65% des adolescents sont la cible de tentatives de « sextorsion » selon une étude

Par Naveen Athrappully
27 juin 2023 15:17 Mis à jour: 27 juin 2023 15:17

Selon une étude récente, près de deux tiers des adolescents du monde entier sont la cible de « sextorsions » menées par des criminels qui cherchent à contraindre leurs victimes à des activités sexuelles ou à leur soutirer de l’argent.

Soixante-cinq pour cent des adolescents et des jeunes adultes de la génération Z ont été la cible d’escroqueries de type « catfishing » sur des plateformes de médias sociaux populaires ou ont vu leurs données personnelles piratées par des criminels, selon un rapport du 21 juin établi par la société mère de Snapchat, Snap Inc. et publié par l’WeProtect Global Alliance.

« Dans les deux cas, les photos et vidéos ainsi obtenues sont ensuite utilisées pour menacer ou faire chanter les jeunes, les agresseurs demandant de l’argent, des cartes-cadeaux, d’autres images sexuelles ou d’autres informations personnelles en échange d’une supposée non-divulgation du contenu à la famille et aux amis de l’adolescent », précise le rapport.

Le Catfishing est une technique qui consiste à se faire passer pour quelqu’un d’autre et à trouver des victimes à exploiter en ligne.

Selon le FBI, la sextorsion commence lorsqu’un prédateur prend contact avec un jeune en ligne en utilisant des sites de jeux, des applications de rencontres ou des comptes de médias sociaux.

Le prédateur se comporte alors comme une personne de la tranche d’âge du mineur qui souhaite entamer une relation ou qui offre quelque chose de valeur. L’adulte peut utiliser des incitations telles que des cadeaux ou de l’argent et d’autres méthodes pour amener le jeune à envoyer des images ou des vidéos sexuellement explicites.

Le prédateur demande alors d’autres contenus de ce type. Lorsque l’enfant refuse, le criminel peut menacer de publier en ligne les contenus en sa possession ou l’avertir des autres préjudices qu’il peut lui infliger, faisant ainsi pression sur les victimes pour qu’elles envoient davantage d’images et de vidéos explicites.

L’étude de Snap Inc. a porté sur plus de 6000 personnes interrogées dans six pays, dont les États-Unis. Soixante et onze pour cent des personnes interrogées qui se sont fait piéger par une manœuvre de catfishing ont été invitées à partager des images intimes ou des informations personnelles. Si 31% d’entre eux ont partagé des images intimes, 30% ont révélé des informations personnelles.

Vingt-cinq pour cent des victimes ont également fourni des informations d’ordre privé, c’est-à-dire des détails sur leur famille et leurs amis.

« Il se peut que les escrocs ne cherchent pas uniquement à obtenir un retour financier (ou autre) immédiat de la part de leur cible. Leur objectif peut plutôt être d’élargir leur filet pour piéger davantage de personnes ou tenter d’en attirer d’autres pour des relations sexuelles ou d’autres interactions », a indiqué le rapport.

Logo du Building J. Edgar Hoover à Washington le 28 mars 2023. (Madalina Vasiliu/Epoch Times)

Dans un message d’intérêt public diffusé le 6 juin, le FBI a lancé un avertissement concernant l’utilisation par des criminels de photos et de vidéos sur les réseaux sociaux, y compris celles de mineurs, et leur modification en vue de leur donner un contenu sexuel.

« Les photos ou vidéos sont ensuite diffusées publiquement sur les médias sociaux ou des sites web pornographiques, en vue de harceler les victimes ou de pratiquer la sextorsion », a déclaré l’agence, tout en invitant les gens à « faire preuve de prudence » lorsqu’ils publient des photos et des vidéos d’eux-mêmes en ligne.

Selon le FBI, les individus qui se livrent à des sextorsions sur des jeunes « ont appris à atteindre et à cibler les enfants et les adolescents ».

« L’une des personnes que le FBI a emprisonnées pour ce crime est un homme d’une quarantaine d’années qui travaillait comme pasteur auprès des jeunes afin d’apprendre comment les adolescents parlaient entre eux », a déclaré l’agence.

