Une menace surprenante pour le réseau électrique américain pourrait plonger le pays dans l’obscurité

Par John Mac Ghlionn
2 novembre 2022 15:43 Mis à jour: 2 novembre 2022 15:43

On ne soulignera jamais assez l’importance d’un réseau électrique solide. Souvent, lorsqu’un réseau tombe en panne, les résultats sont terrifiants. De tous les grands réseaux électriques du monde, celui des États‑Unis est un des plus vulnérables aux attaques.

Les pirates informatiques parrainés par des États comme l’Iran, la Russie et, sans surprise, la Chine, représentent une menace réelle pour les lignes de transmission électrique des États‑Unis. Cependant, il existe une autre menace (beaucoup moins évidente) pour le réseau : les véhicules électriques (VE).

L’administration Biden est prête à tout pour reléguer le moteur à combustion aux oubliettes. Dans ce virage radical vers un nouveau monde sans émissions, les Américains sont invités à adopter les VE. Mais pour cela, il faut un réseau électrique performant, ce qui fait défaut aux États‑Unis.

Pour être clair, le réseau électrique américain est un énorme système de lignes de transmission, de centrales électriques et de centres de distribution. Les États‑Unis comptent trois grands réseaux : l’Eastern Grid, le Western Grid et l’ERCOT Grid, également connu sous le nom de Texas Grid. L’Eastern Grid est le plus grand des trois.

Bien que les trois réseaux puissent fonctionner indépendamment, ils sont également connectés. Un réseau défaillant signifie que des dizaines de millions de citoyens n’ont plus d’électricité et que les périodes d’obscurité se prolongent. S’il survenait une panne de réseau dans des villes comme Los Angeles ou New York, deux villes à forte criminalité, la situation s’aggraverait dangereusement.

Attaques depuis 2016

En 2018, le département de la Sécurité intérieure (DHS) a annoncé que des pirates russes avaient détourné les salles de contrôle de divers services publics d’électricité. Les pirates ont ainsi pu perturber les flux d’électricité et provoquer des pannes.

Fait inquiétant, le DHS a concédé que les attaques se produisaient depuis 2016, l’année même où les Russes ont commencé à attaquer le réseau de l’Ukraine. Bien que les Russes aient vigoureusement nié l’attaque, cela semble contredire la réalité.

Avec l’escalade des tensions entre la Russie et les États‑Unis, et l’intensification des tensions avec la Chine, autre pays favorable aux pirates informatiques, il faut s’attendre à de nouvelles perturbations du réseau.

Notification d’urgence de CalOES exhortant les consommateurs à économiser l’énergie alors que le réseau électrique est mis à rude épreuve pendant une vague de chaleur à Los Angeles, Californie, le 6 septembre 2022. (Patrick T. Fallon/AFP via Getty Images)

Cependant, comme mentionné, les Américains doivent se préoccuper de menaces plus « bénignes ». Un article récent, publié dans la revue universitaire Applied Energy, traite de la menace que représentent les voitures électriques pour le réseau. Il y a actuellement 2,5 millions de véhicules électriques aux États‑Unis, quatre propriétaires sur cinq choisissent de charger leur voiture pendant la nuit. Selon les chercheurs, cette décision exerce une pression considérable sur les réseaux électriques.

En 2025, les États‑Unis compteront plus de 20 millions de VE sur leurs routes. D’ici 2030, selon Bloomberg, plus de la moitié des ventes de voitures seront électriques. La pression augmente, et les réseaux électriques sont mal équipés pour supporter cette charge.

Si la projection de Bloomberg s’avère correcte, alors, comme le notent les chercheurs, il faudra 5,4 gigawatts de stockage d’énergie pour recharger les VE. À titre indicatif, une centrale nucléaire produit 1 gigawatt d’énergie. Les États‑Unis comptent actuellement 55 centrales nucléaires. Pour faciliter la nouvelle révolution des VE, les États‑Unis en ont besoin de beaucoup plus. Si on considère que la Californie, le plus grand État du pays, a décidé d’interdire la vente de voitures à essence et que d’autres États envisagent de prendre des mesures similaires, les États‑Unis doivent se dépêcher. Le temps presse.

Que se passerait‑il si, par exemple, le réseau électrique tombait en panne en Californie, où les VE sont nombreux ? Pour répondre à cette question, il suffit de revenir en arrière de quelques mois. L’été dernier, sous des températures caniculaires, le réseau électrique de l’État d’Or a failli s’effondrer.

Il a survécu, mais de justesse.

Le réseau sera à nouveau mis à l’épreuve. Avec le désir de la Californie de pousser les ventes de VE, le prochain test pourrait s’avérer être un désastre total. L’énergie est une ressource limitée, un fait qui semble échapper à tant d’amateurs de VE.

En vérité, le réseau électrique de la nation est déjà à bout de souffle. Et ce, depuis des années. Dans un article qui donne à réfléchir paru dans le Smithsonian Magazine, Massoud Amin, professeur d’ingénierie électrique et informatique (ECE) à l’université du Minnesota, explique les nombreuses façons dont le réseau électrique du pays, « le plus complexe » jamais construit, pourrait tomber en panne. Le réseau, a‑t‑il écrit, « est à la base de notre économie, de notre qualité de vie, de notre société ». Sans lui, la société s’arrêtera net. La criminalité augmentera. Des vies seront perdues. Le chaos régnera partout.

D’ici 2025, selon l’American Society for Civil Engineers, l’incapacité des États‑Unis à entretenir ses nombreuses lignes électriques coûtera cher au pays – 130 milliards de dollars, pour être exact. Les VE, si souvent salués comme la meilleure chose depuis les machines à laver, s’accompagnent de toute une série de problèmes de taille.

Aux États‑Unis, comme l’a récemment noté l’auteur Ben Guess, on compte actuellement 21 VE par borne de recharge publique. D’ici 2030, pour suivre la tendance des achats de VE, les États‑Unis devront installer près de 500 bornes de recharge par jour pendant les 8 prochaines années.

Est‑ce réaliste ?

Même si les États‑Unis parviennent à installer suffisamment de bornes, le réseau n’est tout simplement pas assez solide pour répondre à la demande liée aux batteries. C’est un point sur lequel il faut insister, à plusieurs reprises et sans hésitation. Oui, les pirates informatiques parrainés par certains États sont une menace, mais les initiatives de VE parrainées par l’État américain ne sont pas non plus inoffensives. En embrassant aveuglément tout ce qui est vert, nous ne devons pas perdre de vue le tableau d’ensemble, les réalités objectives qui s’imposent directement à nous.

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