Vous n’aimez pas une actualité ? Payez un pirate chinois pour qu’il la retire

9 septembre 2015 16:00 Mis à jour: 18 octobre 2015 16:18

Un nouveau modèle d’entreprise impliquant des fonctionnaires gouvernementaux, des policiers, des administrateurs de sites web, des pirates informatiques et des milliers d’intermédiaires a récemment été démantelé par les autorités chinoises. Plusieurs gangs criminels impliqués dans cet industrie ont été également été dissous.

Les clients – des fonctionnaires d’État, des cadres d’entreprises, des célébrités, etc. qui cherchaient à se débarrasser d’une publicité indésirable – approchaient des intermédiaires qui embauchaient des pirates informatiques. Ils pénétraient le réseau d’un site web d’information ou d’un forum Internet populaire et supprimaient des messages ou des articles sur demande.

Selon l’annonce du 7 septembre dernier de l’agence officielle Xinhua, une campagne de 6 mois dirigée par les autorités du régime chinois sur le cyberespace et destinée à mettre fin à une telle activité, a été conclue avec succès.

Les pirates étaient généralement contactés par des intermédiaires qui profitaient au passage largement de cette activité de censure privée. Dans certains cas, la suppression était effectuée avec l’aide de l’administrateur du site web, qui empochait aussi des honoraires pour avoir supprimé des messages à la demande du client.

Parmi les intermédiaires, il y avait des étudiants, des professeurs, des médecins, des éditeurs de sites, des responsables gouvernementaux et même des policiers. Les suspects ont révélé qu’ils gagnaient des dizaines de millions de yuans par an (plusieurs millions d’euros) et que des dizaines de milliers de personnes étaient impliquées dans cette activité.

Un rapport publié dans le Quotidien du Peuple, porte-parole du Parti communiste chinois (PCC), a annoncé que plus de 50 millions de yuans (environ 7 millions d’euros) avaient changé de mains ces dernières années, et que 2 000 personnes dans 22 provinces y ont été impliquées. Un des suspects, un homme de 26 ans surnommé Yu et n’ayant qu’un diplôme de lycée, conduisait une Mercedes et vivait dans une résidence de luxe avant d’être arrêté en mai dernier.

En quatre ans, Yu, dont le travail consistait à supprimer des messages indésirables, avait accumulé sur son compte 7,8 millions de yuans (environ 1,1 million d’euros) et jouissait d’une résidence de grand standing dans le canton de Qichun de la province du Hubei. Yu a aussi confié qu’il y avait des dizaines de milliers de personnes qui travaillaient dans cette industrie.

Selon Xinhua, la campagne des autorités chinoises contre ce système a entraîné la fermeture de près de 300 sites web et plus d’un million de comptes de médias sociaux ont été « contrôlés ». Les autorités ont aussi découvert plus de 9 millions de messages concernant l’extorsion de fonds en ligne et des suppressions payées. Plus de 130 sites web, y compris China Economic Net et China Youth Net ont été placés sous enquête par les responsables chinois du cyberespace.

Un autre article de Xinhua publié également le 7 septembre abordait en détails d’autres cas d’extorsion en ligne et du piratage rémunéré.

En février dernier, Chen Ruigang, directeur d’une chaînes consacrée à l’environnement dans le cadre de China Economic Net, a posté des reportages négatifs sur différentes entreprises, et leur a fait du chantage en échange de la suppression de ces articles. Des données incomplètes ont révélées que Chen Ruigang avait extorqué à dix entreprises près d’1 million d’euros sur une période de 3 ans, quand il travaillait à China Economic Net. Selon Xinhua, Chen Ruigang a aussi menacé ses victimes de republier les articles sur China Youth Net. Cinq personnes incluant Chen Ruigang ont été mises en détention.

Des suspects surnommés Zhao et Song ont été jugés par un tribunal de la province du Sichuan fin d’avril pour extorsion de fonds et fraude. Ils menaçaient leurs victimes en mettant en place un site web présenté comme une succursale de l’Agence anti-corruption du PCC. Des rapports écrits seraient soit disant soumis aux autorités du Parti, à moins que les victimes payent une certaine somme. Et ils l’ont bel et bien payé – plus de 300 000 euros ont été empoché par ce duo d’escrocs.

Jusqu’à sa découverte par les autorités de Shenzhen en mai dernier, le suspect Yan publiait sur son site des rapports négatifs qu’il avait rédigé sur différentes entreprises et sur des particuliers. En se cachant derrière ses contacts, il négociait avec les victimes qui cherchaient à supprimer ces rapports, en leur extorquant des dizaines ou des centaines d’euros. Xinhua a rapporté que Yan avait extorqué près de 2 000 euros en une « courte période de temps ».

Le mois suivant, un éditeur du service en ligne de Phoenix TV, un radiodiffuseur basé à Hong Kong, a été condamné à cinq ans de prison pour avoir abusé de sa position. Le suspect, surnommé Qiu, travaillait avec quelqu’un appelé Lu dans la province du Hunan pour poster des articles défavorables et empocher plus d’une centaine d’euros à chaque suppression. Selon un organisme juridique de Pékin, presque 20 000 euros ont été extorqués en 2012 et 2013.

À côté de la suppression de ces cellules de chantage et de diffamation, les forces de sécurité communiste du cyberespace chinois ont appliqué une censure draconienne sur des centaines de millions d’internautes de Chine.

Des termes politiquement et socialement sensibles sont régulièrement mis sur la liste noire des moteurs de recherche. Les articles et les messages contenant des commentaires indépendants sur ces sujets – par exemple les manifestations de 1989 sur la place Tiananmen, ou encore les questions sur les récentes explosions chimiques à Tianjin – sont généralement passés au crible et supprimés, s’ils s’écartent de l’explication officielle.

L’animosité du Parti communiste chinois envers la liberté d’expression est telle que de nombreux mots et expressions ne sont même pas reconnus, ils sont supprimés automatiquement dans la barre des moteurs de recherche. Cela inclus, par exemple le terme « Falun Gong », une pratique spirituelle réprimée, très populaire dans les années 1990 avant d’être considérée comme un ennemi politique du PCC. Ou encore le terme « Tuidang », un mouvement apparu il y a dix ans qui a permis à plus de 200 millions de Chinois de renoncer à leurs liens avec le communisme et le régime chinois.

Article original : Don’t Like a News Story? Pay a Chinese Hacker to Get It

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