Tucker Carlson se préparerait à partir en guerre contre Fox News et aurait discuté avec Elon Musk d’une future collaboration

Par Etienne Fauchaire
10 mai 2023 00:34 Mis à jour: 10 mai 2023 00:34

Aussi brutale qu’inattendue, la nouvelle était tombée le lundi 24 avril sous la forme d’un communiqué : la chaine de télévision américaine Fox News annonçait se séparer de son journaliste vedette, Tucker Carlson, sur la base d’un « commun accord ». Une explication qui avait immédiatement suscité la défiance : « Nous serons de retour lundi », s’exclamait en effet le présentateur de Tucker Carlson Tonight le vendredi qui précédait, au terme de son émission, comme si de rien n’était. Dimanche, le site d’informations Axios révélait que le journaliste, retenu par son contrat qui l’empêche de travailler pour un autre employeur ou de pouvoir lancer son propre média, s’apprêterait à partir en « guerre » contre Fox News.

« L’idée que quiconque va faire taire Tucker et l’empêcher de parler à son public est plus qu’absurde »

Le contrat qui lie Tucker Carlson à Fox News, dont les scores d’audience sont désormais en chute libre depuis sa mise au ban, pose problème. Alors que la star du prime time serait en train de réfléchir à bâtir son propre empire médiatique ou à entamer une nouvelle collaboration, jusqu’en janvier 2025, celui-ci est interdit d’exercice en échange d’un paiement de 20 millions de dollars par an, le privant ainsi de pouvoir s’exprimer lors de la présidentielle américaine de 2024.

Selon Axios, Tucker Carlson aurait reçu des offres d’emploi de la plateforme vidéo Rumble, de la chaine Newsmax, et d’autres médias, avec des propositions de rémunération dépassant celle versée par son précédent employeur. Un échange avec Elon Musk à propos d’une éventuelle collaboration aurait également eu lieu, sans que ne soient abordés les contours précis de cet éventuel partenariat. En revanche, la piste pour l’instant privilégiée par le journaliste serait la création d’un média au travers duquel il pourrait s’adresser directement à son public, une idée qui s’inspire du modèle adopté par son prédécesseur à Fox Bill O’Reilly. Deux jours après avoir été mis à la porte, dans une vidéo publiée sur Twitter ayant recueilli plus de 24 millions de vues, l’animateur avait donné prochainement rendez-vous à son audience.

En ce moment, afin de contraindre Fox News à lui rendre sa liberté, Tucker Carlson projetterait de faire appel à ses alliés. « Il sait où sont enterrés de nombreux corps et il est prêt à dessiner une carte », confie une source proche de lui. Par ailleurs, selon un ami du commentateur politique, plusieurs de ses sympathisants lui ont proposé de lancer l’assaut contre la chaine. « Non, je veux faire ça tranquillement et proprement », aurait répondu l’intéressé. « Maintenant, nous passons du temps de paix à Defcon 1 », poursuit cette même personne : « Son équipe se prépare à la guerre. Il veut sa liberté. »

Quant à l’avocat du présentateur, Bryan Freedman, ce dernier n’hésite pas à assurer que « l’idée que quiconque va faire taire Tucker et l’empêcher de parler à son public est plus qu’absurde ».

Aucune cause sérieuse de licenciement ?

Prenant la parole sur sa chaine YouTube ce lundi, l’ancienne animatrice de Fox News Megyn Kelly a affirmé que ni Tucker Carlson ni son avocat ne connaissent la cause à l’origine de cette décision de la chaine, raison pour laquelle celle-ci n’a jusqu’à présent démenti aucune des possibles théories qui ont fleuri dans la presse et sur les réseaux sociaux. Selon elle, « s’ils avaient une cause pour le licencier, ils annuleraient l’émission, ils vireraient Tucker, ils ne lui verseraient pas d’argent et ils pourraient le maintenir silencieux. Mais ils ne l’ont pas fait, car ils savent très bien qu’ils n’ont pas de cause. »

L’heure est donc à la réflexion quant à la meilleure stratégie à adopter. Pour Megyn Kelly, Fox News espère « vraiment » de Tucker Carlson soit l’obéissance à ce contrat soit une transgression de sa part : « Ainsi, ils n’auront pas à le payer et ils pourront le trainer devant une cour de justice pour tenter de le réduire au silence. » Et de poursuivre : « Et c’est ce que je pense que Tucker devrait faire. Tucker devrait violer son contrat. Il devrait parler, il devrait lancer un média rival, il devrait démissionner, il devrait renoncer à cet argent : il gagnerait plus d’argent de toute façon, que ce soit chez Rumble, Newsmax ou en lançant son propre média. Peu importe. Et il devrait laisser Fox News le trainer devant une cour de justice : la seule question sera de savoir s’ils ont le droit de le réduire au silence pendant toute la saison électorale, l’homme qui les a servis loyalement pendant une décennie, l’homme qui les a maintenus à la place numéro une durant les heures de grande écoute après avoir perdu Bill O’Reilly ».

