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Une enquête révèle que des failles juridiques favorisent l’industrie chinoise des puces électroniques

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Un employé inspecte des puces semi-conductrices dans une usine de Binzhou, dans la province du Shandong, dans l'est de la Chine, le 15 janvier 2025.

Photo: STR/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Le Comité spécial de la Chambre des représentants sur le Parti communiste chinois a déclaré mardi que des entreprises clés spécialisées dans la fabrication d’équipements pour les semi-conducteurs (SME : semiconductor manufacturing equipment) avaient vendu à la Chine la technologie nécessaire à la modernisation à grande échelle de son armée.
Les parlementaires ont publié un rapport le 7 octobre, soulignant que la Chine reste l’un des principaux clients de la chaîne d’approvisionnement en puces, malgré des années de renforcement des restrictions.
« La Chine continue d’acheter d’énormes quantités de SME hautement sophistiqués auprès des États-Unis, du Japon et des Pays-Bas », indique le rapport.
Les entreprises chinoises ont acquis plus de 38 milliards de dollars d’équipements de fabrication de semi-conducteurs l’an dernier, selon le rapport, et cela de manière légale. Environ 26,2 milliards de ces ventes concernent des entreprises d’État chinoises.
Ce rapport, fruit de plusieurs mois de discussions avec les fabricants d’équipements, ne met pas l’accent sur des activités illégales telles que la violation des contrôles à l’export, mais fait apparaître une divergence entre les objectifs stratégiques poursuivis et les réalités commerciales.
Les législateurs recommandent que les contrôles à l’exportation s’appliquent à l’ensemble de la Chine, plutôt qu’à la stratégie actuelle qui cible uniquement des entreprises spécifiques.

Des équipements hautement spécialisés

Les puces sont mesurées en nanomètres, et les plus avancées sont aussi les plus petites. Avec des couches de la largeur d’un atome, la fabrication de ces composants nécessite des équipements extrêmement spécialisés, fabriqués par une poignée d’entreprises dans le monde.
Le rapport met en lumière cinq de ces sociétés, qui ont réalisé l’an dernier 39 % de leur chiffre d’affaires mondial en Chine, ce qui représente une hausse de 56 % par rapport à 2022.
L’américain Applied Materials vend plusieurs outils SME, notamment pour la gravure, le dépôt et l’inspection. L’entreprise a tiré 36 % de son chiffre d’affaires 2024 de la Chine.
La société néerlandaise Advanced Semiconductor Materials Lithography est le leader des équipements de lithographie, notamment avec sa technologie lithographique extrême ultraviolet. Elle a également réalisé 36 % de ses revenus 2024 en Chine.
L’américaine KLA Corporation commercialise diverses machines SME, mais est spécialisée dans les outils de contrôle et d’optimisation des procédés ; 44 % de ses revenus 2024 proviennent de la Chine.
Lam Research Corporation, autre entreprise américaine, vend plusieurs outils destinés à la gravure, au dépôt et au nettoyage ; 42 % de son chiffre d’affaires 2024 provient du marché chinois.
Enfin, le japonais Tokyo Electron Ltd. propose des équipements pour l’enduction, le développement, la gravure, le dépôt et le nettoyage, avec 44 % de ses revenus 2024 issus de la Chine.
« Si la Chine pouvait se procurer cet équipement ailleurs ou les fabriquer elle-même, elle le ferait. Mais elle n’en est pas encore capable », note le rapport.
Le document indique également que les clients comprennent des « entités restreintes ». Il s’agit de sociétés jugées préoccupantes, pour lesquelles les agences américaines peuvent exiger des licences d’exportation, mais cela ne constitue pas une activité illégale.
Par exemple, chacune de ces cinq entreprises a vendu à la société publique chinoise Semiconductor Manufacturing International Corporation (SMIC). D’autres clients incluent des filiales de Huawei ou des entreprises étroitement liées à l’armée chinoise.
Le rapport précise que, de 2022 à 2024, la part des revenus issus d’entités restreintes a baissé chez les groupes américains, alors que les ventes des sociétés non américaines à ces mêmes entités ont progressé de près de 50 %.

Le casse-tête de la fabrication des puces en Chine

La première administration Trump a initié la politique américaine de restriction d’accès de la Chine aux technologies de pointe dans le domaine des semi-conducteurs – aussi bien les puces elles-mêmes que les équipements nécessaires à leur fabrication – pour des raisons de sécurité nationale.
En 2024, la Chine a importé pour 385 milliards de dollars de puces, soit une hausse de 10 % sur un an, selon les douanes chinoises, constituant des stocks avant l’entrée en vigueur de nouveaux contrôles à l’exportation.
Au fil des années, les entreprises chinoises ont également trouvé des moyens illicites de se procurer des puces restreintes, mais les autorités exhortent désormais plus fermement les industriels à privilégier les composants fabriqués localement.
Pour y parvenir, il leur faut des puces plus avancées – et les fabricants chinois de semi-conducteurs ont donc besoin d’équipements qu’ils sont encore incapables de produire à l’intérieur du pays.
Le régime communiste chinois, tel que le prévoit son plan « Made in China 2025 », ambitionne une chaîne d’approvisionnement totalement autonome d’ici à 2030. Dans ce but, les fabricants chinois de puces ont levé et investi des milliards ces dernières années.
« Les équipements SME représentent le point d’étranglement crucial que les États-Unis et leurs alliés détiennent encore sur la Chine », estime le rapport.
« Tandis que le gouvernement américain travaille avec ses alliés et partenaires et trace sa feuille de route en matière de politique de contrôle des exportations et d’actions connexes, il est impératif de préserver ce levier stratégique et de ne pas le dilapider. »