« Ensuite, il a créé des profils de médias sociaux où il s’est fait passer pour une adolescente. Cette ‘fille’ commençait à parler aux garçons en ligne et les encourageait à tourner des vidéos ».

Chercher de l’aide

Selon le rapport de WeProtect, 56% des victimes de catfishing ou de piratage sont des hommes.

« Les jeunes hommes qui sont victimes d’une sextorsion – et la majorité d’entre eux sont des garçons – nous disent régulièrement qu’ils se sentent soulagés lorsqu’ils parlent de la situation à leurs parents », a déclaré Arda Gerkens, présidente de la ligne d’assistance néerlandaise Offlimits, spécialisée dans la lutte contre la maltraitance des enfants.

« Nous leur conseillons de contacter les lignes téléphoniques d’urgence et d’assistance, d’informer les plateformes et d’en parler à leurs parents, à un ami ou à un adulte en qui ils ont confiance. Ils ne doivent pas affronter cette épreuve seuls ».

L’étude révèle que 56% des personnes interrogées ont déclaré qu’elles-mêmes ou leurs amis victimes ont cherché de l’aide après avoir été menacées en s’adressant à leurs amis, à leurs parents ou à des adultes en qui elles ont confiance. Cinquante et un pour cent ont signalé l’incident à la plateforme, aux forces de l’ordre ou à un service d’assistance téléphonique.

Par ailleurs, le FBI conseille aux parents de surveiller les activités en ligne de leurs enfants et d’effectuer des recherches fréquentes en ligne pour connaître la quantité d’informations sur leurs enfants qui sont accessibles au public.

« Pensez à utiliser des moteurs de recherche d’images inversées pour localiser des photos ou des vidéos qui ont circulé sur Internet à votre insu », a déclaré l’agence.

Sextorsion de mineurs

Selon un communiqué de presse du FBI de décembre 2022, les forces de l’ordre ont reçu plus de 7000 signalements de sextorsion financière en ligne sur des mineurs au cours de l’année écoulée. Cette pratique a fait au moins 3000 victimes, pour la plupart des garçons, et plus d’une douzaine de suicides.

Il s’est avéré qu’un grand nombre de ces manœuvres proviennent de pays autres que les États-Unis, principalement de pays d’Afrique de l’Ouest comme la Côte d’Ivoire et le Nigeria.

Les données du Centre national pour les enfants disparus et exploités [NCMEC : National Center for Missing & Exploited Children] montrent que sa CyberTipline a reçu plus de 262.000 signalements d’incitation en ligne, y compris de sextorsion, depuis 2016. Entre 2019 et 2021, le nombre de signalements de sextorsion a plus que doublé.

Dans l’analyse précédente du NCMEC, la motivation dominante des délinquants serait l’obtention d’images plus explicites d’enfants. Toutefois, les rapports du début de l’année 2022 ont montré que 79% des délinquants cherchaient désormais à obtenir de l’argent.

Lors d’une conférence de presse tenue le 3 mai, Jennifer Buta, la mère d’un jeune homme de 17 ans du Michigan qui s’est suicidé après avoir été victime d’une tentative de sextorsion, a demandé aux parents d’avoir des « conversations fermes » avec leurs enfants sur les dangers que représentent de telles escroqueries.

« Les enfants, les adolescents, les jeunes adultes et même les adultes peuvent être la cible de sextorsion. Nous vous conseillons vivement d’en discuter et de prévoir une solution pour que vos enfants puissent vous contacter si cela leur arrive », a-t-elle ajouté.

Les personnes vivant aux États-Unis et nourrissant des pensées suicidaires peuvent appeler la National Suicide Prevention Lifeline au 800-273-8255 pour obtenir un soutien gratuit et confidentiel. Pour une assistance en espagnol, contactez le 888-628-9454. La Crisis Text Line permet d’obtenir l’aide d’un conseiller formé à la gestion des crises par un simple texto. Le National Health Service du Royaume-Uni propose également une liste de ressources sur son site web.

En France, si vous êtes en détresse et/ou avez des pensées suicidaires, si vous voulez aider une personne en souffrance, vous pouvez contacter le numéro national de prévention au suicide, le 3114.

Une application créée par Befrienders Worldwide aide les personnes en détresse à entrer en contact avec un centre de soutien psychologique proche d’elles.

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