Un rapport décrit «la perversité sans précédent» du prélèvement forcé d’organes orchestré par l’État chinois

Par Kelly Song
16 décembre 2022 11:05 Mis à jour: 16 décembre 2022 16:58

Un rapport spécial de Doctors Against Forced Organ Harvesting (DAFOH) a mis en lumière la pratique utilisée par le Parti communiste chinois (PCC) pour prélever des organes sur des prisonniers de conscience, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme 2022, célébrée le 10 décembre.

« Ce fléau sans précédent, à savoir le meurtre à grande échelle, cautionné par l’État, de prisonniers de conscience vulnérables commis par un régime totalitaire, constitue non seulement un crime contre l’humanité, mais aussi une menace pour l’humanité », indique le rapport, intitulé Prélèvement forcé d’organes sur des personnes vivantes en Chine.

Le rapport de 56 pages couvre une période de vingt ans, détaillant l’origine et les enquêtes menées sur les prélèvements d’organes forcés en Chine. Les pratiquants de Falun Gong emprisonnés constituent la principale banque d’organes.

DAFOH publie un rapport spécial sur les prélèvements forcés d’organes en Chine le 10 décembre 2022. (Avec l’aimable autorisation de DAFOH)

Selon un jugement rendu en 2019 par un tribunal populaire indépendant, le régime chinois a assassiné des prisonniers d’opinion, principalement des pratiquants de Falun Gong détenus, pendant des années à une « échelle importante ». Cette pratique, selon le tribunal, se poursuit encore aujourd’hui.

Depuis que des lanceurs d’alerte chinois se sont manifestés en 2006, de nombreuses personnes et organisations ont consacré leur énergie à faire connaître le prélèvement forcé d’organes au public. DAFOH, une organisation à but non lucratif basée à Washington et créée par des médecins, fournit depuis 16 ans à la communauté médicale et au grand public des informations sur le prélèvement forcé d’organes.

Le rapport spécial « est une contribution en l’honneur de la Journée internationale des droits de l’homme », a déclaré le Dr Torsten Trey, directeur exécutif de DAFOH, à Epoch Times le 10 décembre. « Une fois par an, les gens portent leur attention sur les crimes contre l’humanité d’hier et d’aujourd’hui. C’est une journée qui permet d’apprécier l’importance des droits de l’homme, mais aussi de rappeler le sens de la vie humaine. »

Un génocide froid

La persécution du Falun Gong menée par le PCC depuis deux décennies est un « génocide froid », selon le rapport.

« Dans la plupart des cas, un génocide est mené avec une grande intensité sur une courte période de temps, ce qui est qualifié de « génocide chaud ». En revanche, le génocide froid se déroule sur une longue période en mode ralenti, ce qui le rend moins décelable et permet de mener une campagne de destruction prolongée. »

Le Falun Gong est une discipline spirituelle composée d’exercices de méditation et d’un ensemble de croyances morales centrées sur les principes de vérité, compassion et tolérance. Elle a gagné en popularité en Chine dans les années 1990, il y avait alors près de 100 millions de pratiquants à la fin de la décennie. Le régime chinois, le considérant comme une menace, a lancé en 1999 une persécution à l’échelle nationale.

Le rapport spécial de DAFOH énumère trois aspects de la persécution qui correspondent au profil d’un génocide froid.

Premièrement, cette persécution est multidimensionnelle : le PCC cherche à éliminer les pratiquants de Falun Gong physiquement, psychologiquement, socialement et spirituellement.

Deuxièmement, la torture et le prélèvement forcé d’organes sur les pratiquants de Falun Gong se font dans le secret, à l’abri des regards du public.

Troisièmement, la persécution a été normalisée en Chine grâce aux campagnes de désinformation lancées par le régime, qui ont déshumanisé et ostracisé les pratiquants du Falun Gong.

« Un génocide froid, bien que moins facile à discerner, reste un génocide », stipule le rapport.

