A Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, les déplacés ont remplacé les touristes

Par Epoch Times avec AFP
27 avril 2022 14:52 Mis à jour: 27 avril 2022 14:53

De grandes ailes aux couleurs bleu et jaune de l’Ukraine déployées derrière elle, Marina file sur son scooter, souriante mais sans grand espoir de trouver en ces temps de guerre des amateurs des tatouages au henné qu’elle pratique.

« Il n’y a eu aucun client pour des tatouages cette année. Et je ne sais pas s’il y en aura cet été, à cause de la guerre », reconnaît la jeune femme. « C’est insupportable. Mon âme souffre pour mon pays et mon peuple », ajoute-t-elle, sans vouloir révéler son âge ou son nom de famille.

Vidée de ses visiteurs étrangers

Lviv, grande ville de l’Ouest ukrainien qui comptait environ 700.000 habitants avant la guerre, avait accueilli 1,5 million de touristes en 2021. Mais avec l’invasion du pays par la Russie lancée le 24 février, la cité, pourtant épargnée par les combats, s’est vidée de ses visiteurs étrangers.

Des Ukrainiens déplacés font la queue pour s’enregistrer auprès des autorités de la ville occidentale de Lviv le 11 avril 2022. Photo de Yuriy DYACHYSHYN/AFP via Getty Images.

La plupart de ses joyaux architecturaux ont été fortifiés pour les protéger des bombardements russes, et beaucoup de statues, recouvertes de tissu ou d’un caisson protecteur, ne sont plus visibles.

Aujourd’hui, les clients des magasins de souvenirs ne sont que les Ukrainiens ayant fui leurs foyers, les bénévoles et journalistes étrangers.

« Juste des réfugiés »

Près de la place centrale de Lviv, Tarass Gordienko attend patiemment, sous un ciel gris chargé, des clients pour une visite de la ville dans sa voiture de golf.

« Ces jours-ci, il n’y a pas de business. Nous n’avons aucun touriste, juste des réfugiés », dit-il.

Des volontaires travaillent dans un entrepôt à la périphérie de la ville de Lviv, dans l’ouest du pays, le 15 avril 2022.  Photo de Yuriy DYACHYSHYN/AFP via Getty Images.

Tarass raconte avoir guidé à travers la ville une mère et son fils, rescapés de la ville assiégée de Marioupol, qui lui ont dit comme ils avaient plaisir à se trouver en extérieur après des mois passés dans des caves.

« C’est très difficile d’entendre ça, de le ressentir », explique-t-il.

Des milliers de victimes

La guerre a déjà fait des milliers de victimes, ravagé des pans entiers du pays et poussé des millions de personnes à tout abandonner pour fuir.

La plupart de ces déplacés, essentiellement des femmes et des enfants, se sont installés à Lviv ou sont passés par la ville, en route vers la Pologne ou d’autres pays de l’Union européenne.

Ivanna Kuziv, une comptable à la retraite, cueille des jonquilles dans son jardin de la ville de Vynnyky, dans l’ouest de l’Ukraine, le 15 avril 2022, pour les vendre au marché de la ville voisine de Lviv. Photo de Yuriy DYACHYSHYN/AFP via Getty Images.

Sur un petit marché de souvenirs à proximité, des stands proposent toutes sortes de cadeaux, des écharpes à fleurs et des bracelets patriotiques, voire même du papier toilette imprimé à l’effigie du président russe Vladimir Poutine.

Sonia, 13 ans, est venue acheter un grand drapeau bleu et jaune garni de pompons.

« J’achète un drapeau ukrainien car c’est ma nation et je la soutiens », affirme l’adolescente originaire de Kiev, avant d’ajouter: « Je sais que ça n’aidera pas vraiment… »

Des employés d’un restaurant local en collaboration avec l’organisation World Central Kitchen préparent des sandwichs pour les réfugiés et les Forces de défense territoriales ukrainiennes dans la ville de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, le 1er avril 2022. Photo de Yuriy DYACHYSHYN/AFP via Getty Images.

Comme son frère, elle veut l’accrocher dans sa nouvelle chambre. Leur tante est avec eux,  qui a fui la ville de Kharkiv dans l’est, bombardée quasi quotidiennement par les forces russes.

A la recherche d’un drapeau

Anna, médecin de 36 ans originaire de Soumy, dans l’est, est aussi à la recherche d’un drapeau.

Avec ses deux enfants âgés de six et dix ans, elle veut l’offrir en cadeau à la femme qui s’est proposée pour les accueillir en Angleterre.

Une évacuée ukrainienne allongée sur un canapé, vérifie son téléphone dans un gymnase universitaire à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, le 7 avril 2022. Photo de Yuriy DYACHYSHYN/AFP via Getty Images.

« Nous sommes inquiets. C’est une vie complétement nouvelle qui nous attend: une nouvelle école pour les enfants et un nouveau travail pour moi », souffle-t-elle, ajoutant: « et je vais devoir bien apprendre la langue ».

« Donner de l’énergie positive aux gens »

Sur une terrasse vide près de la place centrale, Vladislav, 20 ans, fait une pause dans son nouveau travail, après avoir fui la région orientale de Poltava.

« Je suis dans un costume de lion car je n’ai pas réussi à trouver un autre travail », explique cet ancien livreur, la tête du costume reposant à ses côtés.

« Mais ça me plaît. Je donne de l’énergie positive aux gens », lance le jeune homme. La plupart des enfants qu’il divertit pour une somme modique sont aussi des déplacés d’autres régions d’Ukraine.

De retour en costume dans la rue, il s’accroupit pour discuter avec un petit garçon timide en promenade avec sa mère.

La mère prend bientôt une photo de son enfant souriant, avec son nouvel ami faisant semblant de lui mordre la tête.

***
Chers lecteurs,
Abonnez-vous à nos newsletters pour recevoir notre sélection d’articles sur l’actualité.
https://www.epochtimes.fr/newsletter

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.