Un sanglier apprivoisé abattu à bout portant par un chasseur qui « a eu peur », le parquet classe l’affaire sans suite

Par Emmanuelle Bourdy
6 mars 2021 15:06 Mis à jour: 6 mars 2021 15:06

Un sanglier du nom de Hercule avait été adopté par Alain Martin, propriétaire du domaine du Monceau à Liverdy. Le 21 décembre 2019, à Liverdy-en-Brie, un chasseur a tiré sur le pauvre animal car selon ses dires, il avait eu peur. Le parquet de Melun (Seine-et-Marne) a classé la plainte qu’avait déposé Alain Martin. Une pétition a été lancée.

Alain Martin, propriétaire d’un domaine de 170 hectares à Liverdy, avait recueilli le marcassin 10 mois auparavant, rapporte Le Parisien. Son domaine recense d’autres animaux, notamment des daims, des cerfs et des sangliers. L’homme s’était pris d’affection pour Hercule. A Liverdy-en-Brie, le 21 décembre 2019, l’animal, qui marchait tranquillement parmi un groupe de chasseurs, a été abattu par l’un des chasseurs.

Interrogé par les gendarmes, l’auteur du crime n’a pas nié les faits. Il a été poursuivi pour mise en danger de la vie d’autrui car il avait tiré à bout portant, menaçant ainsi la sécurité des autres chasseurs dans le cas où la balle aurait rebondi sur l’un d’eux. Alain Martin avait déposé une plainte, mais elle a été classée sans suite.

En guise d’explication, le parquet de Melun a déclaré que « l’infraction de mise en danger de la vie d’autrui n’était pas suffisamment établie au regard des circonstances et des distances du tir ». Il a également précisé que « le propriétaire n’était pas victime dans ce dossier car il s’agit d’un animal sauvage ». De plus, l’auteur de cet acte a expliqué « avoir tiré de peur d’être blessé par le sanglier sans qu’il y ait d’autres chasseurs dans la zone de tir selon ses souvenirs », ainsi que l’a encore rapporté le parquet. Béatrice Angelelli, la procureure de Melun, a assuré qu’il n’y aurait pas de réouverture d’enquête.

Pourtant, une vidéo a circulé sur les réseaux sociaux. On voit clairement toute la scène. Le pauvre animal trotte au milieu d’un groupe de chasseurs, les reniflant, et l’un d’entre eux lui tire dessus. « Un sanglier ne voit pas bien. Alors il sent. C’est pourquoi il s’approche des chasseurs les uns après les autres, sans agressivité. Il donne des petits coups de groin. Il les sent car il me cherche », indique Alain Martin.

L’indignation est à son comble chez la secrétaire d’État à la Biodiversité Bérangère Abba, souligne le journal. En parallèle, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a demandé à l’office français de la biodiversité d’ouvrir une enquête.

Le propriétaire d’Hercule, lui, est dans l’incompréhension totale face à la décision du parquet. « La justice est passée à côté. Ils n’ont pas regardé la vidéo que les gendarmes avaient jointe au dossier », s’indigne-t-il. « En voyant les images, ils auraient constaté qu’on est loin du danger prétendu que pouvait représenter Hercule », conclu l’homme, très affecté par la perte de son sanglier. « Ce n’était pas qu’un animal, c’était mon bébé », a-t-il confié.

Une pétition en ligne, adressée au président Macron, au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et au ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, a été lancée. Intitulée Justice pour Hercule, elle avoisine déjà les 118 000 signatures.

Alain Martin estime que la fédération départementale de la chasse aurait dû déposer plainte envers ce chasseur, qui dessert leur cause car cet homme a agi « au mépris de toutes les règles de sécurité », explique Alain Martin qui ajoute : « Je ne suis pas anti-chasse. Mais il y a une éthique à respecter. »

Benoit Chevron, le président de la fédération de chasse de Seine-et-Marne, en convient, mais il est trop tard pour déposer plainte. « Les chasseurs présents ce jour-là ont averti le président de leur société qui a expulsé définitivement la personne. Mais j’ignore si le permis de chasse lui est retiré à vie », soulève-t-il. Il reconnait que « la peur n’est pas une excuse. Un chasseur porteur d’une arme doit garder son sang-froid. Si son arme était en plus chargée, il y a faute supplémentaire ». Cependant, il admet aussi que le propriétaire du sanglier est également en tort puisqu’il est interdit d’apprivoiser un sanglier.

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