Avec le prélèvement forcé d’organes, le régime a trouvé le moyen de « déléguer la méthode d’exécution de la salle d’audience à la salle d’opération », selon DAFOH.

« Le prélèvement forcé d’organes est la solution finale inscrite dans le programme mis en place par le PCC pour détruire le Falun Gong en tuant les pratiquants », indique le rapport.

Comptes rendus de témoins oculaires

Le rapport comprend neuf témoignages. L’un d’eux est une lanceuse d’alerte dont l’ex‑mari a participé au prélèvement d’organes sur des pratiquants de Falun Gong entre 2001 et 2003. Un autre est un médecin chinois qui a pratiqué le prélèvement d’organes humains après des exécutions et qui a fini par faire défection.

Les autres témoins sont des pratiquants de Falun Gong qui ont été soumis à la torture et à des examens médicaux forcés pendant leur incarcération, ou dont des membres de leur famille ont été tués par des prélèvements forcés d’organes.

L’un des témoins est Han Yu, une pratiquante du Falun Gong dont le père a été tué et dont on pense que les organes ont été prélevés alors qu’il était emprisonné à Pékin en 2004.

Han Yu, pratiquante du Falun Gong, dont le père a été tué et dont on pense que les organes ont été prélevés alors qu’il était emprisonné à Pékin en 2004. (Avec l’aimable autorisation de Han Yu)

Le 18 juin 2004, plus d’un mois après la mort de son père, la police a autorisé les membres de la famille immédiate à voir la dépouille. Aucune caméra n’était autorisée, et le site était lourdement gardé par la police. Han Yu a vu des points de suture sur la gorge de son père, réalisés avec des fils noirs très épais. Elle a tenté d’ouvrir les boutons de sa chemise mais en a été empêchée par la police.

L’oncle de Han est alors entré et a déchiré la chemise de son père. Ils ont découvert que l’incision allait de la gorge à l’abdomen. Quand ils ont pressé l’abdomen, ils ont constaté qu’il était rempli de glace dure.

Des preuves accablantes

Le rapport DAFOH aborde un problème fréquent rencontré lors de la présentation de témoignages tels que celui de Han Yu. Les critiques considèrent souvent ces récits comme « anecdotiques » ou comme des cas singuliers.

Cependant, une recherche par mot‑clé sur des termes spécifiques relatifs aux tests médicaux sur le site de Minghui, une association basée aux États‑Unis qui rend compte de la persécution du Falun Gong par le PCC, révèle « des centaines et des milliers de témoignages individuels qui parlent de tests sanguins, d’examens médicaux et de menaces de prélèvement d’organes », indique le rapport. Face à un tel nombre de témoignages, « on ne peut plus les considérer comme des cas ‘anecdotiques’. Les témoignages deviennent des preuves ».

« Malgré la quantité substantielle de preuves déductives et inférentielles qui ont été recueillies au cours de ces années, les parlementaires et les journalistes exigent souvent des preuves tangibles aux personnes qui dénoncent les prélèvements forcés d’organes en Chine », selon le rapport.

« En considérant qu’un régime totalitaire comme le PCC utilisera tous les moyens possibles pour dissimuler ces crimes, la quantité d’informations et de preuves disponibles reste écrasante. »

Faire entendre la voix du Falun Gong

Le rapport de DAFOH reconnaît que « les efforts déployés par le passé par des parlementaires au grand cœur afin d’adopter des motions et des résolutions ont permis de sensibiliser l’opinion publique mais n’ont pas eu pour effet d’empêcher le gouvernement chinois de procéder à des prélèvements forcés d’organes ».

Il suggère également une autre approche. L’agenda du PCC relatif à la persécution du Falun Gong ne se limite pas à exterminer les pratiquants du mouvement, mais entend également le réduire au silence.

« Faire entendre la voix du Falun Gong et aider les pratiquants du Falun Gong à informer le public sur leur pratique spirituelle fondée sur la vérité, la compassion et la tolérance est le moyen le plus efficace d’empêcher le PCC de procéder à des prélèvements forcés d’organes », peut‑on lire.

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