Vous voulez obtenir un diplôme d’une université prestigieuse en Chine ? Alors, faites preuve de loyauté envers le Parti communiste

19 janvier 2018 22:15 Mis à jour: 20 janvier 2018 17:31

Dans l’une des universités les plus prestigieuses de Chine, rédiger une thèse de fin d’études ou une dissertation ne sera pas suffisant pour obtenir un diplôme avec brio.

Une circulaire de la direction de l’Université Tsinghua à Pékin – classée 30e parmi les universités du monde entier sur la liste de Times Higher Education – a récemment été divulguée en ligne.

Cette circulaire, datée du 4 janvier, a été adressée aux enseignants. Elle leur demandait d’accorder plus d’attention à « l’attitude politique et l’idéologie » des étudiants lors de l’évaluation de leurs travaux soumis pour l’obtention du diplôme, tels que des thèses et des rapports de recherche. Les enseignants devraient également « faire très attention à l’idéologie lors de leur enseignement », poursuit le document. La même chose s’applique aux étudiants qui sont en train d’obtenir leurs baccalauréats.

Selon Liu Yinquan, ancien professeur d’histoire à l’Université du Shandong et directeur de l’ONG China Alliance Against Political Persecution, la circulaire laissait entendre que les étudiants seraient évalués d’après leur attitude envers le Parti communiste chinois (PCC).

Liu Yinquan a expliqué que le régime chinois craint que la nouvelle génération de jeunes ne croie plus au « règne du communisme » et il intensifie ainsi le « lavage de cerveau politique ». Le but est de les transformer en intellectuels qui défendent le système communiste.

« Mais l’opinion publique est déjà en train de changer », a poursuivi Liu Yinquan. « Les gens ont appris la vérité sur le PCC à travers l’Internet et en communiquant avec ceux qui sont en dehors de la Chine. »

L’historique

Le concept « d’évaluation politique » remonte à la Révolution culturelle, une période de l’histoire chinoise qui a commencé en 1966 et s’est achevée à la mort de Mao Zedong en 1976. Pendant cette période, les Chinois étaient tenus d’afficher ouvertement leur ferveur et leur loyauté envers le Parti communiste, et de dénoncer ceux qui ne le faisaient pas. Les gens qui appartenaient aux « cinq catégories noires » désignées par Mao Zedong – les propriétaires fonciers, les riches fermiers, les contre-révolutionnaires, les mauvais éléments et les « droitiers » – étaient soumis à des violentes persécutions. Pendant ce temps, les cadres du Parti formaient l’élite de la société, bien qu’ils pouvaient aussi être soumis à des « séances de lutte » (séances de critique publiques) s’ils étaient dénoncés et accusés par le Parti. Ces séances étaient une forme d’humiliation publique et de torture utilisée par le PCC pour humilier, persécuter ou exécuter ceux dont la pensée était perçue comme contraire à l’idéologie du Parti.

Une affiche de propagande de l’époque de la Révolution culturelle exposée lors d’une exposition à Shanghai, le 8 octobre 2009. (Philippe Lopez / AFP / Getty Images)

Après le massacre de la place Tiananmen qui a mis fin aux manifestations étudiantes prodémocratie en 1989, les universités et les collèges chinois ont resserré leurs critères d’évaluation politique des étudiants. Ceux qui participaient dans le mouvement prodémocratie ont été punis : les étudiants d’autres provinces qui étudiaient à Pékin ont été renvoyés chez eux. Ceux qui avaient été affectés à travailler dans des entreprises prestigieuses après l’obtention du diplôme ont été privés d’une telle perspective.

Depuis lors, les étudiants ont été activement découragés à exprimer librement leurs opinions. En mai 2013, le professeur Zhang Xuezhong, de l’Université normale de la Chine de l’Est à Shanghai, a révélé dans un message en ligne que les autorités centrales avaient émis un avertissement mentionnant sept « sujets à ne pas aborder » : les valeurs universelles, la liberté de la presse, la société civile, les droits civils, les échecs historiques du PCC, les « activités bourgeoises » des hauts fonctionnaires du Parti et l’indépendance de la justice.

En janvier 2015, le ministre de l’Éducation Yuan Guiren a déclaré, lors d’une conférence nationale pour les universités et les collèges, qu’il y avait « trois choses interdites » à soulever dans la salle de cours : les avis qui ternissent le socialisme ; les avis qui violent la constitution et les lois du PCC ; et les expressions de mécontentement ou de griefs des enseignants.

Les étudiants lancent leurs coiffes lors d’une cérémonie de remise de diplômes à l’Université Tsinghua, le 18 juillet 2007. (China Photos / Getty Images)

En décembre 2016, le vice-ministre Shen Xiaoming a précisé les intentions du régime. Il a annoncé que la surveillance sur les campus de l’idéologie des étudiants est un travail de « première ligne » ; que les établissements éducatifs doivent parler de politique « tous les jours, toutes les semaines, sans arrêt » et que les enseignants et les étudiants doivent partager l’idée « du socialisme et du rôle dirigeant du PCC ».

Annie Wu

Cheng Xiaorong, Luo Ya et Li Xin’an ont contribué à cet article

Version anglaise

 

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