Vendre au PCC la corde pour pendre le monde

Par Stu Cvrk
12 avril 2024 20:39 Mis à jour: 15 avril 2024 14:02

Depuis le communiqué de Shanghai du président Richard Nixon en février 1972, souvent considéré comme le début de l’ouverture de la Chine, deux grandes écoles de pensée (en général) ont prévalu à l’égard du pays communiste.

Le communiqué a marqué le début de l’ascension de la faction « China engagement » (engagement envers la Chine), qui a connu de beaux jours au cours des cinq décennies qui ont suivi grâce aux investissements commerciaux et financiers qui ont été réalisés en Chine et à diverses sinécures, et qui s’est caractérisée par des carrières dans la diplomatie ou des groupes de réflexion (think tanks) pour beaucoup de monde, sans oublier les contrats lucratifs des consultants et des faits de corruption pure et simple dont l’industrie manufacturière occidentale à souffert.

L’autre faction se compose des « observateurs de la Chine ». Ceux-ci sont sceptiques quant aux intentions du Parti communiste chinois (PCC) (dans certains cas à la suite de persécutions et de pertes personnelles directes) et observent avec une grande anxiété les actions mercantilistes du régime et les batailles juridiques qu’il mène de par le monde, et qui détruisent l’ordre mondial. De même, la belligérance croissante de l’Armée populaire de libération (APL) dans les régions périphériques de la Chine les inquiète, tout comme les intimidations diplomatiques à l’égard de ses voisins.

Pendant la présidence de Donald Trump, la faction des observateurs de la Chine a supplanté celle des partisans du “China engagement” en adoptant une nouvelle stratégie de commerce équitable avec la Chine, via des droits de douane. Ceux-ci ont mis à mal le mercantilisme chinois. Un revirement psychologique s’est installé chez beaucoup d’Occidentaux et il continue d’être la norme. Les investissements directs en Chine sont désormais considérés avec plus de prudence, et le fait que Pékin ait caché les origines de la pandémie du Covid-19 ou ait mis en œuvre une politique du « zéro Covid » aussi drastique, n’a pas été vu d’un bon œil.

L’administration Biden a apparemment fait marche arrière et est revenue à des politiques d’engagement envers la Chine pratiquement dans tous les domaines, et orgabise des réunions soi-disant constructives entre les américains et chinois sur toute une série de sujets.

Examinons quelques cas flagrants de partisans de l’engagement avec la Chine, notamment en ce qui concerne les menaces permanentes du PCC contre Taïwan, les Philippines, l’Inde et le Japon au cours des derniers mois.

Le syndrome de l’engagement envers la Chine

En novembre dernier, Xi Jinping a participé au forum de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à San Francisco et a rencontré Joe Biden. Des chefs d’entreprise américains auraient dépensé 40.000 dollars pour dîner avec Xi Jinping pendant la conférence.

Les capitalistes qui ont assisté au dîner d’affaires, dont Tim Cook d’Apple, Stephen Schwarzman du Blackstone Group et Ray Dalio de Bridgewater Associates, ont ovationné Xi Jinping !

Qu’ont fait les responsables chinois depuis l’APEC ? Voici quelques exemples.

Une série de contacts de haut niveau entre les États-Unis et la Chine ont eu lieu en janvier, notamment une réunion entre le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, et le haut fonctionnaire chinois, Liu Jianchao, à Washington, une discussion entre Liu Jianchao et le conseiller adjoint à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jon Finer, une conversation téléphonique entre la secrétaire américaine au commerce, Gina Raimondo, et le ministre chinois du commerce, Wang Wentao, ainsi que la reprise des pourparlers militaires entre les deux pays, qui étaient au point mort depuis longtemps.

Le 19 février, le conseiller d’État chinois et ministre de la Sécurité publique, Wang Xiaohong, et le secrétaire américain à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, se sont rencontrés à Vienne dans le prolongement des entretiens entre Xi Jinping et Biden lors de l’APEC pour discuter de « l’avancement de la coopération bilatérale dans les domaines de la lutte contre la drogue et du maintien de l’ordre public, et de la prise en compte des préoccupations de chacun », a rapporté le média d’État China Daily. Au cours de ces entretiens, Wang Xiaohong a réaffirmé les trois principaux objectifs de propagande de Xi Jinping, à savoir « le respect mutuel, la coexistence pacifique et la coopération gagnant-gagnant ». Apparemment, il n’a pas été question de l’afflux d’immigrants chinois illégaux aux États-Unis, dont le nombre est pourtant monté en flèche depuis 2020.

Le 25 février, l’ambassadeur des États-Unis en Chine, Nicholas Burns, a déclaré que « [la relation entre les États-Unis et la Chine] est la plus importante, la plus compétitive et la plus dangereuse que les États-Unis entretiennent actuellement dans le monde » et rappelle que les deux pays doivent apprendre à « vivre ensemble ». Ces déclarations rappellent la propagande de Xi Jinping selon laquelle Pékin ne veut que la coexistence pacifique, le respect, la coopération et le partenariat – avec des caractéristiques chinoises (c’est-à-dire au profit du PCC). En réalité, la belligérance et l’intimidation de la Chine à l’égard de ses voisins exigent que l’on confronte la Chine et soutienne sans ambiguïté nos alliés dans la région, or ces propos ne sont que des paroles en l’air.

