ENVIRONNEMENT

Une nouvelle espèce d’hippocampes pygmées de la taille d’un grain de riz découverte dans l’océan Indien

mai 26, 2020 18:12, Last Updated: mai 26, 2020 18:12
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Des chercheurs en sciences marines ont officiellement reconnu une toute nouvelle espèce d’hippocampe pygmée au large des côtes de l’est de l’Afrique du Sud. Ce minuscule hippocampe, qui a à peu près la même taille qu’un grain de riz, est le premier du genre jamais vu dans l’océan Indien.

Le biologiste marin Richard Smith a décrit la découverte de l’hippocampe pygmée africain, aussi nommé hippocampe pygmée de la baie de Sodwana, comme « comparable à la découverte d’un kangourou en Norvège », rapporte le National Geographic. Cette découverte extraordinaire a été annoncée le 19 mai 2020, lors d’une étude publiée dans la revue scientifique ZooKeys.

L’hippocampe s’est fait connaître trois ans avant l’annonce, lorsque l’instructrice de plongée Savannah Nalu Olivier a vu la minuscule créature dans le fond marin de la baie de Sodwana, extrêmement riche en biodiversité, en 2017. Savannah a pris des photos et les a partagées avec ses collègues ; les photos sont parvenues à Richard Smith en 2018.

Hippocampus nalu – hippocampe pygmée africain, baie de Sodwana (©Richard Smith – OceanRealmImages.com)

Richard Smith, aux côtés de la chercheuse Louw Claassens, s’est rendu dans la baie de Sodwana pour y prélever deux spécimens de l’espèce pour confirmation. Ils ont nommé le nouvel hippocampe Hippocampus nalu, en utilisant le deuxième prénom de Savannah Nalu Olivier, pour rendre hommage à son rôle dans cette découverte.

On pense que les ancêtres de toutes les espèces d’hippocampes pygmées connues ont vu le jour il y a plus de 12 millions d’années, et le minuscule hippocampe pygmée africain est un exemple des plus résistants de l’espèce.

« Ils se font régulièrement sabler », a déclaré Richard Smith, reconnaissant les conditions difficiles dans lesquelles se trouve l’hippocampe pygmée africain au milieu des houles de la baie de Sodwana. Ces minuscules créatures, a-t-il loué, sont « plus robustes » que leurs grands-parents.

L’étude officielle explique que lorsque Louw Claassens et Richard Smith ont visité la baie de Sodwana en octobre 2018, ils ont trouvé un couple d’hippocampes « s’accrochant à des frondes d’algues microscopiques au milieu d’une vague déchaînée » à une profondeur de 15 mètres. « Les plongeurs ont failli perdre les hippocampes lorsqu’une grande houle océanique a failli les ensevelir sous une tempête de sable », peut-on lire dans l’anecdote.

Lors d’une autre plongée, Louw Claassens et Richard Smith ont repéré un jeune hippocampe ne mesurant qu’un centimètre de long ; deux jeunes, ont-ils supposé, pourraient à peine s’étendre sur une pièce de cinq cents américaine s’ils étaient couchés tête-bêche.

Louw Claassens a souligné à la fois la particularité de cette espèce d’hippocampe insaisissable et la quantité d’éléments à découvrir. « La récente découverte d’un poisson aussi remarquable dans les eaux côtières peu profondes montre à quel point nous en savons encore peu sur la vie marine en Afrique et sur la famille étendue des hippocampes », a-t-elle déclaré à Business Insider.

L’ichtyologiste Graham Short, le co-auteur de l’étude qui a permis d’annoncer l’existence de l’hippocampe pygmée africain, a aidé à analyser les spécimens fournis par Louw Claassens et Richard Smith et a procédé à des extrapolations sur les principales caractéristiques de la créature.

Hippocampus nalu – hippocampe pygmée africain, baie de Sodwana (©Richard Smith – OceanRealmImages.com)

Cette espèce d’hippocampe, explique Graham Short, peut être différencié des autres hippocampes pygmées par un ensemble de barbillons vertébraux à pointes acérées ; les sept autres espèces connues d’hippocampes pygmées ont toutes des épines à pointes plates. M. Short a admis que les biologistes marins ne savent pas encore à quoi servent ces barbillons pointus.

« De nombreuses espèces d’hippocampes en général possèdent des épines », a-t-il expliqué à National Geographic, « leur présence pourrait donc être liée à une sélection sexuelle, les femelles préférant peut-être les mâles plus épineux ».

Parmi les autres caractéristiques de l’hippocampe pygmée africain, on trouve la présence de deux structures en forme d’ailes au lieu d’une et l’existence d’une seule fente branchiale sur le haut du dos au lieu de deux, comme c’est le cas pour les plus gros hippocampes.

L’étude officielle, publiée dans ZooKeys, informe les lecteurs que cette nouvelle espèce mesure un peu plus de 2 centimètres de long et a une couleur brun miel, un motif blanc « en filet » et une queue de couleur rose.

Un jeune Hippocampus nalu – hippocampe pygmée africain, baie de Sodwana (©Richard Smith – OceanRealmImages.com)

Thomas Trnski, responsable des sciences naturelles au musée d’Auckland en Nouvelle-Zélande, a révélé que la plupart des espèces d’hippocampes pygmées ont été identifiées depuis l’an 2000. L’Hippocampus nalu vit à une distance étonnante de 8 000 km des sept autres espèces connues d’hippocampes pygmées, à l’exception de celle qui vit dans le « triangle corallien » de la biodiversité, situé dans le sud-ouest du Pacifique.

Graham Short pense que les hippocampes pygmées sont peut-être encore peu menacés par la pêche destinée à la médecine traditionnelle chinoise, un sort dont d’autres espèces d’hippocampes sont victimes, car ils sont si petits et si difficiles à repérer. Toutefois, a-t-il ajouté, il faudra obtenir des données supplémentaires sur leurs populations avant que les scientifiques puissent vraiment savoir combien d’hippocampes pygmées africains existent dans la nature.

Même au XXIe siècle, il reste encore une multitude de trésors à découvrir dans tous les fonds marins.

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