Ukraine: avec l’armée russe dans les ruines d’Azovstal, symbole du siège de Marioupol

Par Epoch Times avec AFP
15 juin 2022 13:40 Mis à jour: 15 juin 2022 13:47

Des enchevêtrements de métal tordu et de béton éventré: c’est tout ce qui reste de l’usine sidérurgique Azovstal à Marioupol, conquise mi-mai par les troupes russes après être devenue le symbole de la résistance ukrainienne dans ce port dévasté.

Brassard blanc au bras, les soldats russes et séparatistes patrouillent désormais entre les restes brûlés d’Azovstal. L’ancienne aciérie, qui faisait la fierté de Marioupol et employait avant la guerre plus de 12.000 employés, n’est plus qu’un champs de ruines pas encore totalement déminé.

Un militaire russe inspecte un tunnel souterrain sous l’aciérie Azovstal à Marioupol,  le 13 juin 2022. Photo de Yuri KADOBNOV / AFP via Getty Images.

A intervalle régulier, des explosions contrôlées retentissent: ce sont les sapeurs russes qui sécurisent le site. Une odeur âcre, qui pourrait être celle de corps en décomposition, flotte dans l’air de ce début d’été autour de certains bâtiments.

Un groupe de journalistes, dans le cadre d’un voyage de presse

L’AFP a pu visiter pour la première fois ce lieu avec un groupe de journalistes, dans le cadre d’un voyage de presse organisé par le ministère russe de la Défense.

Le « clou » du voyage est le dédale de souterrains de l’aciérie. Construits sur plusieurs niveaux et sur des kilomètres à l’époque soviétique, ils ont permis aux défenseurs ukrainiens d’Azovstal – en partie des membres du régiment nationaliste Azov, mais aussi des soldats d’infanterie de marine – de résister plusieurs semaines au siège russe.

-Un militaire russe inspecte un abri souterrain à l’aciérie d’Azovstal à Marioupol, le 13 juin 2022. Photo de Yuri KADOBNOV / AFP via Getty Images.

Les dortoirs que font visiter l’armée russe étaient occupés par les combattants du régiment Azov, accusé par la Russie d’être néo-nazi et qui occupe une part primordiale dans le narratif russe autour de son opération militaire en Ukraine.

Sur les murs subsistent quelques graffitis, dont un pochoir ressemblant à un « Soleil noir », symbole mystique nazi. Quelques posters saluent des « héros » du régiment Azov, probablement tombés au combat. Des douilles sont encore au sol. Sur une table, dans une infirmerie improvisée, des stocks de médicaments et de bandes de gaze sont entreposés.

Plus de 2.000 combattants ukrainiens ont été faits prisonniers (Moscou)

L’usine d’Azovstal, dans laquelle s’étaient retranchés les derniers défenseurs ukrainiens de Marioupol, a résisté jusqu’à mi-mai plus d’un mois aux assauts de l’armée russe, alors que le reste de la ville était déjà tombé aux prix de destructions énormes. Plus de 2.000 combattants ukrainiens ont été faits prisonniers, selon Moscou.

« L’aviation a joué un grand rôle. Je pense que c’est pour cela qu’ils se sont rendus », affirme Rouslan, 34 ans, combattant dont le nom de guerre (« Loup ») contraste avec les rondeurs et la barbe poivre et sel lui donnant une allure bonhomme.

Un militaire russe inspecte un abri souterrain à l’aciérie d’Azovstal à Marioupol,  le 13 juin 2022. Photo de Yuri KADOBNOV / AFP via Getty Images.

Originaire de Transdniestrie, région séparatiste pro-russe de Moldavie, Rouslan se bat depuis 2014 et a participé aux combats pour la prise de Marioupol.

« Les gens d’Azov étaient à 70% originaires de Marioupol, des locaux »

Ils étaient « entraînés, ils se sentaient bien ici. C’était difficile pour nous parce que c’était un terrain inconnu, et eux avaient tout à portée de main. Dans chaque pièce, il y avait des cachettes d’armes, de munitions », poursuit-il tranquillement, assis sur un seau en inox retourné.

Andreï, 43 ans, originaire de la région de Donetsk dans l’est de l’Ukraine, reconnaît pour sa part que « les gens d’Azov étaient à 70% originaires de Marioupol, des locaux », contredisant le discours officiel russe selon lequel la majorité des combattants « nationalistes » sont venus d’autres régions.

La ville elle-même est dévastée, de nombreuses rues sont désertes, mais des groupes de plusieurs dizaines de personnes se rassemblent en certains lieux, notamment là où il est possible de s’approvisionner alors que, selon les habitants que l’AFP a pu brièvement interroger, le manque d’électricité et d’approvisionnement régulier en eau se fait toujours sentir.

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