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Turquie

Turquie : la justice émet 37 mandats d’arrêt pour « génocide » contre Benjamin Netanyahu et des responsables israéliens

La justice turque a émis, ce vendredi, des mandats d'arrêt visant Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien, ainsi que plusieurs hauts responsables, dont le ministre de la Défense, Israël Katz, et le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir. Dans la foulée, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a rejeté « fermement, avec mépris » ces décisions, dénonçant « le dernier coup de pub du tyran Erdogan », allusion directe au président turc Recep Tayyip Erdogan.

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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Tel Aviv, le 28 octobre 2023.

Photo: ABIR SULTAN/POOL/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Un communiqué du parquet général d’Istanbul, diffusé dans la matinée, précise que ce sont au total 37 personnes qui font l’objet de mandats d’arrêt, sans toutefois dresser de liste exhaustive des suspects.

Outre les responsables politiques, figure également parmi les personnes visées le chef d’état-major israélien, Eyal Zamir. L’institution judiciaire turque accuse les intéressés de « génocide et de crimes contre l’humanité perpétrés de manière systématique par l’État israélien à Gaza ». Elle cite notamment l’exemple de l’« Hôpital de l’amitié turco-palestinienne » situé dans la bande de Gaza : cet établissement construit par la Turquie a été la cible d’une frappe israélienne en mars dernier, Tsahal justifiant son acte en affirmant que le site servait de base opérationnelle au Hamas.

La Turquie, qui s’est imposée comme l’un des détracteurs les plus véhéments de la guerre menée par Israël à Gaza après l’attaque du Hamas contre le territoire israélien le 7 octobre 2023, s’était déjà engagée, l’an passé, dans la procédure pour génocide contre Israël initiée par l’Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de justice.

Réactions internationale et stratégie d’Ankara

Un plan de paix présenté par l’ancien président américain, Donald Trump, a permis la mise en place, le 10 octobre, d’un cessez-le-feu fragile à Gaza après plus de deux années de conflit. Le Hamas, pour sa part, a salué dans un communiqué la décision des autorités stambouliotes, estimant qu’il s’agit d’une « mesure louable [confirmant] les positions sincères du peuple turc et de ses dirigeants, qui sont attachés aux valeurs de justice, d’humanité et de fraternité qui les lient à notre peuple palestinien opprimé ».

À l’inverse, Gideon Saar accuse : « Dans la Turquie d’Erdogan, le système judiciaire est depuis longtemps devenu un outil pour réduire au silence les rivaux politiques et détenir des journalistes, des juges et des maires. » Rappelant le cas du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu — rival d’Erdogan, incarcéré depuis mars et visé par de nombreuses procédures judiciaires — M. Saar a exprimé sur X sa ferme condamnation. Avigdor Lieberman, ex-ministre israélien des Affaires étrangères et chef du parti nationaliste Israël Beiteinou, lui a emboîté le pas, affirmant : « Les mandats d’arrêt d’Erdogan contre de hauts responsables israéliens expliquent clairement pourquoi la Turquie ne doit pas être présente dans la bande de Gaza – directement ou indirectement. »

Les enjeux d’une présence turque à Gaza

La Turquie ambitionne de prendre part à la force internationale de stabilisation préparée dans le sillage du plan Trump, afin d’œuvrer à l’après-guerre dans l’enclave palestinienne. Ankara multiplie les contacts diplomatiques dans la région et s’efforce, sans succès, de faire évoluer la position américaine, jugée trop favorable à Israël. Mais les autorités israéliennes, de leur côté, s’opposent résolument à cette éventualité, arguant de la proximité d’Ankara avec le Hamas.

À plusieurs reprises, les dirigeants israéliens ont publiquement refusé que la Turquie prenne part à une mission de stabilisation à Gaza. Parallèlement, Israël est, à l’échelle internationale, la cible d’accusations de génocide émanant d’instances onusiennes, d’ONG et de plusieurs États, accusations que le gouvernement de Benjamin Netanyahu qualifie de « mensongères » et « antisémites ».