cultivé dans sa famille depuis des lustres.

» Et c’est ainsi qu’elle a partagé avec Antoine son précieux trésor. Puis cet été là, Antoine en parle à son amie, Mme France Bouffard, qui le prie de lui donner quelques graines. Hésitant, car il en a très peu, il finit par lui laisser 6 semences. Celle-ci les cultive et les multiplie, puis en fait de la farine pour ses crêpes.

» Plus récemment, Mme Bouffard prend contact avec moi, qui travaille alors aux Semences du patrimoine. Nous parlons. Elle aborde le maïs, puis m’en fait parvenir par la poste. Ayant eu une belle première récolte, nous pouvons donc vous l’offrir à notre tour. Comble de chance, Antoine avait donné des graines à un autre de ses amis, René Paquet, qui a jusqu’à ce jour gardé l’enveloppe du maïs. Et, sur l’enveloppe, un nom.

» Anita Fournier, de Nicolet – Nous sommes à la recherche de cette dame (probablement décédée aujourd’hui) ou de sa descendance. Prière de nous informer si vous la connaissez. Prendre note qu’une partie des semences a été envoyée aux Semences du patrimoine pour conservation. En espérant que vous contribuerez vous aussi à ajouter un nouveau chapitre à l’histoire. »

 

 

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