Le 13 mars, Gina Raimondo a formulé : « Je conçois qu’un jour, il est possible qu’on voie des véhicules électriques [construits en Chine] sur les routes des États-Unis ». Bien qu’elle ait émis des réserves et précisé que ces véhicules devraient « faire l’objet de contrôles et de conditions très importants en ce qui concerne les logiciels et les capteurs », l’ouverture des États-Unis aux véhicules électriques chinois pénaliserait l’industrie automobile américaine et offrirait au PCC des possibilités de surveillance et de collecte de données, en particulier si la Chine contourne ces contrôles en assemblant au préalable les véhicules au Mexique ou au Canada.

Les groupes de réflexion soutiennent le « China engagement »

Les adhérents de l’engagement envers la Chine issus de divers groupes de réflexion se sont également exprimés récemment.

Le 22 février, des commentateurs du Quincy Institute et du Stimson Center ont affirmé que les États-Unis « jouent du mauvais côté dans le jeu de la compétition avec la Chine » et que Washington doit trouver des moyens d’éviter les confrontations dans le Pacifique occidental et « réduire les tensions et coopérer même en cas de profondes divergences sur des questions telles que les droits de l’homme et l’équilibre militaire ». Cela ressemble à une capitulation devant le PCC.

Entre-temps, Dan Murphy, directeur exécutif du Mossavar-Rahmani Center for Business and Government (Centre Mossavar-Rahmani pour les affaires et le gouvernement) à la Harvard Kennedy School, a affirmé le 1er mars que « de nombreux observateurs ont surestimé la puissance apparente [de la Chine] » et que, par conséquent, « les États-Unis risquent de mal répartir leurs ressources et leur attention, en les orientant vers une menace qui n’est pas aussi imminente qu’on pourrait le supposer ». Le fait que l’APL se rapproche de la parité militaire avec les États-Unis constitue apparemment une « surestimation » de la puissance croissante de la Chine. Peu importe le fait que la croissance militaire rapide de la Chine au cours des dernières décennies est tout simplement stupéfiante — en particulier en ce qui concerne la production d’avions et de missiles et la construction navale.

Enfin, Lyle Goldstein, professeur invité au Watson Institute for International and Public Affairs de l’université Brown (Institut Watson pour les affaires internationales et publiques de l’université Brown), utilise la menace d’une guerre avec la Chine comme principale raison de s’engager avec le PCC et de réduire les défenses américaines dans tous les domaines. Ce commentateur utilise la peur comme principal outil pour éviter une éventuelle confrontation nucléaire avec la Chine relative au sujet du sort de Taïwan.

La pièce de résistance de l’engagement chinois

Xi Jinping et le président Biden se sont retrouvés pour une nouvelle conversation téléphonique le 2 avril.

Selon la version américaine, les discussions ont porté sur « la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan », « l’État de droit et la liberté de navigation en mer de Chine méridionale », « l’engagement » de Washington à dénucléariser la Corée du Nord, « les préoccupations » liées au changement climatique, « le soutien de la Chine à la base industrielle de défense de la Russie » et « les politiques commerciales déloyales » de Pékin, d’après le New York Post.

La version chinoise publiée par Xinhua est radicalement différente et « [dépeint] Biden sur la défensive, affirmant qu’il a réitéré l’objectif des États-Unis de « ne pas changer le système chinois » et que Washington ne soutient pas « l’indépendance de Taïwan » mais suit plutôt « la politique d’une seule Chine ».

L’article du New York Post souligne que le président Biden n’a pas pris une seule mesure concrète contre la Chine alors que « la Chine provoque sans cesse Taïwan, envoie des produits chimiques précurseurs du fentanyl au Mexique (la drogue létale se retrouve ensuite en Amérique, ndlr), abandonne totalement les promesses de son traité concernant le retour de la liberté à Hong Kong, déploie des ballons espions au-dessus de l’Amérique, aide la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine, prétend que la mer de Chine méridionale est son territoire, [et] pompe toujours plus de carbone dans l’air en dépit des supplications de John Kerry. »

Et c’est ce que le retour de l’administration Biden au « China engagement » a engendré : une belligérance incontrôlée du PCC sans aucune réaction efficace des États-Unis.

Réflexions finales

Le cercle rapproché de Xi Jinping, qui comprend la « Nouvelle armée du Zhijiang » et la « Bande du Shaanxi », doit être au comble de la joie et du soulagement de voir les Américains revenir à des politiques d’engagement qui pourraient sauver la Chine communiste une fois de plus. Ces deux factions comprennent les communistes qui ont travaillé sous Xi dans la province du Zhejiang, au sud de Shanghai, et dans la province natale de Xi, le Shaanxi, dans le centre-nord de la Chine, et qui ont gravi avec lui les échelons de la hiérarchie du PCC lors de son ascension vers le sommet. Xi Jinping et ses amis doivent croire que si Deng Xiaoping peut faire quelque chose, il peut faire mieux en termes de tromperie des Américains et des Occidentaux pour sauver le PCC une fois de plus.

Ce fait semble se confirmer puisque Xi Jinping a organisé une réunion avec 20 personnalités du monde des affaires américain, dont Evan Greenberg de Chubb, Stephen Schwarzman de Blackstone et Cristiano Amon de Qualcomm, à Pékin le 27 mars. N’est-ce pas là, l’adage que « Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons » (voir ici) ?

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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