300 000 ans : l’Homo sapiens beaucoup plus ancien qu’on ne le pensait

9 juin 2017 12:56 Mis à jour: 9 juin 2017 12:56

Leipzig/Marrakech – Jusqu’à présent, on croyait que le plus ancien Homo sapiens avait vécu à Omo Kibish en Éthiopie et était âgé de 195 000 ans. Cependant, une équipe de recherche internationale sous direction allemande, vient de découvrir au Maroc des fragments d’os, vieux de 300 000 ans, permettant de mieux comprendre la formation et l’évolution de l’Homo sapiens.

À Jebel Irhoud, environ 100 kilomètres au nord-ouest de Marrakech, les chercheurs ont trouvé, en tout, 22 restes fossilisés d’os, de crânes, de mâchoires et des dents qui viennent d’au moins cinq personnes. Jean-Jacques Hublin, de l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste, à Leipzig et ses collègues les ont examiné méticuleusement, surtout les fragments de crâne, avec de nouvelles techniques de pointe telles que la tomographie assistée par ordinateur moderne et l’analyse statistique (Travaux publiés dans la revue Nature). Un fossile de crâne en 3D a ainsi été reconstitué.

« Nous avons pensé depuis longtemps, que le berceau de l’humanité se trouvait quelque part en Afrique orientale et datait d’environ 200 000 années. » explique Hublin. « Nos données montrent cependant que l’Homo sapiens peuplait une grande partie du continent africain, il y a déjà plus de 300 000 années. »

Sous la lumière de ces nouvelles connaissances, d’anciens fossiles controversés sont à nouveau étudiés : finalement, les chercheurs ont aussi attribué à l’Homo sapiens un fragment de crâne découvert à Florisbad en Afrique du Sud, vieux d’environ 260 000 ans.

En comparant avec d’autres crânes, on remarque que la face de l’Homo sapiens de Jebel Irhoud est déjà pleinement développée. « Si vous croisiez une personne avec ce visage dans le métro, vous ne vous retourneriez même pas, plaisante Jean-Jacques Hublin. » En revanche, l’occiput est beaucoup plus long et ressemble d’avantage à celui des représentants plus anciens du genre Homo. « Cela signifie que la forme des os du visage était déjà élaborée, tout au début de l’évolution de notre espèce », conclut le co-auteur Philipp Gunz. En revanche, la forme du cerveau, et peut-être aussi sa fonction, a changé lors du développement ultérieur.

Au cours des fouilles, les chercheurs ont également trouvé des os d’animaux, beaucoup de gazelles, et des outils qui ont aidé à la datation des trouvailles. « À Jebel Irhoud, par chance, beaucoup d’outils en pierre ont été brûlés », explique Daniel Richter, un collègue de Hublin, auteur principal d’une étude sur la datation publiée dans la même revue Nature. « Ainsi nous avons pu appliquer la thermoluminescence, et localiser précisément les couches. » Cette technique, très efficace pour des âges supérieurs à 100 000 ans, consiste à mesurer les électrons piégés dans les structures cristallines de minéraux quand ils ont été chauffés. Ainsi un silex pourra donner la date à laquelle il a été brûlé.

Outils de pierre du milieu de l’âge de pierre, qui ont été trouvés à Jebel Irhoud (Maroc) par une équipe internationale de chercheurs. (Mohammed Kamal / Institut Max Planck pour l’anthropologie évolutionnaire)

Dans la revue Nature, Witham du Natural History Museum à Londres écrit : « Nous sommes d’accord avec Hublin et ses collègues que les fossiles de Jebel Irhoud représentent maintenant la preuve, la mieux datée, d’une première phase « pré moderne » dans l’évolution de l’Homo sapiens. Cependant, il y a trop peu de fossiles pour prouver que les humains modernes occupaient en fait toute l’Afrique, il y a plus de 250 000 ans. »

Ralf Schmitz de l’Université de Bonn, qui n’a pas participé à l’enquête, qualifie la découverte de sensationnelle. Il n’a aucun doute sur la datation de Hublin par ses collègues car leur procédure est très méticuleuse.

Faysal Bibi du Musée d’histoire naturelle de Berlin, affirme que cette étude comble une lacune dans l’histoire de l’humanité.

La découverte montre également qu’à l’époque de l’Homo sapiens, il existait des espèces humaines autres que celles précédemment connues. En plus de l’homme de Neandertal et de l’Homo-Denisova en Sibérie il faut rajouter l’Homo Naledi en Afrique. Il y a un mois, les chercheurs ont découvert en Afrique du Sud des fossiles de cette espèce humaine, âgés d’environ 250 000 à 300 000 ans.

Version allemande : 300.000 Jahre: Der heutige Mensch ist wesentlich älter als angenommen

 

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