Les possibles raisons du licenciement

L’influent éditorialiste au sein de la droite républicaine était suivi tous les soirs par une moyenne de 3,2 millions de téléspectateurs, faisant de son émission quotidienne la plus regardée de toutes les chaines d’informations, sans compter les cumuls d’audience obtenus grâce à la viralité de ses interventions télévisées diffusées sur les réseaux sociaux et aux extraits partagés sur d’innombrables sites. Depuis l’annonce de son limogeage, les théories pour en déterminer la cause se bousculent.

La première d’entre elle : le timing de cette décision, qui est intervenue une semaine après que la chaîne a accepté de verser la somme monumentale de 787,5 millions de dollars (713 millions d’euros) à l’entreprise Dominion, fabricant de machines de vote électroniques, dans le but d’éviter un procès en diffamation. Dans le cadre de cette procédure, de nombreux messages privés de Tucker Carlson avaient été révélés, dont certains critiquaient rudement la direction de la chaîne et son propriétaire, Rupert Murdoch. Le 2 mai, le New York Times a exhumé un message de l’animateur envoyé à un de ses producteurs qui, selon le journal, aurait semé la panique au sein des plus hautes instances de Fox News à l’approche de son procès contre Dominion, menant au licenciement de Tucker Carlson. Dans ce SMS, après avoir visionné une vidéo dans laquelle on peut voir des soutiens de Trump s’en prendre violemment à « un gamin antifa » au moment des évènements du Capitole du 6 janvier 2021, celui-ci critique leur comportement « déshonorant » : « C’est du trois contre un, au moins. […] Ce n’est pas ainsi que des hommes blancs doivent se battre », écrit-il.

La seconde met en avant un échange téléphonique de mars entre Rupert Murdoch et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, au cours duquel le sujet de la guerre qui oppose l’Ukraine à la Russie a été discuté. En revanche, si plusieurs hauts dignitaires ukrainiens se seraient plaints auprès de Fox News de la couverture très critique de Tucker Carlson à propos du soutien américain à l’Ukraine, le chef d’État n’aurait pas évoqué ce sujet lors de la conversation, a confié une source au média Semafor. Mais le 15 mars, Volodymyr Zelensky a eu une autre conversation téléphonique avec le fils de Rupert Murdoch, Lachlan Murdoch, qui est, selon le New York Times, à l’origine de la décision de se séparer de Tucker Carlson. Le 11 mars, le présentateur avait suggéré à l’animateur de Redacted Clayton Morris qu’il pourrait être remercié en raison de ses positions sur la guerre en Ukraine : « Je dis ce que je pense vraiment et je pense que c’est vraiment très important. Et si je me fais virer pour ça, je ne sais pas quoi dire, mais je ne changerai pas », confiait-il.

La troisième vient de Robert Kennedy Jr. L’avocat voit derrière le licenciement du journaliste « le pouvoir terrifiant de Big Pharma » : « Fox a licencié Tucker Carlson cinq jours après que celui-ci eût franchi la ligne rouge, en reconnaissant que les chaînes de télévision ont poussé un vaccin mortel et inefficace pour plaire à leurs annonceurs de Big Pharma. Par sa chronique du 19 avril d’un courage époustouflant, Carlson a enfreint les deux plus grandes règles de la télévision : Tucker a dit la vérité sur la façon dont les annonceurs cupides de Big Pharma contrôlent le contenu des émissions de télévision et il a fustigé les présentateurs des infos pour avoir fait servilement la promotion d’injections qu’ils savaient léthales et inefficaces. Pendant de nombreuses années, Tucker a eu la plus grande audience du pays, avec une moyenne de 3,5 millions de téléspectateurs, 10 fois CNN. Fox News vient de démontrer le pouvoir terrifiant de Big Pharma. »

Enfin, la dernière théorie est plus prosaïque. Selon une source anonyme qui s’est confiée à Vanity Fair, Rupert Murdoch aurait décidé de limoger Tucker Carlson en raison de son « discours spirituel » prononcé le 21 avril lors du 50eanniversaire de la Heritage Foundation. À cette occasion, le présentateur a affirmé que la politique était devenue une bataille entre le « bien » et le « mal », estimant que la réponse dans ce combat était « la prière ». « Tucker Carlson a mêlé son discours de connotations religieuses que même Murdoch a trouvées trop extrêmes », selon cette source, qui a été informée de la décision du propriétaire de la chaine : « Ce truc fait flipper Rupert. Il n’aime pas toutes les discussions spirituelles ». D’après cette personne, Rupert Murdoch aurait été potentiellement irrité par ces propos car ils faisaient écho aux opinions de son ancienne fiancée Ann Lesley-Smith. Leurs fiançailles ont été annulées deux semaines plus tôt, car elle aurait dit à des proches que Carlson était un « messager de Dieu », rapporte Vanity Fair. Aussi, en mettant fin à l’émission de Tucker Carlson, Rupert Murdoch aurait supprimé par la même l’émission favorite de son ex-fiancée.

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