Une mauvaise santé bucco-dentaire accélère l’apparition de maladies pulmonaires irréversibles

Une nouvelle étude révèle comment les bactéries buccales peuvent aggraver les symptômes de la BPCO en déclenchant une inflammation pulmonaire et en modifiant le microbiome

Par George Citroner
6 février 2024 19:27 Mis à jour: 6 février 2024 19:27

La toux persistante et la respiration sifflante sont déjà assez pénibles sans qu’une maladie des gencives ne vienne les aggraver.

De nouvelles recherches révèlent pourquoi la parodontite, une infection courante des gencives, accélère la progression de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), une affection pulmonaire irréversible et souvent mortelle qui touche près de 16 millions d’Américains. La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est la troisième cause de décès dans le monde. Elle a entraîné 3,23 millions de décès en 2019.

En France, cette maladie est extrêmement répandue. Entre 6 et 8% de la population française est atteinte de la BPCO, soit trois à quatre millions de patients adultes. Tous les ans, 18.000 Français meurent à cause de la broncopneumopathie chronique obstructive.

Des scientifiques chinois ont découvert comment les bactéries présentes dans les gencives enflammées peuvent se propager jusqu’aux poumons, exacerbant ainsi les symptômes de la BPCO. Les conclusions de l’université du Sichuan permettent d’espérer de nouvelles possibilités de traitement de cette maladie respiratoire.

Les bactéries buccales déclenchent directement des poussées dans les poumons atteints de BPCO

La BPCO, qui englobe l’emphysème et la bronchite chronique, est la troisième cause de décès dans le monde.

Le tabagisme est à l’origine de 80% des cas de BPCO en France. Tandis que les cuissons à feu ou foyer ouvert, sont à l’origine des cas dans les pays sous-développés, a déclaré à Epoch Times le Dr Norman Edelman, pneumologue à la Stony Brook Medicine, professeur de médecine interne et membre principal du programme de santé publique de l’université de Stony Brook.

La BPCO entrave la circulation de l’air et la respiration en endommageant les voies respiratoires et les poumons. Les principaux symptômes sont la toux, l’excès de mucus et une respiration sifflante. Les patients souffrent également d’exacerbations aiguës où les symptômes s’aggravent brusquement pendant plusieurs jours.

Bien que des recherches antérieures aient établi un lien entre les infections buccales et la progression de la BPCO, les mécanismes exacts n’étaient pas définis. Une étude de 2018 a suggéré que les deux n’étaient liés que par le tabagisme comme facteur de risque commun.

La nouvelle recherche de l’université du Sichuan, publiée dans les revues de l’American Society for Microbiology Journals, montre que les agents pathogènes des maladies des gencives sont directement associés aux poussées de BPCO en activant les cellules immunitaires des poumons, qui augmentent les bactéries responsables de l’inflammation pulmonaire. Les chercheurs ont démontré ce phénomène sur des modèles animaux.

« Nous allons mener d’autres études sur des sujets humains pour confirmer le mécanisme », a avancé Yan Li, microbiologiste et coauteur de l’étude, dans un communiqué de presse. « Nos résultats pourraient déboucher sur une nouvelle stratégie potentielle de traitement de la BPCO. »

L’étude montre comment de mauvais soins dentaires permettent à des bactéries buccales comme P. gingivalis de pénétrer dans les poumons, a déclaré le Dr Thomas Kilkenny, directeur des soins intensifs en médecine pulmonaire à l’hôpital universitaire de Staten Island, qui n’a pas été impliqué dans la recherche.

« Cela crée des niveaux chroniques d’inflammation qui vont au-delà de ce que l’on trouve dans la BPCO », a-t-il dit à Epoch Times, précisant que bien que les diverses bactéries puissent à elles seules provoquer un nombre accru d’infections respiratoires, « le cœur de l’étude était les cellules inflammatoires. »

Les bactéries buccales en circulation déclenchent la surproduction de substances chimiques de signalisation immunitaire appelées cytokines. « Ces cytokines déclenchent une inflammation nocive et perturbent les structures pulmonaires normales, » a ajouté le Dr Kilkenny.

70% des cas de BPCO sont dus au tabagisme

La cause profonde de la plupart des cas évitables de BPCO est le tabagisme, à l’origine de 70%des cas. « Le tabagisme active les cellules immunitaires des poumons qui libèrent des cytokines, ce qui alimente l’inflammation, » a dit le Dr Kilkenny.

Les facteurs de risque non liés au tabagisme sont les suivants :

• Des antécédents d’infections pulmonaires dans l’enfance.

• Des antécédents d’asthme.

• La fumée provenant de la cuisine domestique et des combustibles de chauffage.

• La fumée du tabagisme passif.

Les mutations génétiques qui peuvent causer la maladie.

Une carence en vitamine D peut également augmenter le risque de BPCO. En 2020, une méta-analyse d’essais contrôlés randomisés a révélé que de nombreux patients atteints de BPCO présentaient une carence en vitamine D. Par conséquent, les suppléments de vitamine D ont contribué à améliorer les performances pulmonaires.

Combattre les infections des gencives pour préserver la santé globale

L’étude pourrait déboucher sur de nouveaux traitements de la BPCO, mais il s’agit là d’un avenir lointain, selon le Dr Edelman. Il insiste sur le fait qu’il serait préférable que les gens prennent soin de leur santé parodontale.

« Pour moi, la véritable histoire, que beaucoup de gens ignorent, est que la maladie parodontale est un facteur de risque pour les maladies systémiques », a-t-il déclaré. Ces maladies comprennent le diabète et les maladies cardiaques.

La prévalence des infections gingivales dans les communautés défavorisées constitue un problème de santé publique important, a-t-il fait remarquer.

Plus précisément, le Dr Edelman a déclaré avoir observé qu’environ un tiers des enfants issus de familles à faible revenu, souffraient de caries dentaires ou de maladies des gencives. Faire connaître les conséquences sanitaires liées à une mauvaise santé bucco-dentaire devrait être une priorité par rapport aux implications thérapeutiques à long terme de cette recherche, a-t-il fait remarquer.

« C’est une des questions les plus importantes en matière de santé publique, » a-t-il conclu.

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