Vladimir Poutine assure que la Russie est « prête » si l’Europe veut la « guerre »
Vladimir Poutine a averti mardi que la Russie était « prête » à la « guerre » si l’Europe engageait des hostilités contre elle, quelques heures avant une réunion très attendue à Moscou avec des émissaires américains venus discuter de l’Ukraine.

Le président russe Vladimir Poutine rencontre les membres des médias russes à l’issue d’une réunion du Conseil des chefs d’État de la Communauté des États indépendants (CEI) à Douchanbé, le 10 octobre 2025.
Photo: VLADIMIR SMIRNOV/POOL/AFP via Getty Images
Le président russe, qui a déclenché en février 2022 une offensive de grande ampleur contre son voisin ukrainien, ne cesse d’étaler son mépris pour l’Union européenne, alliée de Kiev, dont il conteste la légitimité à participer aux négociations en vue d’un plan de paix.
« Nous n’avons pas l’intention de faire la guerre à l’Europe, mais si l’Europe le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant », a lancé M. Poutine à des journalistes, en marge d’un forum économique à Moscou. Il a accusé les Européens de chercher à « empêcher » les efforts américains visant à mettre fin à la guerre en Ukraine. « Ils n’ont pas de programme de paix, ils sont du côté de la guerre », a-t-il ajouté.
Des propos qui contrastent nettement avec ceux du secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, lequel s’est dit convaincu, peu avant, que les efforts américains en Ukraine « finiront par rétablir la paix en Europe ». Ce conflit est, de loin, le plus meurtrier sur le continent depuis la Seconde Guerre mondiale.
Washington optimiste, Moscou inflexible
La veille, Washington s’est déclaré « très optimiste » quant à l’issue des discussions, en dépit de l’intransigeance persistante du dirigeant russe, qui devait recevoir au Kremlin, en fin d’après-midi, l’émissaire de Donald Trump, l’homme d’affaires Steve Witkoff, ainsi que le gendre du président américain, Jared Kushner. Une délégation de Kiev pourrait rencontrer mercredi, en Europe, les deux représentants américains, à l’issue de ces pourparlers, selon une source ukrainienne.
De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sous une forte pression politique et diplomatique, accuse Moscou d’instrumentaliser les discussions en cours pour tenter « d’affaiblir les sanctions » visant la Russie. En déplacement en Irlande, il a appelé à la fin de la guerre et non à « seulement une pause » dans les combats.
Les États-Unis ont annoncé fin octobre des sanctions contre deux géants russes des hydrocarbures, Rosneft et Lukoil, premières mesures d’ampleur prises par Donald Trump contre la Russie depuis son retour au pouvoir. Lundi, à Paris, Volodymyr Zelensky a reçu le soutien appuyé de son homologue français, Emmanuel Macron, qui a de nouveau assuré la mobilisation des Européens en faveur d’« une paix juste et durable ».
Saluant « l’effort de médiation » américain, M. Macron a toutefois estimé qu’« il n’y [avait] pas aujourd’hui à proprement parler un plan qui soit finalisé ». Les Européens espèrent que l’administration Trump, soupçonnée de complaisance à l’égard de Vladimir Poutine, ne sacrifiera pas l’Ukraine, perçue comme un rempart stratégique face à la Russie.
Négociations sous pression militaire
Selon une conversation téléphonique révélée fin novembre par l’agence Bloomberg, Steve Witkoff aurait conseillé Iouri Ouchakov, principal conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, sur la manière de présenter au président américain un projet de règlement du conflit en Ukraine. Le président ukrainien a, de son côté, assuré lundi qu’il s’attendait désormais « à une discussion avec le président des États-Unis sur des questions clés », après que le négociateur ukrainien Roustem Oumerov a fait état de « progrès significatifs » sur le projet de plan américain, tout en reconnaissant que des « ajustements » restaient nécessaires.
Ces échanges diplomatiques se déroulent alors que les forces russes ont enregistré en novembre leur plus importante avancée sur le front ukrainien depuis un an, selon une analyse de l’AFP fondée sur les données de l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), en partenariat avec le Critical Threats Project (CTP), deux think tanks américains spécialisés dans les conflits armés. En un mois, la Russie a conquis 701 km² supplémentaires, soit la deuxième progression la plus importante depuis le début de la guerre, après celle de novembre 2024 (725 km²), hors premiers mois de l’invasion au printemps 2022.
Moscou a par ailleurs revendiqué lundi la prise de la ville de Pokrovsk, dans l’est de l’Ukraine, un nœud logistique stratégique pour Kiev, ainsi que celle de Vovtchansk, dans le nord-est. Mais l’Ukraine a affirmé mardi que les combats se poursuivaient toujours à Pokrovsk. En novembre, la Russie a tiré plus de missiles et de drones lors de ses attaques nocturnes contre l’Ukraine que le mois précédent, soit un total de 5660 missiles et drones de longue portée, en hausse de 2%.
Crise politique à Kiev et plan américain contesté
Sur le plan intérieur, Volodymyr Zelensky est affaibli par un vaste scandale de corruption qui a entraîné la démission, vendredi, de son puissant chef de cabinet, Andriï Iermak. La semaine s’annonce « cruciale » pour l’Ukraine, a jugé la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas, alors que Kiev doit conjuguer pressions militaires, tensions politiques internes et incertitudes diplomatiques.
Les États-Unis ont présenté, il y a dix jours, un premier projet en 28 points très favorable à Moscou, élaboré sans consultation des alliés européens de Kiev et censé mettre un terme au conflit déclenché par l’offensive russe de février 2022. Washington a ensuite amendé ce texte avec les Ukrainiens et les Européens, avant de le retravailler en format bilatéral avec Kiev dimanche, en Floride.

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