A Hong Kong, un vieux sport indien rapproche les communautés

Par Epoch Times avec AFP
18 août 2022 13:38 Mis à jour: 18 août 2022 13:39

Au pied de hautes tours d’habitation de Hong Kong, un sport traditionnel indien érige des ponts entre des communautés qui se croisent sans se côtoyer dans cette ville pourtant réputée pour son cosmopolitisme.

La ligue professionnelle de kabaddi rencontre un immense succès populaire en Inde et en Asie du sud. Mais ce sport très physique, qui consiste à toucher l’équipe adverse, reste confidentiel dans le reste du monde.

Il y a huit ans, deux anthropologues chinois ont monté une équipe à Hong Kong pour favoriser l’intégration dans une ville très peu inclusive, particulièrement pour ses habitants non-Chinois et non-occidentaux.

« C’est comme si nous vivions dans des mondes parallèles »

« Nous entendons souvent que Hong Kong est une +ville mondiale+ en Asie, mais nous n’avons pas beaucoup d’occasions d’échanger avec des gens de cultures différentes », explique à l’AFP Wyman Tang, un des deux anthropologues.

« Nous vivons dans le même quartier, mais c’est comme si nous vivions dans des mondes parallèles ».

A son commencement, le projet Kabaddi United Hong Kong (KUHK) était un atelier ponctuel dans une université. Il touche désormais plus de 8.000 participants à travers près de 80 écoles et organisations sociales.

Quelle surprise pour Royal Sunar, aujourd’hui entraîneur de KUHK, de voir le jeu de son enfance enseigné à Hong Kong!

« Les Chinois, ici, aiment aussi ce sport ».

« Le kabaddi était un de mes centres d’intérêt », explique ce Népalais né à Hong Kong. « D’une certaine manière, les Chinois, ici, aiment aussi ce sport ».

Le kabaddi serait né il y a 5.000 ans en Inde, avec des racines dans la mythologie, et des jeux similaires sont ensuite apparus dans d’autres pays d’Asie, notamment en Iran, qui dit aussi en être le berceau.

Surplombé par les gratte-ciel de la périphérie de Hong Kong, un groupe d’étudiants pratique des tacles corporels  lors d’un entraînement hebdomadaire, l’ancien jeu indien de kabaddi. Photo de PETER PARKS/AFP via Getty Images.

Pour gagner des points, une équipe envoie un « raider » dans le camp opposé, chargé de toucher rapidement un adversaire et de revenir dans sa base.

La défense doit empêcher le raider de rentrer dans son camp, provoquant souvent de grosses mêlées.

Rojit Sharma, un migrant népalais, a rejoint la KUHK en 2019.

Lien émotionnel dans le kabaddi

Cette activité lui a permis de se faire des amis chinois pour la première fois et de pratiquer son cantonais.

Il y a « un lien émotionnel dans le kabaddi, parce que nous nous tenons la main et, alors, nous en savons plus sur les autres », assure-t-il.

Ce jeune homme de 22 ans regrette qu’en dehors du kabaddi, les minorités ethniques aient à se battre pour être reconnues comme « locales ». Il a lui-même enduré la discrimination.

« En arrivant à Hong Kong, lorsque je voyageais en bus ou dans les transports publics, quand je m’asseyais, la personne à côté de moi partait », raconte-t-il à l’AFP.

Les associations assurent que ce genre d’expérience est la norme.

Des participants jouent au kabaddi, un sport de lutte populaire, à Hong Kong. Photo de PETER PARKS/AFP via Getty Images.

« Il y a des problèmes importants liés à la race à Hong Kong », souligne Shalini Mahtani, présidente de la Zubin Foundation.

Les discriminations sont quotidiennes pour les Asiatiques du Sud à Hong Kong, assure-t-elle, donnant des exemples de personnes ne pouvant louer un appartement ou s’entendant dire en entretien d’embauche que leur peau est trop sombre.

« Ils ne sont pas de la bonne couleur dans un endroit qui est très sensible aux couleurs », ajoute-t-elle.

Attirée par l’« esprit d’équipe »

Mme Mahtani pointe notamment du doigt le système éducatif.

« La vérité, c’est que beaucoup de Chinois de Hong Kong n’ont jamais eu l’occasion d’avoir des contacts avec les minorités ethniques », explique-t-elle.

Ce fut le cas pour Christy Tai, étudiante, qui a rejoint l’équipe de kabaddi après un essai concluant, attirée par l’« esprit d’équipe ».

Elle estime que le sport est un bon moyen pour dépasser la barrière de la langue.

« Nous devons parler à chaque membre de l’équipe (…) quand nous parlons, nous ne pouvons pas nous contenter de parler du sport, nous parlons de nos vies, de nos habitudes et d’autres choses », explique-t-elle.

Hong Kong est encore très loin d’une ligue professionnelle de kabaddi, mais le fondateur de KUHK M. Tang est ravi de la façon dont les Hongkongais se sont pris au jeu.

« Tant que vous suivez les mêmes règles, vous pouvez profiter du jeu », a déclaré M. Tang.

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