Une nouvelle étude révèle que les enfants à qui l’on donne des outils technologiques pour calmer leurs crises de colère n’apprennent pas à réguler leurs émotions

Les enfants finissent par dépendre des appareils numériques pour la régulation émotionnelle au lieu de développer des compétences d'autorégulation internes

Par Megan Redshaw
3 mai 2025 17:27 Mis à jour: 3 mai 2025 17:27

Certains parents donnent des téléphones et des tablettes à leurs enfants pour calmer leurs crises de colère, mais selon des recherches récentes, de telles pratiques les empêchent d’apprendre à réguler leurs émotions.

Cette stratégie parentale peut également exposer les enfants à un risque de problèmes de gestion de la colère et d’utilisation problématique des écrans plus tard dans la vie.

« Les crises de colère ne peuvent pas être guéries par des appareils numériques », a déclaré Veronika Konok, première auteure de l’étude et chercheuse à l’université Eötvös Loránd de Budapest, en Hongrie, dans un communiqué. « Les enfants doivent apprendre à gérer leurs émotions négatives par eux-mêmes. Ils ont besoin de l’aide de leurs parents pendant ce processus d’apprentissage, et non de celle d’un appareil numérique. »

Plus de colère, moins de contrôle

Dans une étude publiée le mois dernier dans Frontiers in Child and Adolescent Psychiatry, des chercheurs hongrois et canadiens ont interrogé près de 300 parents d’enfants âgés de 2 à 5 ans en 2020 sur leur utilisation des médias et ont effectué un suivi un an plus tard.

Ils ont découvert que les enfants qui étaient plus sujets à la colère avaient des parents qui utilisaient des smartphones et des tablettes pour les calmer. Ces enfants présentaient également généralement des réactions de colère plus fréquentes et intenses, et affichaient de moins bonnes compétences en matière de gestion de la colère et de la frustration un an plus tard, lors du suivi.

Ils avaient des niveaux de colère plus élevés et étaient moins capables de faire preuve d’un contrôle intentionnel de leurs émotions.

« Il n’est pas surprenant que les parents aient plus fréquemment recours à la régulation émotionnelle numérique si leur enfant a des problèmes de régulation émotionnelle, mais nos résultats soulignent que cette stratégie peut entraîner l’escalade d’un problème préexistant », a déclaré Veronika Konok dans le communiqué.

Selon l’étude, donner un appareil numérique à un enfant pour calmer une crise de colère peut accroître sa dépendance à cet appareil et le risque d’une utilisation problématique des médias. Les auteurs ont comparé ce phénomène à une boucle de rétroaction positive. La gestion des crises par les appareils entraîne davantage de crises et d’accès de colère, ce qui conduit à une utilisation encore plus fréquente des écrans.

Les appareils peuvent exacerber les crises de colère

Au cours des dernières décennies, les appareils numériques sont devenus de plus en plus courants dans la vie quotidienne des gens, et nous avons appris à les utiliser comme des outils d’autorégulation. L’autorégulation est le contrôle intentionnel de ses pensées, de ses sentiments, de ses décisions et de ses comportements. Elle est censée s’acquérir au cours des premières années de la vie.

Selon l’étude, utiliser un appareil numérique pour distraire un enfant de stimuli stressants ou d’émotions négatives peut être efficace à court terme pour réduire les réactions émotionnelles chez les jeunes enfants. Cependant, à long terme, cela peut entraîner des effets de rebond qui mènent à des comportements d’évitement, à une augmentation des émotions négatives et à une dérégulation.

De plus, cela pourrait amener les enfants à dépendre des appareils numériques pour la régulation émotionnelle au lieu de développer des compétences d’autorégulation internes, ce qui entraînerait des « crises de colère liées au temps d’écran » lorsque les appareils sont retirés.
« Fournir aux enfants des écrans comme moyen de les calmer est une forme d’autorégulation externe qui peut être très efficace à court terme. » « Cependant, à mesure que les enfants grandissent, ils ont besoin de développer des moyens internes d’autorégulation pour pouvoir gérer leurs émotions de manière compétente », a déclaré à Epoch Times Caroline Fitzpatrick, chercheuse à l’université de Sherbrooke au Québec et auteure principale de l’étude.

Les auteurs de l’étude suggèrent qu’au lieu de donner un appareil numérique à un enfant dans une situation frustrante, les parents devraient accompagner leurs enfants à travers les situations difficiles, les aider à reconnaître leurs émotions et leur apprendre à les gérer.

Limites de l’étude

Bien que l’étude fournisse des informations précieuses, les chercheurs ont noté que ses conclusions présentaient plusieurs limites, notamment le recours à des données déclarées par les parents. Certains parents ont également abandonné l’étude avant le suivi, ce qui a pu biaiser les résultats. Les parents plus jeunes et les parents plus susceptibles d’utiliser la régulation émotionnelle numérique étaient moins susceptibles de participer au suivi, ce qui pourrait avoir faussé les associations observées.

De plus, la collecte de données a eu lieu pendant la pandémie de Covid-19, une période caractérisée par une utilisation accrue des appareils numériques en raison des confinements, ce qui a pu influencer les habitudes d’utilisation des appareils numériques.

Les auteurs suggèrent que les recherches futures devraient viser à reproduire ces résultats dans différents contextes et auprès d’une population plus diversifiée. De plus, des données d’observation sur l’autorégulation de l’enfant et l’utilisation parentale des appareils numériques pour la régulation émotionnelle pourraient fournir une compréhension plus approfondie des dynamiques observées dans l’étude.

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