SOCIéTé CHINE

Violentes manifestations dans la plus grande usine d’iPhone en Chine, confinée depuis un mois

novembre 25, 2022 14:48, Last Updated: novembre 25, 2022 17:44
By

Selon des vidéos en ligne et des témoignages, des centaines de salariés ont affronté la police sur le plus grand site d’assemblage d’iPhone au monde, en Chine, sous confinement depuis quelques semaines.

« Défendons nos droits ! » scandaient mardi soir les employés de l’usine de Foxconn Technology Group, dans une vidéo qui a commencé à circuler sur les médias sociaux mercredi et qui est devenue virale.

On peut y voir des centaines de travailleurs bousculant et poussant les forces de l’ordre en combinaison blanche, tandis que d’autres crient : « Battons-nous ! » Dans une autre vidéo on aperçoit du gaz lacrymogène tandis que les ouvriers sont en train de démonter les barrières de confinement. Dans l’immédiat, les vidéos n’ont pas pu être vérifiées par Epoch Times.

Arrivée des forces de police (Capture d’écran NTD TV)

Selon quatre travailleurs employés depuis peu pour l’usine et témoignant pour Epoch Time, ces protestations ont éclaté mardi en fin de journée car les ouvriers devaient toucher une prime, mais celle-ci a été différée. Par ailleurs, les ouvriers craignaient d’être infectés. Finalement, des centaines de policiers vêtus de blanc, dont la police anti-émeute, ont envahi les lieux et frappé les manifestants à coups de matraque.

Un travailleur a raconté pour Epoch Times comment sept ou huit policiers avaient tabassé sous ses yeux un individu à coups de bâton, encore et encore jusqu’à ce que du sang coule de sa tête. « C’est si dangereux. En voyant cela, j’ai essayé de m’enfuir. »

Une dizaine de policiers en train de tabasser un manifestant à terre (Capture d’écran NTD TV)

Ces troubles exceptionnels survenus à Zhengzhou, la capitale du Henan, marquent l’escalade de la colère dans le parc industriel confiné depuis le mois d’octobre. Plus de 200.000 employés de l’usine d’assemblage d’iPhone sont coupés du monde extérieur, travaillant et vivant en circuit fermé. La ville prétend vouloir maitriser une reprise épidémique.

Depuis que Foxconn a annoncé le confinement du site le mois dernier, c’est par milliers que les travailleurs ont tenté d’escalader les clôtures pour s’enfuir. Ceux qui ont réussi à sortir du parc industriel ont déclaré qu’ils ne supportaient plus la rigueur des règles imposées, les conditions de vie déplorables, notamment le manque de nourriture et de soins médicaux.

Pour retenir son personnel et attirer davantage de travailleurs, Foxconn a dû promettre des primes et des augmentations. Les autorités locales sont également intervenues. Certaines ont fait appel à d’anciens soldats ou à des membres du Parti communiste chinois (PCC), selon les médias locaux.

Dans un entretien téléphonique avec Epoch Times, un ouvrier originaire de la ville de Shenzhen, dans le sud du pays a déclaré : « Nous avons été trompés. » L’’entreprise a finalement refusé de payer la prime promise et a retardé le paiement garanti par les contrats en ligne. « J’ai parcouru plus de 1500 km [pour ce travail] puis ils ont changé les termes du contrat. »

« Il ne me reste que 100 yuans [13 euros]. Où dois-je aller maintenant ? Si je retourne à Shenzhen, je serai probablement à nouveau placé en quarantaine. Je ne sais même pas si la quarantaine ne sera pas à mes frais. »

Les villes imposent souvent la quarantaine aux personnes venant d’une région éloignée. L’hébergement à l’hôtel et la nourriture sont aux frais du confiné.

Un autre ouvrier a confié avoir été contraint de partager des dortoirs avec des collègues testés positifs au Covid-19.

« Je ne peux pas travailler avec une personne infectée. J’ai peur d’attraper ce virus », a déclaré l’homme à Epoch Times mercredi. « Mais si je pars et que je retourne dans ma ville natale, je serai mis en quarantaine et [obligé de] payer pour le confinement forcé. »

Dans une déclaration publiée tôt mercredi matin, Foxconn a affirmé avoir respecté ses contrats de paiement. Selon la compagnie, les informations selon lesquelles le personnel infecté vivait au même endroit que les nouvelles recrues sont « fausses ».

« En ce qui concerne les violences, l’entreprise continuera à communiquer avec les employés et le gouvernement pour éviter que des incidents similaires ne se reproduisent », a ajouté l’entreprise.

La manifestation organisée mardi laisse percevoir la frustration croissante suscitée par les règles extrêmement strictes du régime en matière de Covid. La politique zéro Covid, qui repose sur des confinements soudains et obligatoires et une surveillance de masse, entraîne le ralentissement économique du pays et perturbe les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Selon les observateurs, il est peu probable que le Parti communiste chinois (PCC) revienne de sitôt sur le zéro Covid.

Selon le Dr Rory Truex, professeur adjoint de politique et d’affaires internationales, lors d’une audition organisée le 16 novembre : « Le zéro Covid est une stratégie utilisée par le PCC pour étendre son contrôle politique. »

Mercredi après-midi, la plupart des séquences diffusées sur Kuaishou, une application de vidéos courtes très populaire en Chine, avaient été retirées, selon Reuters.

Affiche de  Xi Jinping dans un centre de congrès devenu provisoirement site de quarantaine à Wuhan le 15 janvier 2021. (Nicolas Asfouri/AFP via Getty Images)

Les dernières restrictions et le mécontentement des travailleurs devraient entraver davantage la production d’Apple. Foxconn est le plus grand fabricant d’iPhone, à lui seul, il représente 70% des expéditions mondiales d’iPhone. Il fabrique la plupart des téléphones dans son usine de Zhengzhou, et possède également d’autres sites de production moins importants en Inde et dans le sud de la Chine.

Au début du mois, Apple a émis un avertissement qui a créé la surprise : « Les restrictions imposées par le Covid à Zhengzhou ont eu un impact ‘important’ sur la chaîne d’approvisionnement en iPhone, en particulier les modèles haut de gamme de l’iPhone 14, à l’approche de la période des fêtes de fin d’année. »

« Je ne veux plus travailler ici. Je veux rentrer chez moi », a déclaré par téléphone un ouvrier de 48 ans d’une ville voisine de Xinxiang. « Je n’ai jamais travaillé dans une usine d’électronique. On doit rester debout toute la journée. Je ne le supporte plus. »

Gu Xiaohua, Hong Ning et Reuters ont contribué à cet article.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER